Après le génie, l'histoire et l'anthropologie
Le bonheur est dans le droit!
Edwin John Sullivan a bien de la difficulté à répondre à la question :
«Qui êtes-vous?» Technicien en génie mécanique. Historien et anthropologue
aussi. Globe-trotter à ses heures. Tout cela, il l'est, mais ce n'est pas la
réponse qu'il donne aujourd'hui. Car depuis que ce papa de bientôt quatre
enfants a trouvé sa voie, celle du droit, c'est par sa future profession de
juriste qu'il se définit. Le lauréat du concours de plaidoirie
interuniversitaire Pierre-Basile-Mignault a enfin trouvé le domaine qui lui
permettra de se lever avec le sourire aux lèvres pour les 30 prochaines
années.
STÉPHANIE RAYMOND
À 42 ans, Edwin John Sullivan termine un baccalauréat en droit. Après une
première tranche de vie pourtant très bien remplie, ce passionné de lecture,
de culture et d'histoire est enfin comblé. «Ma motivation pour reprendre des
études à cet âge? La volonté d'être heureux, tout simplement!» affirme-t-il.
La coupe Desjardins Ducharme Stein Monast assortie d'une bourse de 200 $
pour son titre de troisième plaideur au prestigieux concours
Pierre-Basile-Mignault est la preuve qu'il n'a pas fait fausse route.
Né aux États-Unis et ayant grandi à Montréal, Edwin John est parti en
Inde à l'âge de 20 ans, d'où il a entrepris un tour du monde. De retour à
Montréal, il a complété un baccalauréat en histoire et anthropologie, avant
de repartir en Amérique centrale et en Amérique du Sud. Il a ensuite vécu en
Colombie-Britannique pendant sept ans, avant de revenir au Québec en 1997.
«J'ai alors fait une technique en génie mécanique à Montréal. Je me suis
trouvé un très bon travail, et je me suis inscrit au baccalauréat en génie
mécanique. Mais je n'avais pas assez de challenge. Entre-temps, j'ai
rencontré ma future épouse, qui est enseignante au Collège de Sherbrooke, et
je me suis installé à Sherbrooke.»
Enfin dans son domaine
Edwin John Sullivan a travaillé pendant deux ans comme cadre dans une
entreprise sherbrookoise. Mais encore une fois, son travail ne le
satisfaisait pas. «Je voulais élargir mes horizons. En août 2002, j'ai
décidé à la dernière minute de m'inscrire au baccalauréat en droit de
l'Université de Sherbrooke. Et là, enfin, je me suis senti dans mon domaine.
Car le droit n'a pas de limite; on peut pousser aussi loin qu'on le désire.»
L'étudiant, qui se classe dans le premier 10 % de sa promotion, n'a pas
tardé à être engagé comme assistant de recherche en droit international
public pour le professeur Pierre-François Mercure. Cette année, il était en
stage auprès du juge Léo Daigle, de la Cour supérieure du district de
Saint-François.
Un plaideur hors pair
Edwin John Sullivan a été retenu pour représenter l'Université au
concours de plaidoirie interuniversitaire Pierre-Basile-Mignault avec trois
autres étudiants, Geneviève Cromp, Isabelle Gingras et Jean-François Noël.
Ce concours, qui a eu lieu à Montréal en février, rassemble une trentaine de
plaideurs provenant des six facultés canadiennes de droit civil.
«John est un perfectionniste, affirme Charlotte Lemieux, professeure à la
Faculté de droit. Sous la critique, omniprésente dans le difficile processus
menant à la plaidoirie finale, il a choisi avec simplicité, humilité et
constance de transformer ses faiblesses en atouts. S'appuyant sur une solide
culture générale et des connaissances juridiques approfondies, il a offert
au concours une plaidoirie qui reflétait son talent et ses efforts.»
Le problème juridique fictif concernait un contrat commercial liant une
entreprise tchétchène et une entreprise américaine, et ayant pour objet
l'installation par les Américains d'un système de radar à l'aéroport de
Grozny. Ceux-ci n'ayant rien effectué, un tiers, une société d'État russe
représentée par Edwin John, a intenté une poursuite. «Il fallait démontrer
la recevabilité du recours, que l'inexécution n'était pas justifiée et que
la compagnie américaine était redevable des frais extra-judiciaires,
explique le plaideur. Bien que très bien préparé, j'étais extrêmement
nerveux de devoir défendre une cause devant trois juges émérites. Mais tout
s'est bien passé. Je voulais la première place, mais je suis content de la
troisième.»
Et après?
Edwin John Sullivan désire maintenant se trouver un emploi dans le
domaine juridique à Sherbrooke, au privé ou au public : «Je suis content
d'avoir fait ces études. Car mon but est de me lever le matin avec le
sourire aux lèvres, et c'est maintenant le cas. La clé du bonheur est de
trouver une routine qui nous satisfera pour les 20, 30 et 40 prochaines
années.»
Retour à la une |