Motivé par l’excellence

Avant d’entreprendre un baccalauréat en génie électrique, Frédéric a hésité, il était aussi tenté par l’enseignement. Des projets en science au cégep le convainquent que le génie est le bon programme et que l’apprentissage par projet (APP) convient mieux à son tempérament, il choisit donc l’Université de Sherbrooke.  

À la fin de son baccalauréat, il envisage de s’orienter vers les études supérieures. Son besoin d’apprendre est toujours très présent. Un ami lui suggère de rencontrer le Pr Jean-François Pratte.     

« On m’avait dit qu’il cherchait des étudiants motivés, ce qui est mon cas. J’ai rencontré un passionné de la recherche et de l’imagerie médicale et je me suis dit que j’allais essayer. Je me suis lancé là-dedans sans expérience, sans nécessairement connaitre cet univers. J’ai élargi mes horizons, notamment en réalisant des circuits intégrés, ce que je n’avais jamais fait auparavant. » 

Les études supérieures  

A la maîtrise Frédéric cultive son intérêt pour la recherche. Il intègre le groupe de Recherche en Appareillage médical de Sherbrooke (GRAMS). Ce groupe de recherche vise à utiliser l’électronique et la microélectronique pour développer de l’instrumentation médicale et de l’instrumentation en physique des particules. En imagerie médicale, la précision temporelle permet de mieux situer où a lieu un évènement dans le corps afin de produire une meilleure image et conséquemment, un meilleur diagnostic dans le domaine de l’oncologie afin d’accentuer les chances de guérison. 

Le Pr Pratte lui lance un défi : concevoir les détecteurs de photons les plus précis en temps au monde, le plus précis se situant à 20 picosecondes et obtenant un temps de détection de moins de 10 picosecondes. « Lors de mon projet de maîtrise, nous avons réussi à avoir le meilleur temps de détection au monde, mais à 13 picosecondes, nous n’avions pas atteint l’objectif final, ce qui m’a incité à poursuivre au doctorat », explique Frédéric.  

La picoseconde (ps) est une unité de mesure de temps utilisée par les scientifiques, qui équivaut à 1 billionième [10−12] de la durée d’une seconde conventionnelle. 

Pour lui, l’atteinte de l’excellence est à la fois un défi et une formidable source de motivation.  

Le but de la recherche était d’obtenir la mesure la plus précise possible du croisement de deux photons. L’imagerie médicale actuelle permet d’obtenir un visuel en environ 30 minutes, et c’est en améliorant la précision temporelle qu’une imagerie en temps réel pourrait voir le jour.  

En 2016, alors que des chercheurs étrangers avaient déjà réduit le temps de détection à 20 ps, l’équipe de Frédéric a atteint 13 ps, résultat notable par rapport à l’objectif initial de 10 ps. Enfin, en 2018, l’équipe améliore la vitesse de détection à 8 ps. En contribuant à ce groupe, Frédéric dit avoir beaucoup appris. C’est la réalisation de ce projet qui l’a poussé à poursuivre ses recherches, cette fois en tant que stagiaire postdoctoral.  

S’orienter vers les sciences quantiques 

Tous ces contacts et ces nouvelles compétences offrent au chercheur un réel tremplin professionnel. De plus, à la même période, Frédéric s’intéresse aux travaux de l’Institut quantique à la suite d’une présentation du comité étudiant mené alors par Julien Camirand Lemyre. Sa rencontre a d’ailleurs guidé le reste de son parcours en recherche puisqu’il s’intéresse maintenant à l’électronique pour l’ordinateur quantique.  

Ce qu’en pense son directeur 

Le Pr Jean-François Pratte a souligné de façon très éloquente le passage de Frédéric Nolet dans son groupe de recherche :

« Frédéric est un jeune chercheur travaillant et mené par l’excellence, qui aime les défis et ne se laisse pas impressionner. Les statistiques parlent d’elles-mêmes : 18 articles évalués par les pairs dont 5 comme premier auteur, 36 présentations en conférence dont 15 comme premier auteur ainsi que la réalisation de 7 circuits intégrés à titre de lead designer et collaborateur sur 3 autres. En comparaison, un étudiant au PhD en fera entre 1 et 3. De plus, Frédéric est un excellent collaborateur, ce qui en fait un coéquipier hors pair. Il rêve de devenir professeur-chercheur et ça se voit dans la passion qu’il a de partager son savoir avec ses collègues. Je définis mon travail comme étant un catalyseur à l’épanouissement des étudiants, que ce soit au baccalauréat ou dans mon équipe de recherche. Frédéric a su repousser constamment mes « boundary conditions ».  Je peux dire sans hésiter qu’il est l’exemple parfait de l’élève qui dépasse les compétences du maître, à mon plus grand bonheur. Ma mission est accomplie. La qualité de notre relation et la facilité que nous avons à communiquer créent des interactions très riches et stimulantes. Ma porte a toujours été ouverte pour discuter avec lui et le sera pour le restant de sa carrière. Je lui souhaite sincèrement le plus grand succès. Il est fait pour devenir professeur : être un mentor hors pair et un scientifique de calibre international. »  

 

La suite 

Frédéric dit ne pas vouloir se projeter trop loin dans l’avenir, son intérêt pour l’enseignement persiste, mais les opportunités de recherche l’entraîneront ailleurs pour quelque temps. Frédéric doit effectuer un postdoctoral à l’Université de Sydney avec le Pr David Riley, qui collabore avec Microsoft. La pandémie actuelle compliquant quelque peu les déplacements internationaux, il espère pouvoir se rendre en Australie. Ses recherches porteront sur les circuits électroniques quantiques, à l’interface de ses deux intérêts de recherche : la quantique et le génie électrique.  

« Ce que j’aime dans la recherche, c’est qu’il faut que je me casse la tête et que je trouve une nouvelle solution qui n’existe pas encore pour un problème que plusieurs personnes rencontrent. » 

Alors que Frédéric Nolet entame une autre étape de son parcours, il ne délaisse pas pour autant l’idée d’un jour partager ses connaissances à travers l’enseignement et de participer aux projets des étudiants.