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Études politiques

Voyager pour sa maîtrise en politique

François Caldwell et Audrey Tremblay et  se sont retrouvés à parcourir la politique coloniale au Sahara et au Sahel. Leur exploration s’est faite à travers des recherches dans les archives coloniales françaises.

François Caldwell et Audrey Tremblay et  se sont retrouvés à parcourir la politique coloniale au Sahara et au Sahel. Leur exploration s’est faite à travers des recherches dans les archives coloniales françaises.


Photo : Fournie

La maîtrise vous intéresse, mais vous ne savez pas si c’est fait pour vous? L’École de politique appliquée vous présente deux personnes étudiantes qui ont fait le grand saut et qui ne le regrettent absolument pas!

Dans le cadre de leurs études en politique appliquée, Audrey Tremblay et François Caldwell ont eu la chance de rencontrer le professeur Adib Bencherif. Ce dernier a rapidement vu leur intérêt pour la recherche et les a pris sous son aile.

C’est ainsi qu’Audrey et François se sont retrouvés à parcourir la politique coloniale au Sahara et au Sahel, deux régions qui connectent et démontrent les nombreux échanges existants entre le monde arabo-musulman et l’Afrique. Leur exploration s’est faite à travers des recherches dans les archives coloniales françaises, afin de travailler sur un projet de recherche du professeur Bencherif.

Un projet de recherche sur le terrain

Le projet de recherche du professeur Bencherif porte sur les dynamiques de pouvoir et les relations entre les différents acteurs politiques dans le Sahara algérien aux époques coloniale et postcoloniale. La recherche se focalise plus spécifiquement sur les communautés nomades, plus spécifiquement les Touaregs. L’enquête commence à partir de la soumission des Touaregs d’Algérie dans la région du Hoggar en 1905 jusqu’à la période actuelle. Adib Bencherif est également directeur du Laboratoire interdisciplinaire sur les risques et les crises (LIRIC), un groupe de recherche qui vise à la fois à atténuer les effets possibles des risques mais aussi à accroitre la résilience des sociétés lors de la survenance de crises.

Audrey Tremblay

Étudiante à la maîtrise en études politiques

Audrey Tremblay souhaite mettre en lumière comment le rapport politique au mouvement chez les communautés touarègues nomades d'Algérie influence les relations qu'elles entretiennent avec l'autorité centrale française à l'époque coloniale.
Audrey Tremblay souhaite mettre en lumière comment le rapport politique au mouvement chez les communautés touarègues nomades d'Algérie influence les relations qu'elles entretiennent avec l'autorité centrale française à l'époque coloniale.
Photo : Fournie

Pourquoi avoir choisi d’étudier en politique?

Mon intérêt pour les études politiques a débuté au Cégep de Sherbrooke avec le programme en sciences humaines cheminement international. Lors de cette formation, les cours de politiques que j’ai suivis ont aiguisé mon intérêt pour cette discipline. Ils m’ont permis de me défaire de mes aprioris et de comprendre le besoin des êtres humains de s’organiser pour vivre ensemble à travers le monde. Comme je voulais en découvrir plus à ce sujet, je me suis inscrite au cheminement en relations internationales du baccalauréat en études politiques appliquées à l’Université de Sherbrooke. Et aujourd’hui je poursuis à la maîtrise!

Qu’est-ce qui vous a attiré dans les recherches du professeur Bencherif?

Ses recherches s'intéressent entre autres aux sociétés nomades, un sujet qui fait battre mon cœur depuis que je suis toute petite. Il met de l'avant la complexité ainsi que l'agentivité et les narratifs des acteurs locaux. Cette approche m'a donné envie de me lancer dans le domaine de la recherche. À ce titre, j'ai commencé à travailler comme auxiliaire de recherche pour Adib dès la deuxième année de mon baccalauréat. La collecte de données dans les Archives nationales d'outre-mer est une continuité de ce travail. Au-delà de l'aspect professionnel, je me suis aussi jointe à l'aventure afin de collecter les données relatives à l'écriture future de mon mémoire de maîtrise.

Quelle était votre implication dans le projet?

Notre travail consistait concrètement à numériser une très grande quantité de documents. Si le travail était répétitif, le caractère ancien des documents participait à réduire la monotonie de la tâche. J'étais impressionnée par la calligraphie manuscrite et le papier parchemin. Il s'agissait entre autres de correspondances entre officiers et chefs touareg, de journaux d’époque, de rapports de mission, etc.

Qu’est-ce que cette expérience vous aura apporté?

