Ma thèse en 180 secondes 2016 : Une clé contre le VIH?
Emmanuelle Wilhelm représentera l’UdeS à la finale nationale lors du congrès de l’ACFAS en mai
«Trouver la clé pour contrôler le VIH latent : libérer un monstre ou l'enfermer à jamais?» Voilà une question singulière qui était le titre de la présentation d’Emmanuelle Wilhelm, gagnante de la finale de l’Université de Sherbrooke du concours Ma Thèse en 180 secondes.
Doctorante au département de microbiologie et d’infectiologie de la Faculté de médecine et des sciences de la santé, la chercheuse a su captiver son auditoire avec une présentation accessible et imagée, où le virus du sida devient un monstre qui construit sa maison, et réussit à s’y enfermer...
Maisons, serrures et clés
«Sur la planète actuellement, il y a 34 millions de personnes qui vivent avec le virus du sida», a d’abord rappelé Emmanuelle Wilhelm. Si aucun traitement ne permet présentement de guérir du sida, les traitements antirétroviraux (ARV) comme la trithérapie aident à contrôler la maladie. Le grand défi des chercheurs est donc de trouver un véritable remède pour débarrasser le virus du corps. Appuyée par une image montrant des maisons en rangée, la doctorante a poursuivi avec un vocabulaire accessible: «Le virus, la première chose qu’il fait, c’est qu’il va aller se cacher. Il va infecter les cellules en intégrant son génome entre les gènes de la cellule; comme s’il construisait sa petite maison entre les autres petites maisons que sont nos propres gènes. Après avoir construit sa maison, il va s’y enfermer, puis il va entrer dans un état de latence. Une fois caché, le virus devient inaccessible pour les ARV. Le monstre s’est enfermé dans sa maison et sa serrure est fermée à double tour.»
Avec le professeur Brendan Bell, Emmanuelle Wilhelm a cherché ce qu’avait de particulier cette « serrure » du VIH – qui agit comme promoteur de l’expression des gènes. Ils ont trouvé un petit mécanisme qui la rendait la «serrure» différente des autres cellules. «Mon projet de doctorat est de trouver la clé qui allait contrôler la serrure. J’ai utilisé la serrure du VIH comme appât pour aller pêcher dans la soupe de clés moléculaires qu’on peut trouver dans une cellule. Cette clé je l’ai trouvée : elle contient trois protéines qui savent s’adapter parfaitement pour contrôler l’ouverture de la serrure. Le virus a absolument besoin de ces trois protéines pour sortir de sa cachette.» En conclusion, elle a référé au titre de sa présentation : «Maintenant qu’on a la clé, on peut envisager faire des copies-médicaments afin d’ouvrir la serrure tout en traitant avec les ARV; Sinon, on peut bloquer la serrure pour toujours. Alors que préférez-vous, libérer un monstre, ou l’enfermer à jamais?»
Six candidats de trois facultés
Lors de cette finale locale très inspirée, six étudiantes et étudiants provenant de trois facultés ont croisé le fer devant un panel de cinq juges. Trois critères étaient retenus pour évaluer les prestations : la vulgarisation, la communication orale ainsi que l’implication, c’est-à-dire la capacité des candidats à transmettre leur passion et à susciter la curiosité de l’auditoire. L’ensemble des participants a su relever le défi de respecter la limite de temps de 180 secondes. Voici la liste des personnes qui ont pris part à l’édition du concours le 6 avril :
Faculté de droit
- Sedjro Axel-Luc Hountohotegbe - Repenser la procédure civile. Les enjeux théoriques de l’accès à la justice et l’hypothèse de la régulation sociale par l’intégration des modes extrajudiciaires de prévention et de règlement des différends (PRD).
Faculté de génie
- Nizar Bouguerra - Nanofluides : Une nouvelle vieille idée pour le stockage d’énergie
- Maud Foudrinier - Entre l'arbre et l'écorce : une histoire de turbulence dans les alternateurs hydroélectriques
- Audrey Corbeil-Therrien - Conception de détecteurs de radiation à base de matrices de photodiodes avalanche monophotoniques
Faculté de médecine et des sciences de la santé
- Adèle Morvannou - Passion et poker font-ils bon ménage ?
- Emmanuelle Wilhelm - Trouver la clé pour contrôler le VIH latent : libérer un monstre ou l'enfermer à jamais?
Vers la finale nationale
En remportant la finale de l’UdeS, Emmanuelle Wilhelm représentera l’UdeS lors de la finale nationale qui se déroulera dans le cadre du congrès de l’Acfas, le 11 mai, à l’Université du Québec à Montréal. De plus, elle se voit offrir une bourse de 200 $, décernée par le Regroupement des étudiantes et des étudiants de maîtrise, de diplôme et de doctorat de l’Université de Sherbrooke (REMDUS).