Aller au contenu

Carnets de voyage

Soyons zen

Plage de Californie
Plage de Californie
Photo : Mathieu Courchesne

J'ai un problème. Je suis anxieux et je m'en fais toujours pour rien. Dire que je ne m'en serais jamais rendu compte si je n'étais pas venu vivre en Californie!

Lorsque j'ai décidé de venir étudier à San Bernardino, je savais que j'allais devoir perfectionner mon anglais. Je m'attendais aussi à connaître un système d'éducation bien différent de celui auquel je suis habitué. J'étais prêt à relever ce défi. Par contre, j'ignorais que j'allais remettre complètement en question mon rapport avec le temps.

L'Université d'État de la Californie à San Bernardino
L'Université d'État de la Californie à San Bernardino

Au Québec, nous vivons souvent sur l'adrénaline. Tout se passe rapidement. Nos horaires sont bien définis. Être en retard n'est jamais une option. Lorsque nous sommes à un endroit, nous songeons souvent à ce que nous allons devoir faire plus tard. Le moment présent semble inaccessible. Difficile de s'en rendre vraiment compte avant d'être confronté à un nouvel environnement.

Sur la côte ouest, c'est tout le contraire. Cette différence, je l'avais déjà vécue lorsque j'étais parti quelques semaines à Vancouver, il y a quelques années. Aujourd'hui, après deux mois passés sur le bord du Pacifique, j'apprends à être zen.

Du calme!

Ici, les gens ne sont pas stressés. Les autobus ne circulent pas à des heures fixes. Il faut les attendre, tout simplement. Les étudiants arrivent parfois aux cours avec plus d'une demi-heure de retard; les professeurs ne semblent pas s'en faire. Dans les magasins, il est fréquent de voir des employés discuter entre eux et vous faire attendre sans que personne bronche. Au restaurant, il faut être prêt à patienter avant d'être servi. Même dans le domaine de la restauration rapide, le service est parfois très lent. La règle d'or : du calme!

Eric Brown, un collègue de classe, a fait le même constat que moi lorsqu'il est arrivé de New York. Il a lui aussi vécu le choc de la côte ouest. «Sur la côte est, les choses vont beaucoup trop vite alors qu'ici les choses vont beaucoup trop lentement, me disait-il. Il faudrait trouver un juste milieu.»

Il est vrai que ça devient parfois agaçant de côtoyer des gens trop zen. Les horloges ne servent plus à rien. De toute façon, même si vous avez rendez-vous à huit heures, vous pouvez être à peu près certain que l'autre personne sera en retard. Et elle ne le fait pas de mauvaise foi. Le rapport au temps est simplement bien différent.

«Vous vous en faites toujours pour rien»

Parfois, nous aimerions que les choses aillent à notre rythme. Difficile, par exemple, de faire des travaux d'équipe. Nous avons parfois l'impression de ne pas vivre sur la même planète que nos coéquipiers. Nous sommes trop stressés et eux ne le sont pas assez. Une de mes coéquipières me le faisait d'ailleurs remarquer récemment. «Vous, les Québécois, vous en faites toujours pour rien, me disait-elle. Ne t'inquiète pas, nous allons tout avoir terminé à temps.»

Au fond, elle a bien raison. Pourquoi toujours s'en faire? Je vais donc tenter de relever un défi de taille pour les prochaines semaines. Je vais faire comme les habitants du Pacifique et vivre le moment présent. Espérons que ma vraie nature ne me rattrapera pas trop vite.