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Liaison, 24 mars 2005
Nouveautés disques
Critique invité :
Dominic Brisson
Technicien en systèmes ordinés
Québec émergent
Le gala Initiative musicale internationale de Montréal permet aux
artistes locaux de développer leur visibilité et leur impact. Bâtie avec
soin – et goût – par David Laferrière, directeur général de la Société de
promotion de la relève musicale de l'espace francophone (SOPREF), la
compilation double Québec émergent 2005 regroupe les meilleures
pièces musicales présentées dans le cadre de ce gala. Trente-cinq chansons
fouillant tous les recoins de l'espace musical, du ragga-rap à l'électro-ambiante,
en passant par la chanson assez classique et le rock qui déménage; j'y ai
même découvert des styles que je ne saurais qualifier. Des trucs parfois
bizarres, mais quand même accessibles, souvent novateurs, surprenants et
rarement emmerdants.
Comme il m'est impossible d'en recenser tous les participants, allons-y
pour mes coups de coeur. «Grand luxe», de Montag, pour l'atmosphère
envoûtante et rêveuse totalement séduisante. «L'ennui positif», de Didier
Boutin, est un bijou de bricolage poétique. «L'océan», de Monsieur Mono
(Éric Goulet), qui réussit avec sa voix à créer une ambiance particulière.
«Scotch», de Fred Fortin, parce qu'il met en scène un univers musical
fascinant, comme sur son excellent disque Planter le décor, dont
est extraite cette chanson. Et aussi, Kodiak avec «Tafia», teinté de rap
et de hip hop, un mélange particulier mais intéressant. Wolf Parade et
«It's a curse», un peu brouillon, mais sympa, Malajube avec «Le jus de
citron», ludique et désenchantée, sans oublier Éric Panic et «Les majeurs
fendent l'air», un son rock pur et dur que j'ai bien aimé. David
Laferrière termine sa compilation sur une note particulièrement
décapante : vers la fin, on découvre Augury, qui donne dans le black métal
à vélocité extrême. Sa chanson «Beatus» est d'une férocité et d'une
élégance à couper le souffle!
Sachez qu'il n'existe que 2000 exemplaires de Québec émergent
sur le marché. Vous pourrez mettre la main sur l'un de ceux-là à la SOPREF
ou en achetant l'album d'un artiste se retrouvant sur la compilation.
Mozart, Intégrale des sonates pour pianoforte et violon, vol. 2
Étant très amateur de musique classique, je dois avouer qu'avant son
écoute, ce disque profitait d'un préjugé favorable de ma part. Je dois
toutefois mentionner qu'il m'a fallu quelques écoutes pour vraiment
apprécier ce disque, mais l'effort en valait la peine. Les musiciens,
David Breitman et Jean-François Rivest, sont absolument remarquables dans
cet album classique regroupant l'intégrale des sonates de Mozart. Le jeu
au piano de David Breitman se marie très bien au violon de Rivest, qui
sait mettre en valeur toutes les nuances des pièces interprétées.
C'est un très bon album de musique de chambre, à découvrir pour ceux
qui aiment le mélange piano et violon. L'enregistrement à été réalisé à la
salle Claude-Champagne de l'Université de Montréal en mai et août 1995 et
1996 par les Productions UMMUS. Avis aux intéressés, cette intégrale des
sonates de Mozart fait partie des rares encore sur le marché.
Bach, Sonates pour violon et clavecin, vol. 1
Ce premier volume d'une intégrale, dont le second volet sera fort
attendu, réunit à mon sens tout ce dont le mélomane discophile qui
sommeille en vous peut rêver. James Henes démontre une maîtrise quasi
parfaite de l'archet, un son de violon sublime joué par un violoniste au
fait du langage baroque, mais toujours soucieux du grain sonore. Luc
Beauséjour, dont la réputation n'est plus à faire au niveau mondial, a été
consacré en 2004 Interprète de l'année par le Conseil québécois de la
musique. Ce claveciniste et organiste ravit son auditoire par la maîtrise
de son jeu expressif et brillant. Ses récitals et enregistrements lui ont
valu la faveur du public et de la critique aux États-Unis, en Autriche, en
Allemagne, en France et en Belgique. Ce claveciniste au jeu limpide sait
trouver par instinct une «balance» idéale avec son partenaire. Ehnes et
Beauséjour se démarquent par cette alliance intelligente entre esthétisme
et style, mais aussi par cette balance.
On est loin, très loin du clavecin crépitant et du violon crin-crin.
Car il faut quand même avouer que, dans l'immense majorité des cas, les
Sonates pour violon et clavecin, il faut en avoir envie! Ce disque
représente sans doute l'exception à la règle. Des trois albums que j'ai
écoutés, c'est de loin mon préféré.
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