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Vers de nouvelles armes pour vaincre le sida

Des chercheurs de l’UdeS mettent en lumière les acteurs cellulaires de la latence du VIH, recherchés depuis 20 ans


Les travaux menés par des chercheurs de deux facultés ont montré que la clé du promoteur du VIH – qui en permet l'activation – est spécifique.

Les travaux menés par des chercheurs de deux facultés ont montré que la clé du promoteur du VIH – qui en permet l'activation – est spécifique.


Photo : Robert Dumont

Des chercheurs de l’Université de Sherbrooke viennent de publier une découverte qui offre une meilleure compréhension des mécanismes qui permettent au VIH − virus de l’immunodéficience humaine − de rester caché dans les cellules dites «réservoirs» chez les patients, ainsi que des mécanismes qui permettent son activation. Ces travaux, publiés dans la revue Retrovirology le 26 juillet, révèlent les constituants cellulaires et viraux qui permettent d’activer spécifiquement le VIH. Il s’agit d’une avancée majeure qui pourrait mener au contrôle de la latence du virus, soit pour en débarrasser l’organisme, soit pour le maintenir définitivement inactif.

Les travaux ont été conduits par Brendan Bell, professeur au Département de microbiologie et d'infectiologie de la Faculté de médecine et des sciences de la santé, en collaboration avec la professeure Nancy Dumais, du Département de biologie de la Faculté des sciences.

Un réservoir de virus latents

Très tôt après l’infection par le VIH, un réservoir de virus silencieux s’établit dans des cellules lymphocytaires mémoires. Dans ces cellules «réservoirs», le virus devient latent, dormant, mais ni le système immunitaire, ni les médicaments antirétroviraux ne peuvent l’attaquer.

Ce phénomène constitue une barrière majeure à l’éradication du virus chez les personnes infectées, et donc à leur guérison. Les patients doivent actuellement suivre des traitements lourds et continus toute leur vie pour espérer maintenir l’infection latente silencieuse. La communauté des chercheuses et chercheurs oeuvrant à trouver un remède contre le sida partage aujourd’hui ses efforts entre la recherche d’un vaccin et le contrôle de la latence.


À l'avant, Emmanuelle Wilhelm, Isaac Nzaramba et Alex Magdzinski; et à l'arrière, la professeure Nancy Dumais et le professeur Brendan Bell ont pris part à cette recherche.

À l'avant, Emmanuelle Wilhelm, Isaac Nzaramba et Alex Magdzinski; et à l'arrière, la professeure Nancy Dumais et le professeur Brendan Bell ont pris part à cette recherche.


Photo : Robert Dumont

«Si on réussit à extraire le virus de sa cachette, on pourra ensuite le détruire par les médicaments antirétroviraux et ainsi purger les réservoirs», explique Brendan Bell, chercheur au Centre de recherche clinique Étienne-Le Bel du CHUS.

Très récemment, une équipe a montré que dans des cellules de patients, il est possible de faire sortir le virus de cet état de latence au moyen de médicaments déjà utilisés dans le traitement de certains cancers. Cependant, les mécanismes moléculaires conduisant à cet effet sont encore grandement inexpliqués. Il est donc crucial de comprendre comment l’expression du virus est activée pour pouvoir développer des approches plus ciblées et plus puissantes.

Clés et serrures

Quels que soient les signaux qui viennent activer l’expression du virus latent, ils doivent converger vers le promoteur de base du virus, cette séquence d’ADN qui constitue en quelque sorte la serrure qui ouvre la voie vers l’expression du virus.

«Nos travaux ont montré que la clé du promoteur du VIH est différente de celle d’un autre promoteur viral très étudié, celui de l’adénovirus, et donc que le promoteur du VIH est spécifique, explique Emmanuelle Wilhelm, doctorante au laboratoire du professeur Bell. Nous avons identifié les régions spécifiques du promoteur de base du VIH qui permettent son activation, de courtes séquences d’ADN qui doivent être présentes pour que le virus puisse s’exprimer, ainsi que les facteurs cellulaires qui s’y lient. En termes simples, nous avons dessiné la forme de la serrure spécifique au virus du SIDA et identifié certains éléments de la clé. Ceci constitue une avancée majeure vers l’élaboration de médicaments qui permettront de contrôler la latence du virus, soit pour purger les réservoirs, soit pour le maintenir définitivement silencieux.»

Depuis sa parution, l’article a suscité un fort intérêt chez les chercheurs du domaine. Les travaux de recherche de l’UdeS apportent des réponses à la question de la spécificité du promoteur du VIH, qui interpelle la communauté scientifique depuis une vingtaine d’années.


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