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Trois jours dans la famille de «La Bouche»
En vue de favoriser la mobilité étudiante, le programme de
maîtrise en environnement de l’Université de Sherbrooke a un accord
d’échange avec le programme de maîtrise en gestion et planification
environnementale de l’Université du Chili, située à Santiago. Du 16 août au
17 décembre, dans le cadre de cet échange, Nassima Hernoun et Jean-Sébastien
Landry vivront ainsi une expérience académique et personnelle différente,
qu’ils nous feront partager au fil de trois articles.
Cela fait maintenant deux mois que nous sommes au Chili et, à vrai dire,
le temps passe à une allure déconcertante. Le printemps est arrivé et les
températures avoisinent les 20 degrés en moyenne à Santiago. Les projets
universitaires s’amorcent bien et le travail d’équipe se fait sans trop de
difficultés.
Au début, il est vrai que nous avions quelques craintes pour un cours,
celui de gestion intégrée et planification environnementale, dont le but est
de faire travailler les étudiants sur les aspects économiques,
environnementaux, territoriaux et culturels de l’implantation d’une zone de
développement urbain conditionné dans une commune proche de Santiago
dénommée Pudahuel (où se situe l’aéroport national et où se concentre la
plus grande partie de la pollution atmosphérique de Santiago).
Pour le moment, rien de bien effrayant. Mais c’est qu’il nous faut
travailler à 22 pour cet atelier! Nous avions pris l’habitude des travaux
d’équipe tout au long de la maîtrise à Sherbrooke, mais là, à 22,
croyez-moi, tout change : durant les premières semaines, chacun essayait de
donner son avis sur le projet, personne n’arrivait à se mettre d’accord, il
fallait former les équipes, trouver leurs coordonnateurs ainsi qu’un
coordonnateur général et... le plus important : il fallait que tout le monde
comprenne le thème pour qu’on travaille tous en complémentarité. Nous avions
des échéanciers que personne ne respectait... bref, un joli bazar. Bien sûr,
les professeurs n’intervenaient pas (ce qui est tout à leur honneur) car
c’était là le but de l’atelier : créer un projet par nous-mêmes. Et puis au
fur et à mesure, avec de la discipline, nous nous en sommes tous sortis et
le projet se concrétise enfin....
Quant à eux, les étudiants se révèlent fort sympathiques et prévenants
envers les deux étrangers que nous sommes. Les invitations ne manquent pas
et ainsi, le week-end du 11 octobre, nous partons passer trois jours à San
Javier dans la famille d’Andrès Gaetes Torres, surnommé affectueusement «La
Boca» («La Bouche», car on l’entend à 100 m à la ronde lorsqu’il s’exprime :
incroyable mais véridique!).
La charmante petite ville de San Javier se situe à environ 300 km au sud
de Santiago et appartient à la septième région du Chili. Nous changeons donc
radicalement d’atmosphère entre la capitale, qui se révèle une ville
bruyante et polluée, et ce petit bled peuplé d’environ 10 000 habitants où
règne un calme absolu et où il est encore possible de voir circuler des
charrettes tirées par de bons vieux chevaux (exactement comme dans La
petite maison dans la prairie).
Nous retrouvons donc Paulina l’Équatorienne, Jean-Sébastien le Québécois,
Nassima la Française et nos deux amis chiliens Gonzalo et Andrès, pour
profiter de trois jours de repos, à déguster des spécialités telles que la
cazuela (bouillon de boeuf ou de poulet avec pommes de terre, maïs,
légumes, potirons), les desserts de manjar (lait concentré cuit
donnant un caramel épais et sucré), à boire du bon vin chilien (est-il
indispensable de le rappeler?) et du pisco (liqueur de vin et boisson
nationale dont le Chili et le Pérou se disputent l’appartenance). Une fin de
semaine de rêve...
De retour à Santiago, nous poursuivons notre découverte culturelle de la
ville : le musée précolombien et son exposition retraçant l’histoire de
toute l’Amérique latine du Mexique jusqu’au Chili. Nous visionnons le film
choc Machuca, d’Andrès Wood. Ce film permet de vraiment comprendre la
situation au Chili avant la prise de pouvoir de Pinochet, et ce, à travers
les yeux de deux jeunes de 11 ans de classes sociales complètement opposées.
Magnifique!
Et finalement, la semaine du 15 octobre, nous décidons de partir pour le
fameux désert de l’Atacama, l’un des plus arides au monde. Il se trouve au
nord du pays à environ 1800 km de Santiago. Au programme : la capitale
archéologique du Chili, San Pédro de Atacama, la Valle de la luna, les
geysers du Tatio, le salar d’Atacama
(le plus grand du Chili). Mais ces aventures-là, nous vous les conterons
dans un prochain article car nous commençons à peine le voyage... Tchaito.
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