C'est très motivant! Je sais qu'il s'agit d'une occasion hors de l'ordinaire et j'en suis d'autant plus reconnaissante. J’ai ainsi effectué mon premier emploi à l'étranger et je me suis réalisée dans le domaine professionnel de la recherche. Le rêve! Au niveau personnel, cette expérience m'a permis d'apprendre à connaître François et Adib. J'ai découvert deux personnes que je porte maintenant dans mon cœur et que je continue de côtoyer comme collègues et amis. Cette expérience était aussi pour moi l'occasion de voyager sur un autre continent pour la première fois, et je dois dire que je me suis beaucoup amusée.

Quel sera le sujet de votre mémoire?

Mon mémoire de maîtrise porte sur l'évolution des relations entre les Touareg de l'Algérie et les autorités coloniales françaises pour la période allant de 1902 à 1920. Je tente d'étudier comment le rapport politique au mouvement chez les communautés touarègues nomades d'Algérie influence les relations qu'elles entretiennent avec l'autorité centrale française à l'époque coloniale. Pour ce faire, je reprends le concept de kinétocracie, un concept politique qui renvoie à l’importance du mouvement au sein des communautés touarègues comme une logique de pouvoir et un fondement de leur structure politique. Il s'agit d'un concept prometteur, mais encore très peu développé.

François Caldwell

Étudiant à la maîtrise en études politiques appliquées

François Caldwell s'intéresse à la participation des Forces armées canadiennes à la Coalition internationale en Irak et en Syrie, une alliance militaire créée en 2014 pour lutter contre Daech et regroupant plus d'une vingtaine de pays.
François Caldwell s'intéresse à la participation des Forces armées canadiennes à la Coalition internationale en Irak et en Syrie, une alliance militaire créée en 2014 pour lutter contre Daech et regroupant plus d'une vingtaine de pays.
Photo : Fournie

Pourquoi avoir choisi d'étudier en politique?

Je viens d'un milieu familial très politisé : mon grand-père et mon oncle ont fait de la politique active. C'est donc un sujet qui a toujours été présent dans ma vie. De plus, je trouvais qu'il s'agissait d'un domaine qui rassemblait toutes les sciences sociales, telles que l'histoire, l'économie, la sociologie et la philosophie. Ce qui m'intéresse surtout, c'est la politique internationale, en particulier celle du Moyen-Orient. C'est pourquoi j'ai été auxiliaire d'enseignement avec Adib pour son cours « Systèmes politiques du Moyen-Orient ».

Qu’est-ce qui vous a attiré dans les recherches du professeur Bencherif?

Il travaille beaucoup sur le Sahel, une région que je trouve fascinante. Comme elle se situe à l'intersection des mondes arabe et africain, elle est le creuset de plusieurs dynamiques politiques singulières. Adib travaille beaucoup avec une approche ethnographique et je pense que c'est l'une des raisons pour lesquelles son apport au champ de la recherche en politique est original. Lorsque Adib m'a offert de participer à ce projet de recherche, j'ai été enchanté! D'abord, pour la chance d'aller vivre en France et d'y acquérir une expérience de travail. Ensuite, l'idée de me plonger dans des sources primaires, surtout lorsqu'il s'agit de vieux documents d'archives, a piqué mon côté passionné d'histoire. Manipuler et explorer des documents manuscrits, rédigés par des explorateurs français dans le Sahara il y a un siècle, a été une expérience vraiment chouette. Je me sentais presque comme un archéologue-chercheur à la Indiana Jones.

Quelle était votre implication dans le projet?

Concrètement, sur place, nous avons numérisé des documents physiques : plusieurs dizaines de milliers de pages. Le travail avait donc un caractère répétitif, mais c'est une tâche essentielle lorsqu'on bâtit une bibliothèque numérique à partir de documents physiques qui n'ont jamais été numérisés auparavant. C’est aussi ça la recherche!

Qu’est-ce que cette expérience vous aura apporté?

Ce fut l'une des plus belles opportunités qui m'ont été offertes dans ma vie. Un immense facteur de réussite a été le fait que nous formions une belle équipe qui s'entendait bien, sous une direction ayant une approche humaine. Le fait d'avoir été exposé à la réalité du travail dans un autre pays est également un acquis précieux. Parfois, on n'anticipe pas nécessairement certaines différences dans la réalité du travail dans une autre culture. Sur le plan académique, j'ai été exposé au véritable travail d'archives pour la première fois, avec toute la patience et la minutie que cela implique. Lorsqu'on est passionné par un sujet, ce type de travail peut être très intéressant et cela nous plonge dans une autre époque.

Pourquoi selon vous la recherche en politique est-elle importante pour nos sociétés?

Selon moi, la recherche en politique est essentielle, car elle vise à comprendre et à expliquer les enjeux sociaux. En mettant des mots sur les réalités que nous vivons en tant que société et en cherchant à mieux les saisir, cela nous permet d'appréhender ces enjeux de manière plus éclairée. Cela ne garantit pas forcément que nous prendrons toujours les bonnes décisions, mais nous serons mieux outillés pour le faire.


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