Jean-François Bruneau, professeur associé, au Michelin Challenge Bibendum
Pour des transports électrifiés et verts
Imaginez un campus vert. Une ville, ou encore mieux, une province verte. Un Québec où étudiants, professeurs et travailleurs se déplaceraient à vélos, en voitures ou en autobus électriques. C’est le rêve du professeur associé au Département de géomatique appliquée, Jean-François Bruneau.
Spécialiste du transport et de la sécurité routière, Jean-François Bruneau complète actuellement un doctorat en génie civil à Polytechnique Montréal. Ses travaux avec la Chaire Mobilité l’ont récemment amené en Chine où avait lieu le Challenge Michelin Bibendum, un sommet mondial où sont menées annuellement des réflexions sur la mobilité de demain. Membre du CIRODD, un regroupement multidisciplinaire de chercheurs provenant de 11 universités et collèges du Québec, le Sherbrookois a participé à l’élaboration d’une approche d’électrification des transports qui pourrait être mise de l’avant rapidement au Québec avec l’appui du gouvernement et des différents acteurs.
«Notre souhait est d’agir pour rendre les transports plus durables, en mettant l’électrification des modes actifs et collectifs au menu du jour, souligne Jean-François Bruneau. Le Québec a le potentiel pour devenir un leader dans le domaine en raison de son potentiel et de ses surplus actuels d’hydroélectricité.»
Ainsi, le groupe dont fait partie le professeur Bruneau a proposé des approches à l’échelle d’un quartier (le campus de l’Université de Montréal), d’une ville (Montréal) et régionale (les grands centres urbains du Québec).
«Nous pourrions installer une Serpentine sur le campus de l’Université de Montréal. La Serpentine est une série de cabines connectées, sans conducteur, utilisant l’électricité de boucles enfouies sous la chaussée. Ce mode flexible permet de combler la chaîne de déplacement des individus et d’acheminer des biens, collecter des déchets, de façon économique, non polluante et sécuritaire», explique le chercheur qui fait actuellement des démarches auprès de diverses entreprises pour que ce projet se concrétise d’ici 2016.
«Nous leur offrons Montréal et le campus de l’UdeM comme terrain d’étude, affirme-t-il. Nous voulons leur permettre de faire des essais en contexte nord-américain où l’hiver et le froid sont des enjeux importants.»
À l’échelle de la ville de Montréal, le CIRODD a suggéré l’instauration d’un système léger sur rail, de vélos et de bus électriques. Le groupe appui aussi l’idée d’un monorail suspendu pouvant relier les grandes villes du Québec, «une alternative plus souple et plus économique qu’un TGV, et qui a besoin d’expérimentation pour voir le jour», assure Jean-François Bruneau.
Faire changer les mentalités...politiques
Évidemment, pour que l’approche d’électrification imaginée par le CIRODD puisse un jour être appliquée, il faudra une volonté politique ferme de la part des classes politiques municipale, provinciale et fédérale, souligne le professeur sherbrookois.
«Il y a de plus en plus d’endroits dans le monde où l’achat de véhicules électriques est encouragée. Au Vermont, par exemple, il y a une loi zéro émission qui oblige les compagnies à vendre des véhicules électriques. En France, plusieurs villes offrent une compensation à l’achat de vélos électriques, fait-il remarquer. Considérant que les distances et les côtes sont des obstacles majeurs au choix du vélo comme mode utilitaire, encourager son achat tout comme l’est actuellement la voiture permettrait d’augmenter la part modale du vélo, dans une ville comme Sherbrooke par exemple»
Selon le professeur Bruneau, les avancées technologiques des dernières années nous permettent de croire à un virage rapide vers une mobilité verte, peu importe le mode de transport.
«Le premier autobus scolaire 100 % électrique et 100 % québécois circulera bientôt sur le territoire de Laval. Cet autobus a une autonomie d’environ 60 kilomètres, ce qui lui permettrait de faire la majorité des routes scolaires au Québec. Il y a environ 10 000 autobus scolaires et plus d’un million de kilomètres parcourus chaque jour sur nos routes, alors imaginez l’économie de carburant que nous réaliserions si tous ces autobus étaient électriques», rêve Jean-François Bruneau.