Doctorats en éducation de l'UdeS pour des étudiants d'Angers
STÉPHANIE RAYMOND
Selon la loi française, l'Université catholique de l'Ouest, à Angers, ne
peut octroyer de doctorat. Qu'à cela ne tienne, c'est avec l'Université de
Sherbrooke que les intéressés réaliseront leur Ph. D. en éducation. La toute
première thèse réalisée dans le cadre de la collaboration établie en 2000 a
été présentée le 20 décembre dernier.
Comme les universités confessionnelles ne peuvent délivrer de doctorats
en France, les professeurs se retrouvent plafonnés dans leur carrière. C'est
pour remédier en partie à ce problème que Jean-Pierre Boutinet, directeur de
l'Institut de recherches fondamentales et appliquées de l'Université
catholique de l'Ouest à Angers, s'est entendu avec Jacques Limoges,
maintenant professeur associé au Département d'orientation professionnelle
de l'UdeS, pour établir une collaboration entre les deux universités. Les
deux professeurs, qui avaient déjà collaboré dans le cadre de travaux de
recherche, ont ainsi préparé en partenariat un doctorat en éducation qui
serait délivré par Sherbrooke.
Après l'acceptation du projet Sher-Ange en 2000 et la signature d'une
convention de coopération entre les deux universités, une première cohorte
angevine s'est inscrite au doctorat en éducation à temps partiel de
Sherbrooke en juillet 2000. Les onze étudiants, des professionnels provenant
de plusieurs parties de la France et même de la Réunion, se sont imprégnés
de la culture scientifique de la Faculté d'éducation pendant cinq semaines à
la fin de l'été 2000, avant de revenir l'année suivante pour suivre une
formation préparatoire à la rédaction de leur thèse.
La formation se poursuit toujours en France avec des professeurs angevins
et même sherbrookois, qui se déplacent à l'occasion. «Chaque thésard est
dirigé par un professeur de Sherbrooke et un professeur d'Angers», explique
Jacques Limoges. Au total, une vingtaine de professeurs sont impliqués dans
le projet.
À l'automne 2002, une deuxième cohorte a vu le jour. Les deux cohortes
rassemblent à l'heure actuelle une douzaine d'étudiants. «Nous recrutons
actuellement pour juin 2005. Nous avons déjà 15 inscriptions, soit le nombre
maximum que nous pouvons accepter», poursuit le professeur.
Première thèse et collaboration accrue
Christian Heslon, psychologue praticien des âges de la vie et chargé de
cours à l'Université catholique de l'Ouest, est le premier à avoir présenté
sa thèse, en décembre à Sherbrooke. Celle-ci pourrait être qualifiée de
«bilingue», utilisant des termes français et québécois. «Ainsi, les
Québécois et Français qui liront la thèse en auront la même compréhension»,
affirme Jacques Limoges.
Pour l'instant, ce sont des doctorants français qui viennent à
Sherbrooke. «Mais l'Université catholique de l'Ouest a l'ambition d'attirer
des doctorants québécois vers Angers à l'occasion d'un séjour de recherche
ou d'une inscription en thèse selon les modalités du double sceau, assure le
professeur associé. Il est dans l'esprit d'Angers que la collaboration
devienne de plus en plus égalitaire.»
Si la collaboration s'enrichit, un véritable «campus symbolique» de
l'Université de Sherbrooke à Angers pourrait se mettre en place, selon lui.
Des collaborations futures avec les autres universités catholiques
françaises, à Lyon, Paris et Toulouse, pourraient aussi être envisagées dans
l'avenir. «Il y a de plus en plus de doctorats conjoints entre universités
québécoises; alors pourquoi pas entre universités francophones», affirme
Jacques Limoges.
Richesses et tensions des échanges interculturels
Le doctorat conjoint a aussi pour ambition de mettre en contact les
cultures nord-américaine et européenne en utilisant le même vecteur
linguistique, la langue française. «Les Québécois et les Français ont la
même langue, mais ils ne l'utilisent pas de la même façon. Ils ne
travaillent pas non plus de la même manière. Par exemple, les Français sont
fascinés par notre efficacité, mais en contrepartie, ils ont parfois
l'impression que nous faisons trop d'approximations. Tout cela est très
enrichissant de part et d'autre», conclut Jacques Limoges.
Christian Heslon
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