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Le quantique pour le développement durable
Des délégations provenant de nombreux pays actifs dans le quantique ont convergé vers Washington pour participer à la troisième édition du Quantum World Congress. Ces rencontres annuelles permettent de réunir des acteurs politiques, des représentants de milieux universitaires et d’entreprises privées dans le domaine du quantique afin d’encourager le réseautage et les discussions. Parmi tous ces gens, Karl Thibault (Institut quantique) s’est rendu sur place lors de l’édition 2024 afin de donner un atelier sur le quantique pour le développement durable. En voici le compte-rendu.
Ouvrir la discussion sur la collaboration
L’atelier nommé, « Quantum for sustainability » (Le quantique pour le développement durable), se construit autour d’une question principale : comment faire pour mieux collaborer, à l’échelle internationale, afin que le quantique contribue au développement durable? Tout au long de l’atelier, les participants explorent le potentiel des technologies quantiques pour le développement durable et amorcent une réflexion sur le rôle que la collaboration internationale jouera dans la résolution de ces enjeux.
« Les changements climatiques et l’augmentation de la consommation énergétique mondiale sont deux des défis très importants de notre génération. Le quantique a le potentiel de faire partie de la solution à plusieurs problèmes reliés à ces deux grands défis. Il faut consacrer nos efforts à réfléchir et animer une communauté de gens intéressés à s’atteler à utiliser le quantique à cette fin. » Karl Thibault, Institut Quantique.
Marco Blouin, directeur général de la Science et des partenariats au ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie du Québec (MEIE), ouvre l’atelier avec un mot d’introduction portant sur la place du Québec dans l’écosystème quantique mondial et sur le projet de Zone d’Innovation. Au passage, il met de l’avant les raisons qui placent le Québec dans une bonne position afin de discuter du quantique pour le développement durable.
Des efforts déjà en cours, malgré les obstacles
Un premier bloc est consacré à la mise en lumière d’initiatives déjà en place. Des organisations comme Open Quantum Institute, IBM Quantum Working Group on Sustainability, Quantum Energy Initiative, Q4Climate, Center for Quantum and Society et bien d’autres travaillent déjà à développer le quantique pour le développement durable.
« Plusieurs initiatives existent déjà, ce qu’il manque, c’est un canal de communication qui les relie afin de favoriser le partage de connaissances, explique Karl Thibault. L’utilisation du quantique dans le développement durable se heurte à deux principales barrières propres à l’interdisciplinarité du problème. D’une part, il y a les experts quantique, d’autre part, les spécialistes du problème que l’on souhaite régler. Ce qu’il faut créer, c’est une structure pour favoriser la communication, une manière que tous ses experts se parlent entre eux, développer un langage commun. »
On retrouve un deuxième obstacle dans la complexité des problèmes à résoudre : leur résolution est loin d’être facile. En fait, les outils quantiques ne sont même pas encore assez puissants pour les résoudre. « Mais si on collabore maintenant, plus globalement et solidement, en y consacrant plus de ressources, ça irait plus vite, » souligne encore une fois Karl Thibault.
Des échanges éclairants
L’atelier se voulant dynamique, les participants et participantes doivent rapidement prendre la parole. En petits groupes, ils partagent leurs propres projets de recherches liés au quantique et au développement durable. Par la suite, on leur demande d’aligner ces projets avec un des 17 objectifs de développement durable (ODD) de l’Organisation des Nations Unies (ONU). Comme l’explique Karl Thibault, « l’idée était de voir ce que les gens croient qu’il est possible de faire avec le quantique et ce qu’il serait important d’améliorer. »
Un second atelier en petit groupe pousse la réflexion plus loin encore. Parmi les priorités identifiées précédemment, le défi est désormais de déterminer lesquelles nécessiteraient un travail international pour progresser. Certaines problématiques peuvent être réglées par des groupes indépendant travaillant de leur côté, mais certains enjeux ne pourront être résolu qu’avec un partenariat international.
Les participants ont priorisé les ODD sur lesquels le quantique a le potentiel le plus marqué d’être utile. Ainsi, Énergie est ressorti du lot, tout comme Santé, Éducation et Climat. Parallèlement, un certain consensus s’est établi sur le fait qu’il manque une structure de gouvernance « mondiale ».
Finalement, l’atelier se clôt en laissant les participants partager leurs recommandations pour favoriser cette entraide internationale sur les enjeux d’importance. Le lendemain, un panel permet de revenir sur les échanges de la veille et de partager les conclusions tirées de l’atelier devant un nouveau public.
La question du quantique pour le développement durable avait bien sa place à ce congrès où des délégations venues d’à travers le monde ont pu se joindre à la conversation. Ce fut l’occasion de montrer que le quantique peut être utile pour atteindre presque tous les objectifs de développement durable de l’ONU malgré le fait que certains secteurs manquent cruellement de ressources, tant humaines que financières. Au bout du compte, les participants ont surtout pu connecter avec des individus partageant le même désir de mettre le quantique au service du développement durable.