Liaison, 30 septembre 2004
Du vert et or dans nos veines
Psychologue invitée : Johanne Bernatchez
Les familles souches et nos racines
Avez-vous remarqué, tout comme moi, l'engouement croissant pour les
fêtes de familles? Lors d'une visite aux Fêtes de la Nouvelle-France, j'ai
été frappée par le nombre de kiosques représentant les différentes
familles dites «souches», et de surcroît, par toute l'énergie qu'on
semblait avoir déployé à rechercher tout ce qui unissait les personnes au
même patronyme : les arbres généalogiques, des copies de documents
officiels et même les blasons avec toutes leurs descriptions! Et moi qui
croyais (pardonnez mon ignorance) qu'on ne retrouvait cela qu'au-dessus de
l'âtre dans les vieux châteaux d'Écosse, ou du moins dans les «vieux
pays»!
Sur une base plus individuelle, j'ai toujours été étonnée de constater,
chez plusieurs de mes clients ayant été adoptés, combien ils exprimaient
de la curiosité, un désir et même un besoin d'en connaître un tant soi peu
sur les personnes à l'origine de leur existence. Et cela tout en
considérant leurs parents adoptifs comme étant leurs véritables parents.
Comme si le fait de savoir à qui nous sommes liés par le sang rassure de
ne pas être sans racine, même si par ailleurs nous avons développé un
sentiment d'appartenance à une autre famille.
Les familles d'adoption et les racines qu'on implante
Encore une fois, je fais appel à votre sens de l'observation. Avez-vous
déjà remarqué, lors de rencontres entre collègues de différentes
institutions, après les présentations d'usage, que les questions du
genre : «Dans quelle université travailles-tu?» ou encore : «Où as-tu fait
tes études?» ne mettent pas longtemps à se pointer? Ces questions, en
apparence banales, nous fournissent beaucoup plus qu'un simple
renseignement sur notre interlocuteur. En fait, cette information nous
donne l'impression de connaître du coup son background, de la même manière
que l'appartenance à un clan, par origine ou par allégeance, donne une
couleur particulière à ses membres. Il n'y a pas si longtemps, chez
Bombardier-Valcourt, les employés parlaient du «sang jaune» pour exprimer
leur sentiment d'appartenance à leur compagnie. Comme quoi nous pouvons
aussi choisir ce qui coule dans nos veines...
L'Université de Sherbrooke : une grande famille?
Prochainement auront lieu les Grandes Retrouvailles dans le cadre du
cinquantenaire de l'Université de Sherbrooke. Plusieurs «anciens»
convergeront vers leur alma mater. Plusieurs «actuels» se joindront à eux
pour partager souvenirs, passés et récents. Toutes ces personnes sont
reliées par le fait d'avoir séjourné à différents titres dans cette
université. Mais n'existe-t-il pas un sentiment plus profond, commun à
toutes ces personnes, qui les lie à l'Université de Sherbrooke?
J'ai interrogé des gens autour de moi. J'ai commencé par mon conjoint,
promu à l'Université de Sherbrooke en 1988 et qui entretient un lien
plutôt éloigné avec celle-ci : «Toi, te sens-tu attaché à l'Université de
Sherbrooke?» «Non, pas vraiment. Quoique…» Il se met alors à me parler
d'un sentiment chaleureux qu'il ressent lorsqu'il rencontre d'anciens
collègues ou professeurs de Sherbrooke, d'une certaine fierté qu'il
éprouve lorsqu'il aperçoit le logo de l'Université à Longueuil et de son
intérêt toujours constant d'avoir des nouvelles de ce qui s'y passe. Je
sens un petit quelque chose remuer dans ses veines.
D'autres encore disent être venus à l'Université de Sherbrooke parce
qu'ils se sont sentis interpeller soit par sa mission, soit par sa façon
différente de faire les choses, et que ça leur avait permis de trouver un
espace, un lieu où ils peuvent réaliser des projets qui leur tiennent à
cœur, tout en contribuant à quelque chose de plus grand. Ainsi, ils en
sont venus à développer avec cette institution un lien très proche basé
sur une forme de générosité mutuelle. Ils se sont implantés ici.
D'autres personnes enfin m'ont parlé sans hésitation de leur sentiment
d'appartenance à l'Université de Sherbrooke. Pour ma part, qui fait partie
de cette dernière catégorie, voici ce que je pourrais en témoigner. J'y
suis devenue adulte. J'y ai acquis les bases de ma profession. J'en
éprouve une reconnaissance quasi filiale. Et je m'y développe encore
professionnellement. Seulement, ce qu'il y a de différent cette fois,
c'est que j'ai envie de lui donner en retour. J'ai envie de contribuer à
ce qu'elle soit l'une des meilleures universités. Vous l'aurez sans doute
compris, je suis profondément attachée à l'Université de Sherbrooke.
Et vous? Y a-t-il un peu de «vert et or» qui coule dans vos veines?
En collaboration avec le Service de psychologie et d'orientation
Retour à la une
|