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Plus de 400 ajouts chaque année au dictionnaire Usito

Saisir l’évolution de notre société dans nos (nouveaux) mots

Parmi les ajouts du dictionnaire Usito, on compte notamment des néologismes créés pour désigner de nouvelles réalités, comme fauxmage. 
Parmi les ajouts du dictionnaire Usito, on compte notamment des néologismes créés pour désigner de nouvelles réalités, comme fauxmage
Photo : Michel Caron - UdeS

Métavers, psilocybine en microdose, réduflation, fauxmage, rénoviction, pickleball… autant de réalités nouvelles reflétant l’évolution de notre société, de même que celle du vocabulaire que l’on emploie. Résultat d’une veille linguistique des médias électroniques et des bases de données textuelles, plus de 400 nouveaux mots, sens et citations enrichissent chaque année le contenu d’Usito, le dictionnaire numérique lancé gratuitement par l’Université de Sherbrooke en 2019.

Seul dictionnaire général du français standard en usage au Québec, Usito se révèle un véritable témoin des changements de notre société et de notre langue. Sa description du monde, à laquelle la population québécoise de même que les autres francophones d'Amérique du Nord peuvent s'identifier, est continuellement mise à jour selon l’actualité, le développement technologique, la politique, l’environnement, l’alimentation et la médecine, notamment.

Un dictionnaire multimillionnaire consulté dans le monde
Usito a été visité par plus de 10 millions d’usagers individuels depuis que son accès est devenu gratuit en octobre 2019 avec la participation financière du gouvernement du Québec. Actuellement, il est consulté chaque année par 4 millions d’usagers individuels, au Québec et dans une vingtaine de pays – dont la France, la Belgique, le Maroc, la Suisse, l’Algérie, la Tunisie, le Congo et la Côte d’Ivoire.

Les changements que nous observons dans notre société ont un impact direct sur les mots que l’on retrouve dans le dictionnaire.

Nadine Vincent,  professeure et lexicographe, Département de communication, Faculté des lettres et sciences humaines

Cette dernière précise que les dictionnaires ne créent bien sûr pas les mots qu’ils nous proposent. Les mots et les sens nouveaux que nous enregistrons sont ceux qui sont bien ancrés dans l'usage. Les lexicographes jouent à cet effet un rôle essentiel dans la recension de ces nouveautés, comme l’explique Serge D’Amico, lexicographe principal d’Usito :

Véritables machines à lire et à écouter, les lexicographes observent l’apparition de nouveaux mots, sens, expressions en consultant des sites Web, des livres récents, la presse, la télévision, le cinéma, la publicité, les menus de restaurants, l’affichage commercial, etc., ou encore en écoutant la radio, des balados, des chansons, et même des conversations.

Serge D'Amico, lexicographe

La professeure et lexicographe Nadine Vincent, du Département de communication de la Faculté des lettres et sciences humaines
La professeure et lexicographe Nadine Vincent, du Département de communication de la Faculté des lettres et sciences humaines
Photo : Michel Caron - UdeS

Quelles sont les dernières nouveautés d'Usito?

Il s’agit notamment de nouveaux mots (néologismes) créés pour désigner de nouvelles réalités : microdose, réduflation, repreneuriat, pickleball, fauxmage, locavore, continent de plastique, neurodiversité, millénarial, présentiel, distanciel, bientraitance, métavers, écopâturage, biodynamie, mésinformation, écoblanchiment, empreinte de carbone, humidex, capsule temporelle, etc.

Photo : Extrait d'un article d'Usito

Notons également des termes spécialisés qui passent dans la langue courante ou qui servent à mieux comprendre des mots courants, comme ressenti, en météorologie; psilocybine, le composé hallucinogène présent dans les champignons magiques; syncytial, syncytiale, qui permet notamment d’intégrer la sous-entrée virus respiratoire syncytial, une infection qui a touché un grand nombre de nourrissons l'année dernière; sans oublier les heureux souvenirs laissés par la distanciation sociale.

Photo : Extrait d'un article d'Usito

Il peut aussi s’agir d’emprunts à différentes langues dont nous avons adopté des réalités, par exemple gastronomiques : pour la cuisine indienne, les mots chaï, ghee et naan; pour la cuisine grecque et moyen-orientale, les mots kefta, spanakopita et tahini; pour la cuisine asiatique, les mots kimchi, matcha, nigiri, et wasabi; ainsi que le poke, d’origine hawaïenne.

Photo : Extrait d'un article d'Usito

Le dictionnaire Usito atteste bien sûr les mots qui sont caractéristiques du français d’ici, qu’ils aient une résonance historique (seigneuresse, fléché), une utilité géographique (montérégienne) ou qu’ils permettent de mieux comprendre notre société (anglotrope, francotrope, langue commune, interculturalisme, rénoviction).

Comme Usito reflète la norme du français au Québec, certains anglicismes récents (cancel culture, gamification, etc.) y sont critiqués. Les équivalents y sont présentés et définis, et souvent illustrés par des citations, comme dans les articles suivants : culture du bannissement, culture de l’annulation, culture de l’effacement; ludification). 

Quand un emploi standard pour remplacer certains anglicismes a été proposé en France ou au Québec, une remarque le signale et précise aussi si la recommandation a connu ou non du succès et s’est implantée (binge-watching, cold-case, greenwashing, slow food, wrap).

Un outil de référence vivant, qui nous ressemble

En somme, la diffusion en ligne permet à Usito de demeurer un ouvrage de référence vivant, qui communique sans délai le fruit de ses mises à jour régulières et de ses enrichissements, tout en accordant une large place à la culture littéraire et à l’imaginaire culturel de la collectivité québécoise.

Francophone depuis ses origines, profondément nord-américain par son histoire, original par l’association de ces deux composantes et par la culture qui en émane, le Québec apporte ainsi, par l’entremise de ce dictionnaire développé à l’Université de Sherbrooke, sa propre contribution à la description de la langue française qu’il partage avec le reste de la francophonie.

Quelques mots sur le CRIFUQ
La professeure Nadine Vincent est membre du Centre de recherche interuniversitaire sur le français en usage au Québec (CRIFUQ), qui regroupe des chercheuses et chercheurs répartis entre six universités québécoises. Les travaux de recherche du CRIFUQ, qui contribuent à enrichir Usito, convergent vers un objectif commun : celui de faire avancer les connaissances du français en usage au Québec. Le professeur Wim Remysen, du Département des arts, langues et littératures de la Faculté des lettres et sciences humaines, est le directeur du CRIFUQ.


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