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5,3 M$ pour des recherches universitaires ayant un réel impact sur la société
Grâce au prestigieux Programme des chaires de recherche du Canada (CRC), l’Université de Sherbrooke entreprend de nouvelles recherches en génie, en lettres, en médecine ainsi qu’en sciences. Une somme de 5,3 M$ permettra à sept professeurs de déployer de vastes projets et de continuer leurs travaux, tant sur le plan de la recherche appliquée que fondamentale au cours des prochaines années.
Cinq professeurs de l’Université de Sherbrooke reçoivent respectivement un financement de 500 000 $ sur cinq ans et deux autres obtiennent 1,4 M$ sur sept ans, afin de leur permettre de poursuivre leurs travaux de recherche en biochimie, en chimie, en génie civil, en lettres, en mathématiques, en physique et en radiologie.
« Nos chercheurs ont un réel pouvoir d’attraction au plan national et international et jouent un rôle majeur en recherche, notamment par la sélection de thèmes porteurs qui ont un réel impact sur la société. L’Université de Sherbrooke occupe d’ailleurs le premier rang au Canada, parmi les universités dotées d’une faculté de médecine, pour l’augmentation de ses revenus de recherche des quinze dernières années et nous en sommes très fiers », affirme Jacques Beauvais, vice-recteur à la recherche, à l’innovation et à l’entrepreneuriat.
Des pare-chocs avec des fibres de carotte!
Nouvelle Chaire de recherche du Canada sur les écocomposites polymères (Mathieu Robert, Génie civil)
Utiliser des déchets agricoles ou une « mauvaise herbe » pour élaborer des matériaux durables et performants, voilà le défi que s’est lancé le professeur Mathieu Robert, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les écocomposites polymères. Le Canada est l’un des grands producteurs agricoles au monde. Il produit chaque année d’énormes quantités de déchets comme de la paille, des légumes déclassés et des épluchures. Pourtant, ces produits possèdent un grand potentiel économique souvent ignoré. L’industrie agroalimentaire produit des déchets qui contiennent des teneurs élevées en fibres et en nanocristaux de cellulose ou d’amidon utilisables dans des applications aussi diverses que l’emballage alimentaire, l’automobile, l’habillement ou le bâtiment. L’asclépiade que l’on retrouve sur le bord des routes possède des propriétés extraordinaires ouvrant à des applications encore à découvrir. Elle produit, dans ses fruits, la soie d’Amérique, une fibre creuse aux propriétés uniques. Les retombées des recherches du professeur Robert sont nombreuses : cultiver de l’asclépiade dans des sols impropres aux autres cultures ou contaminés, réduire l’impact environnemental de la production et de l’élimination des composites traditionnels, placer notre pays sur la voie des matériaux écologiques à haute performance et bâtir l’industrie propre de demain.
Vers des matériaux plus verts
Nouvelle Chaire de recherche du Canada en chimie des matériaux organiques et hybrides avancés (Jerome Claverie, Chimie)
Les matériaux jouent un rôle prépondérant dans notre société. Néanmoins, leur production et leur utilisation ne sont pas toujours compatibles dans une optique de développement durable. C’est en particulier le cas des matériaux organiques (le plus souvent issus de produits pétroliers) et hybrides (c’est-à-dire contenant une partie organique et une autre inorganique). En plus d’être issues de matières premières non renouvelables, la préparation et l’utilisation de tels matériaux sont le plus souvent dommageables pour l’environnement. La recherche du professeur Jerome Claverie, titulaire de la nouvelle Chaire de recherche du Canada en chimie des matériaux organiques et hybrides avancés, porte sur le développement de nouvelles méthodes pour la production de tels matériaux. Ces méthodes se doivent d’être plus vertes, donc plus respectueuses de l’environnement. Nous pouvons aussi les utiliser pour mettre au point de nouveaux matériaux qui peuvent être utilisés pour la dépollution de l’eau ou de l’air. Les réponses fournies par cette recherche vont apporter des solutions aux défis scientifiques, technologiques et économiques liés à la conception, la production et l’utilisation de matériaux de façon durable.
Les dimensions de notre univers
Nouvelle Chaire de recherche du Canada sur la topologie en basses dimensions (Liam Watson, Mathématiques)
La topologie en basse dimension, c’est l’étude d’espaces de dimensions de notre univers, notamment l’espace et l’espace-temps. Ce domaine de recherche utilise de manière essentielle des objets tels que les surfaces ou les points fixes d’une symétrie, et on y retrouve un échange riche entre la géométrie et l’algèbre. En examinant cet échange et en établissant de nouvelles connexions, nous sommes capables de résoudre des problèmes mathématiques ouverts, d’en découvrir de nouveaux aspects à la fois beaux et étonnants, afin de mieux comprendre la richesse de l’espace où nous habitons. Au cœur de cette Chaire de recherche du Canada sur la topologie en basses dimensions, le mathématicien Liam Watson se penchera sur un mystère à propos de trois structures en basse dimension qui, à première vue, ne semblent pas reliées. Il s’agit d’un défi passionnant, puisqu’il ouvre la porte à des connexions et des dialogues entre différentes communautés de recherche. Lorsque des développements surviennent dans un domaine, de nouvelles questions surgissent dans un autre. Et, en dégageant le potentiel pour ces nouvelles connexions, nous ouvrons la porte à d’étonnants progrès en mathématiques.
