7e Compétition étudiante de drones 2015
Sherbrooke, championne canadienne pour une 7e année consécutive
Si vous étiez directeur général d’une municipalité où un train a déversé une quantité importante de pétrole suite à un déraillement, à qui feriez-vous affaire pour cartographier la zone à faible coût? Nul doute que vous confieriez la tâche à une entreprise reconnue ayant une flotte de drones ou encore à VAMUdeS, un club étudiant de la Faculté de génie. Si le Véhicule aérien miniature de l’Université de Sherbrooke (VAMUdeS) parvient année après année à rendre jaloux les plus grands experts des engins volants télécommandés, c’est que ces futurs ingénieurs conçoivent les systèmes qu’ils fabriquent! 2015 n’y échappe pas. Malgré de grandes embûches, la délégation sherbrookoise a démontré tout son savoir-faire lors de la 7e édition de la Compétition étudiante de drones 2015 de Systèmes télécommandés Canada qui se déroulait du 1er au 3 mai dernier au Centre d’excellence sur les drones de l’Aéroport d’Alma en récoltant un 7e championnat canadien consécutif.
« Parmi les 13 équipes participantes à cet évènement, notre prototype a été l’un des seuls à prendre des images de toute la zone sinistrée », souligne fièrement Jonathan Dupuis, étudiant en génie mécanique et membre de VAMUdeS. Mais comment se fait-il que ce club étudiant domine autant cette compétition depuis ces débuts? « Nous sommes de fidèles adeptes de la loi de Murphy, et en conséquence, les plans de rechange sont innombrables lorsque survient un problème », ajoute le futur ingénieur. À cet égard, leurs équipements doivent être à l’épreuve des accidents les plus improbables mais également des manœuvres les plus stupides de la part de l’utilisateur. Ainsi, les membres de VAMUdeS transportent toujours un double de chaque pièce de l'avion en tout temps juste au cas.
L’objectif de la compétition 2015 consistait à relever en deux vols, les défis commerciaux couramment rencontrés par les industries pétrolières, agricoles et minières, et pouvant être exécutés par des appareils télépilotés à voilures fixes et tournantes. Les équipes embauchées par une ville devaient évaluer les dommages causés aux champs environnantset aux infrastructures à proximité, déterminer l'ampleur des efforts de nettoyage nécessaires et enregistrer des preuves à des fins d'assurances. Diverses structures installées dans la zone ont servi au scénario de simulation d’incident. De plus, les étudiants ont soumis aux juges un rapport écrit décrivant leurs résultats.
Résoudre des problèmes inattendus
Lors de la première journée de vol de pratique, VAMUdeS n’a pas déployé son engin volant puisqu’un problème technique leur empêchait de recevoir des images en temps réel. Ils ont été en fait la seule équipe à ne pas voler cette journée-là! Lors de la simulation de compétition le lendemain, la communication RC dont le pilote de sécurité dépendait ne fonctionnait pas plus. Le RC est en fait un système permettant de reprendre le contrôle manuellement par le pilote de sécurité s’il y a des problèmes avec le mode autonome.
L’équipe d’étudiants en génie électrique et en génie informatique a surmonté cette difficulté de transmission de photos en réutilisant un de leurs vieux systèmes qu’ils avaient amenés juste au cas. « Quant au problème de RC, nous n'avons pas pu l'identifier avant le premier vol, et nous avons donc dû composer avec cette incertitude », fait valoir Jonathan Dupuis.
Le décollage et l'atterrissage du premier vol comportaient donc de grands risques. Le prototype a décollé avec de grandes difficultés. Pour remédier au problème, les étudiants ont donné comme instruction que l'avion soit en mode autonome pour ne pas dépendre du système instable. Le vol s'est très bien déroulé et Sherbrooke a cartographié l'entièreté de la zone. Lors d’une nuit blanche qui a fait toute la différence dans les résultats finaux, les étudiants ont réparé le système RC, et lors du deuxième vol, tout s'est déroulé sans anicroche. « Notre plus grande force s’avère à être notre aptitude à résoudre les problèmes au fur et à mesure qu’ils se présentent puisque nous connaissons et maîtrisons très bien nos systèmes », mentionne l’étudiant en génie mécanique.
Keep It Simple Stupid de l’Université de Sherbrooke (KISS-US), une belle surprise
Comme si ce n’était pas suffisant, la délégation sherbrookoise menée par un vétéran de ces compétitions, l’étudiant en génie informatique, Julien Huot, a décroché une troisième position dans la phase 2 opérationnelle de la compétition avec le prototype KISS-US, un drone basse technologie (low-tech), ce qui en soi est un exploit remarquable. « Notre objectif consistait à fabriquer un drone à faible coût constitué d’un système d’autopilotage acheté et un téléphone portable (Nexus 5) prenant des photos transférées sur un dropbox afin de les obtenir en direct », résume l’étudiant en génie informatique. Il n’est donc guère surprenant que KISS-US ait obtenu également le prix de l’innovation.