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Portrait d’un PhD : Aimé Verrier
Après un parcours marqué du sceau de l’Université de Sherbrooke, Aimé Verrier y a récemment obtenu son doctorat en physique pour sa thèse portant sur ses travaux de nature expérimentale sur deux matériaux magnétiques frustrés.
Dès le primaire et le secondaire, il se démarque par son affinité pour les mathématiques. Une de ses enseignantes le surnomme même « le petit mathématicien » et lui conseille de poursuivre dans le domaine. « Je me suis dit, c’est une profession ça? » se souvient-il. C’est ce qui pique d’abord son intérêt et mène à sa décision de poursuivre en physique.
D’abord attiré par la recherche théorique, son premier stage réalisé dans le cadre du régime coopératif lui fait découvrir le monde de la recherche expérimentale. « Mon stage dans l’équipe de Bertrand Reulet m’a démontré que, la recherche expérimentale, ce pouvait être une avenue très intéressante. » Durant ces deux autres stages, il explore plutôt la télédétection. D’abord à l’agence spatiale canadienne, puis pour la financière agricole du Québec. « On n’y penserait pas à première vue, mais il y a de la physique, même dans ce domaine. Notamment, il faut analyser les images satellites afin de vérifier la fiabilité des données et multiples phénomènes physiques influencent ces images. »
Il poursuit à la maitrise dans l’équipe du Pr Jeffrey Quilliam où il y complétera éventuellement son doctorat. « J’étais attiré par l’idée d’intégrer une équipe à ses débuts. C’est vraiment captivant de commencer un projet et d’attaquer des problèmes pour la première fois. » Depuis 2014, il collabore avec de nombreux étudiants de passage dans l’équipe du laboratoire et il aura vu le tout se mettre en place. « C’est moi qui ai mis sur pied le système de résonance magnétique nucléaire (RMN) du lab et qui ai assuré la formation, pour ce système, de la majorité des nouvelles personnes venues se joindre au groupe. »
Son impact n’aura pas passé inaperçu, comme en témoigne le Pr Jeffrey Quilliam. « En tant que l’un de mes premiers étudiants diplômés, Aimé a joué un rôle essentiel dans la mise en place de mon laboratoire et de mon programme de recherche. Tout au long de sa maîtrise et de son doctorat, j’ai énormément bénéficié de ses compétences techniques et de la générosité avec laquelle il a consacré son temps à la formation de nouveaux étudiants du groupe. Ce fut un réel plaisir de collaborer avec Aimé sur de nombreux sujets passionnants et stimulants au cours de ces dernières années. »
Ces années dans l’équipe du Pr Jeffrey Quilliam le mènent à l’obtention de son doctorat qu’il consacre à l’étude par résonance magnétique nucléaire de la compétition entre phases magnétiques dans des matériaux quantiques magnétiquement frustrés. Ses projets avaient pour sujets la vésigniéite-Sr et le β-Li2IrO3 sous pression. « À la base, c’est surtout une notion théorique, explique-t-il en parlant des matériaux de liquide de spin quantique. Arriver à démontrer qu’un matériau réel est bien une instance de ce modèle-là est plutôt ardu, car il n’y a pas de confirmation expérimentale unique qui validerait que c’est bien un de ces matériaux. » Il s’agit donc d’appliquer de multiples méthodes expérimentales sur un matériaux afin d’en brosser un portrait théorique et d’arriver, éventuellement, à démontrer que le modèle d’un liquide de spin quantique décrit bien le matériau.
Son temps dans cette équipe de recherche l’a même amené à voyager à Vancouver, au Canada, au centre national des accélérateurs de particules du Canada, TRIUMF. « Pour réaliser des expériences sur la résonance de spin des muons, ça prend un accélérateur de particules. Puisque ce sont des ressources partagées au niveau national et international et qu’il n’en existe que quatre dans le monde, nous nous déplacions environ une fois par année. » Bien que ce ne soient pas des expériences réalisées dans le cadre de son propre projet, c’est une opportunité de se familiariser avec cette méthode expérimentale. « Il y a tout de même plusieurs ressemblances conceptuelles importantes entre la résonance de spin des muons (SR) et la RMN. Connaitre les deux permet d’avoir une belle vue d’ensemble de la résonance magnétique. » Ces voyages restent un moment marquant de son parcours universitaire. « C’est une belle occasion de voir jusqu’où peuvent nous mener nos expériences, » conclut-il.
Au cours de sa maitrise et durant le début de son doctorat, Aimé Verrier dédie aussi une part de son temps à l’organisation bénévole des séminaires étudiants. « Ça devait être fait, explique-t-il, et je sentais que, par mon implication, je pouvais contribuer à la communauté. »
Hors de ses activités académiques, on peut retrouver Aimé sur scène. Il s’adonne au théâtre depuis plusieurs années, à Sherbrooke, au théâtre du double signe. « Ça m’a permis de développer mes aptitudes en communication et de venir compléter ma formation, explique-t-il. Le travail scientifique, c’est aussi beaucoup de communication, notamment devant des foules. » Évidemment, il ne manque pas l’occasion d’encourager son entourage de la faculté à venir assister à ses représentations.