Portrait de Yasser Al Asmi
Tenter l’impossible pour étudier en médecine
Quand on veut, on peut! Voilà comment résumer le parcours de Yasser Al Asmi en une phrase. Cet étudiant en médecine au site de Moncton gravit des montagnes depuis des années. Fuyant la guerre en Syrie, il a immigré au Canada avec sa famille, il y a cinq ans. Que s’est-il passé depuis?
Plusieurs choses! Vous voyez, Yasser a beaucoup d’ambition et rien ne semble être un trop grand défi pour lui. Après avoir passé quelques années dans un pays en guerre, il a déménagé une première fois en Jordanie où lui et sa famille sont restés pendant trois ans. Toutefois, ce n’était pas tout à fait la vie souhaitée pour les Al Asmi. Ainsi, en février 2016, ils ont mis le peu qu’il leur restait dans leurs valises et se sont établis à Moncton, au Nouveau-Brunswick.
Déjà, cela allait demander beaucoup d’énergie à Yasser. Étant celui qui a maîtrisé le plus rapidement l’anglais, il devait prendre en charge toutes les démarches nécessaires pour que les membres de sa famille puissent immigrer en tant que réfugiés. De nombreux appels téléphoniques, des échanges de courriels sans fin et de grosses piles de paperasse : tout ce qu'un adolescent de 15 ans désire faire pour occuper ses temps libres…
« Pour enlever les souffrances »
Malgré tout, un rêve — ou plutôt un objectif — le motive à se surpasser, celui de devenir médecin. En fait, Yasser a vu beaucoup de personnes souffrir dans sa vie, et maintenant, il veut apporter sa contribution. Sans être trop explicite, il explique qu’il s’est déjà senti impuissant face à des situations difficiles et douloureuses : « Dans un contexte de guerre, lorsqu’un membre de la famille est malade et qu’on n’a pas vraiment accès aux hôpitaux… »
Sa persévérance lui a d’ailleurs valu, à la fin de son secondaire, une bourse d’excellence Roméo-LeBlanc, qui est remise à la personne ayant obtenu la meilleure moyenne générale à travers les écoles anglophones secondaires de l’Atlantique.
S’inscrire dans un programme en français… sans parler français
Avec cette bourse, il a pu s’inscrire au programme préparatoire aux sciences de la santé (D.S.S.) de l’Université de Moncton et couvrir presque l’entièreté des frais. Le hic? Il allait devoir maîtriser une nouvelle langue. Il s’est donc mis à apprendre le français à la maison avec l’aide de différentes technologies, telles que des vidéos sur YouTube et des applications mobiles, et en s’impliquant dans la communauté francophone de Moncton.
Puis, il commença son programme, que nous pouvons qualifier d’expérience unique, et ce n’est pas peu dire. Imaginez aller en classe et ne pas saisir ce que l’enseignant explique, et devoir traduire toute la matière en arabe ou en anglais avant même de pouvoir l’étudier!
Pour ce qui est des termes techniques, c’était facile, ce qui était difficile à comprendre, c’était le contexte, l’histoire. Par exemple, dans un examen de physique, il y avait une question qui parlait d’une voiture qui ralentit. Donc, ma première question pour mon enseignant, c’était : « Ça veut dire quoi, ralentit? »
Pourtant, Yasser s’en est bien (très bien) sorti! Il a terminé le D.S.S. avec une moyenne parfaite équivalant à 4,3 dans notre système de notation. Par ailleurs, son travail ne s’arrêtait pas là, et il le savait très bien. Pour pouvoir entrer en médecine, il allait aussi devoir réussir l’examen CASPer, qui évalue les habiletés en communication, son point le plus faible.
Je me pratiquais beaucoup pour le français, donc ce n’était pas juste d’étudier pour le D.S.S. Une grande partie de mon temps était consacré à étudier le français pour m’assurer de pouvoir réussir le test, puisqu’il compte pour 50 % de mon admission. Donc, tout ce que j’ai fait pendant deux ans, tous les A+ que j’ai obtenus valent autant que l’examen CASPer, qui ne dure qu’une heure.
Néanmoins, vous vous en doutez bien, il est parvenu à être accepté à l’UdeS! Se faire admettre en médecine n’est déjà pas une chose facile. Ainsi, réussir dans sa troisième langue, il faut le dire, c’est tout un exploit.
Et maintenant, après tous ces efforts, comment aime-t-il l’UdeS?
La méthode d’enseignement est pour lui un coup de cœur. Celle-ci, au lieu de n’être que des cours magistraux, opte pour un apprentissage plus autonome accompagné de discussions et de débats en classe.
Pour la première fois de ma vie, je vois une méthode différente, et je crois que si cette méthode est accompagnée d’une bonne motivation, ça marche vraiment bien.
Il mentionne apprécier l’environnement et les outils qui sont disponibles en tout temps. Il ne manque jamais de rien! Finalement, Yasser est également très friand de l’esprit de collaboration avec ses collègues de classe.
Moi, je suis à Moncton, on a juste un petit bâtiment, ce n’est pas l’expérience complète de l’Université de Sherbrooke, mais quand même, il y a une unité entre les trois sites, on fait toutes les activités ensemble, et c’est vraiment agréable.
Qu’avons-nous à apprendre de Yasser?
Il a dû fuir sa maison et son pays, mais maintenant, il est un fier étudiant de l’Université de Sherbrooke et aspire à être un médecin spécialiste. Cardiologue ou radiologiste, ou peut-être neurologue, ou encore ophtalmologiste… bon, le choix n’est pas définitif! Mais, une chose est certaine, Yasser Al Asmi est la preuve que si nous rêvons assez fort et déployons assez d’efforts, rien n’est impossible!