L’étude des électrons dans les matériaux quantiques
Renouvellement de la Chaire de recherche du Canada en matériaux quantiques (Louis Taillefer, Physique)
Les matériaux dits « quantiques » sont ceux dans lesquels les électrons ont des comportements collectifs inattendus, très prometteurs, et remplis de mystères, comme la supraconductivité. La supraconductivité est la capacité de certains matériaux à transporter l’électricité sans perte, propriété spectaculaire qui va révolutionner nos vies si elle peut persister jusqu’à température ambiante. Élucider les mystères de ces comportements hors du commun, c’est ce qui intéresse le professeur Louis Taillefer. Entre autres percées, son groupe démontre en 2007 que les supraconducteurs à haute température critique se comportent théoriquement comme des métaux. Plus récemment, en 2014, il réalise avec une équipe internationale la toute première mesure directe du champ magnétique critique des cuprates, les matériaux les plus prometteurs en matière de supraconductivité. Le groupe mettait ainsi fin à 20 ans de débat scientifique. Enfin, à l’issue d’une prouesse technologique hors du commun réalisée en 2016 avec la collaboration de collègues européens, il découvre une nouvelle signature – une réduction soudaine du nombre d’électrons mobiles – qui renseigne enfin clairement sur la nature de la mystérieuse phase appelée « pseudogap ». Cette découverte modifie l’orientation des recherches et ouvre une toute nouvelle piste pour enfin élucider l’énigme de la supraconductivité à température ambiante.
L’expression génique… imparfaite!
Renouvellement de la Chaire de recherche du Canada sur le contrôle de la qualité de l’expression génique (François Bachand, Biochimie)
Jusqu’à tout récemment, les scientifiques croyaient que l’expression génique – le processus par lequel l’information stockée dans nos gènes aboutit à la fabrication de produits géniques – était sans faille. Or, il semble maintenant évident que ce processus est imparfait et qu’il nécessite des mécanismes de contrôle de la qualité. Lorsque ces mécanismes ne fonctionnent pas adéquatement, cette déficience peut entraîner de graves maladies, telles que le cancer. Le professeur François Bachand, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur le contrôle de la qualité de l’expression génique, étudie les systèmes de surveillance responsables du fonctionnement adéquat de l’expression génique. Il fait aussi ressortir l’importance du contrôle de la qualité de l’expression génique dans l’évolution de maladies comme le cancer et la dystrophie musculaire. Le champ de recherche de François Bachand permettra de mieux comprendre les mécanismes moléculaires qui participent à la régulation du contrôle de la qualité de l’expression génique. Sa recherche pourrait ainsi mener à la découverte de nouvelles cibles pour le traitement de plusieurs maladies.
Décoder l’activité nerveuse et le flux sanguin
Renouvellement de la Chaire de recherche du Canada en couplage neurovasculaire (Kevin Whittingstall, Radiologie diagnostique)
Chaque seconde de la journée, nous sommes inondés de stimuli provenant d’une multitude d’images, de sons et autres types d’information. Notre cerveau compte environ 100 milliards de cellules nerveuses (ou neurones) qui peuvent organiser et traiter cette constante avalanche de données. Cet effort remarquable est maintenu par un apport constant de sang frais qui garde les neurones bien nourris et réceptifs. Comment le cerveau parvient-il à ce délicat équilibre entre l’activité nerveuse et l’apport sanguin cérébral? Comment les perturbations de cet équilibre sont-elles liées aux maladies du cerveau? Voilà le type de questions auxquelles le professeur Kevin Whittingstall, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en couplage neurovasculaire, tente de répondre. Les recherches du radiologiste visent à détecter ces changements les plus subtils en mettant au point des méthodes pouvant retracer l’activité nerveuse et le flux sanguin dans le cerveau de manière sécuritaire et très précise. Les outils conçus par son équipe permettront de mieux comprendre comment le couplage neurovasculaire fonctionne dans un cerveau sain et de quelle manière il est atteint chez les patients présentant des troubles cérébraux, tels que des tumeurs. Sa recherche mènera à des mesures sécuritaires et précises pour détecter et traiter les troubles cérébraux.
La production collective du littéraire
Renouvellement de la Chaire de recherche du Canada sur l’histoire de l’édition et la sociologie du littéraire (Anthony Glinoer, Lettres et communications)
Comment le texte d’un écrivain devient-il un livre et quelle place occupe ce livre dans le monde social? Voilà les questions centrales auxquelles répondra le professeur Anthony Glinoer, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en histoire de l’édition et sociologie du littéraire. Dans le cadre de ses recherches, Anthony Glinoer prend en considération la période allant du 19e au 21e siècle et une multiplicité de cultures (Belgique francophone, Québec et France) afin d’y étudier deux intermédiaires littéraires cruciaux : les éditeurs et les groupes d’écrivains. Les archives éditoriales et les représentations de la vie littéraire dans les romans permettent au chercheur d’explorer la dimension collective du littéraire. En étroite collaboration avec le Groupe de recherches et d’études sur le livre au Québec (GRÉLQ), Anthony Glinoer poursuivra aussi le dialogue entamé entre les approches sociales de la littérature et l’histoire du livre et de l’édition. Les initiatives prises dans le cadre de la chaire de recherche auront un impact considérable sur les professeurs, les chercheurs, les étudiants, les professionnels du livre et tous ceux et celles qui, tant au Canada qu’à l’étranger, s’interrogent sur le passé, le présent et l’avenir du fait littéraire.