EPICS : le génie au service de la communauté
Des étudiants conçoivent un lit adapté aux besoins des enfants présentant des déficiences motrices ou cognitives
Les familles qui comptent un enfant présentant des déficiences motrices ou cognitives ne peuvent se procurer un lit adapté à leurs besoins qui répond aux exigences de sécurité tout en étant abordable. Voilà un problème auquel s’attaquent des étudiantes et des étudiants de la Faculté de génie de l’Université de Sherbrooke en collaboration avec le Centre de réadaptation Estrie (CRE).
Un tel partenariat est possible parce que la Faculté de génie de l’UdeS est la première université canadienne à joindre le volet international du programme Engineering Projects in Community Service (EPICS), lancé par l’université américaine Purdue. Cette initiative permet à de futurs ingénieurs de réaliser des projets au service de la communauté dans le cadre d’activités d’apprentissage planifiées.
«L’apprentissage par le service à la collectivité correspond aux valeurs de l’Université de Sherbrooke et rejoint celles des étudiantes et des étudiants, explique Alain Webster, vice-recteur au développement durable et aux relations gouvernementales. Plusieurs programmes mobilisent déjà les étudiants sur des problématiques sociales ou communautaires. L’Université souhaite, conformément à son plan stratégique Réussir 2010-2015, étendre encore plus cette approche afin d’enrichir l’expérience étudiante et de contribuer au mieux-être de la communauté.»
«Nos étudiantes et étudiants sont animés par le désir de contribuer au mieux-être de la société et de l’environnement. Plusieurs sont déjà très engagés envers la communauté et offrent généreusement de leur temps pour mettre à profit leur savoir et leurs compétences. En s’engageant dans la communauté, nos étudiants réalisent plusieurs apprentissages, tant professionnels qu’humains. Grâce au programme EPICS, ils pourront faire reconnaître ces apprentissages dans leur formation par l’attribution de crédits, tout comme l’est la réussite d’une activité pédagogique prévue au baccalauréat», fait valoir le vice-doyen à la formation, le professeur Patrik Doucet.
Un lit adapté pour des besoins spécifiques
C’est dans le cadre d’une présentation destinée aux étudiants de la Faculté de génie que l’ergothérapeute au CRE, Marianne Cabana, a exposé la problématique de la sécurité des lits électriques conventionnels pour des enfants en bas âge ayant des déficiences motrices ou cognitives. «Actuellement, les produits disponibles sur le marché sont extrêmement onéreux et peu pratiques dans un contexte à domicile. De plus, ils stigmatisent et déshumanisent. Il est urgent de trouver une solution qui répond d’abord aux besoins des familles, mais qui rejoint aussi les normes de qualité, de sécurité et les exigences professionnelles en lien avec la clientèle ciblée. C’est ici que le génie entre en jeu : si ça n’existe pas sur le marché, peut-on l’inventer?», déclare-t-elle.
Mettre à profit leur créativité pour réaliser un projet qui aura une influence positive et significative sur la communauté : tel est le défi que des étudiants en génie mécanique ont accepté de relever, avec grand intérêt. «D’ici 2014, nous devrons livrer un lit qui répondra aux besoins spécifiques du CRE et de leurs patients, tout en répondant aux différentes normes en matière de santé et sécurité. Il devra aussi être commercialisable, abordable, polyvalent, et s’adapter aux différents modèles de lits sur le marché, ce qui est en soi un grand défi d’ingénierie», explique Dominic Dubé, étudiant au baccalauréat en génie mécanique. Pour la coordonnatrice du programme EPICS-Université de Sherbrooke, Catherine Pilon, l’impact est notable sur le parcours scolaire : «De tels projets contribuent notamment à donner un sens à la formation des étudiants et, par le fait même, à accroître leur persévérance scolaire».
Des partenariats qui portent fruit
L’ouverture à l’innovation et le partenariat avec la communauté font partie intégrante de la culture organisationnelle du CRE : «Pour notre équipe, faire partie de la solution, c’est se donner les moyens de répondre à un besoin criant et de mettre en marché un produit essentiel. Pour moi, la meilleure façon d’y parvenir est de sortir de nos silos et en ce sens, je salue le travail de l’Université de Sherbrooke qui lance le programme EPICS. Il dépasse largement l’enseignement de savoirs et de savoir-faire, car il participe à l’évolution du savoir-être collectivement», soutient Louise Gosselin, directrice générale adjointe du CRE.