Un dernier tour de piste pour ce géant de l’athlétisme québécois et canadien

Collaboration spéciale: Alexandre Paquette

Entraîner 30 ans la même équipe universitaire, c’est un exploit peu commun qu’aura accompli Richard Crevier lorsqu’il tirera sa révérence à la fin de la présente saison d’athlétisme.

Pourtant, Richard ne semblait pas destiné à faire carrière en athlétisme. En effet, il a pratiqué le football et le basketball au secondaire, de même qu'au niveau collégial et universitaire. Il faut comprendre que dans les années 60’, le football et le basketball étaient populaires tandis que le sport amateur n’était pas développé dans les écoles. Il a découvert l’athlétisme un peu par hasard, alors qu’il étudiait dans un High school américain. C’est à l’époque le travail de son père qui avait amené la famille Crevier à s’installer dans l’État de Washington.

Ce premier contact avec cette nouvelle discipline a été important pour Richard, qui a mis sur pied une association d’athlétisme dans sa région natale en plus d'organiser plusieurs compétitions par la suite. C’est finalement en 1985 qu’il a pris les commandes du programme d’athlétisme Vert & Or de l’Université de Sherbrooke. Depuis ce temps, il ne compte pas les heures qu’il a consacrées à son équipe, se considérant chanceux d’avoir pu faire ce qu’il aimait tout au long de sa prolifique carrière. Pour vous donner une idée de son engagement au sport universitaire et amateur, il travaille environ 32 fins de semaine par année…

Éducateur physique de profession, Richard Crevier reste très modeste malgré la tradition d’excellence du programme dont il fut l’un des pionniers. Encore à ce jour, le Vert & Or demeure le seul programme au Québec à avoir remporté les championnats nationaux d’athlétisme et de cross-country sur la scène universitaire. S’il avoue que ces championnats ont été des moments spéciaux et précieux, ce sont les instants passés avec ses étudiantes et étudiants athlètes qui le rendent particulièrement fier et serein face à la retraite qui pointe à l’horizon.

Son poste d’entraîneur lui a permis de mettre en pratique ce qu’il avait appris dans le cadre de son baccalauréat en éducation physique. Pour lui, « l’entraînement sportif est une éducation spécialisée qui permet de devenir une meilleure personne et de nous rendre plus fort dans la vie ». Avec ce leitmotiv, il n’est pas étonnant de voir que ses succès ne lui soient pas montés à la tête. Non plus le fait que quelques-uns de ses protégés aient participé aux Jeux olympiques et qu’il ait lui-même pris part à de nombreuses compétitions internationales, y compris les JO. Il ajoute que le sport constitue une école de la vie et le travail quotidien comme entraîneur est plus valorisant que les bannières et les trophées. Et cela même s’il a goûté à l’ivresse de la victoire lors de six championnats (5 en athlétisme et un en cross-country).

À l’aube de son dernier tour de piste, le doyen des pilotes du Vert & Or, qui a été nommé 6 fois entraîneur de l’année par le SIC, ne sait pas encore précisément ce qui l’attend pour la suite des choses. Si l’opportunité se présente, il aimerait bien demeurer impliqué à temps partiel en entraînement sportif. Comme quoi, l’amour du sport demeure au cœur de son expérience humaine, même après 30 ans de carrière et des sacrifices personnels à la tonne...