Conférence du professeur Fernand de Varennes
L’impact des médias sociaux dans la gravité des discours de haine à l’égard des minorités, spécialement religieuses
Le professeur Jean Akiki de l’Université Saint-Esprit de Kasslik au Liban est le directeur et le fondateur du Research Center on Minorities in the Middle East (RCMME). Le SoDRUS, s’intéressant à la gestion juridique de la diversité religieuse et culturelle s’est associé aux activités du RCMME à plus d’une reprise. Notamment pour la participation au colloque pour le 100e anniversaire des accords du Grand Liban (1920) The Communities of the State of Lebanon (1920-2020 : Reflections and Perspectives en 2021 au Liban.
Établi à Montréal depuis peu, le professeur Akiki a initié dans la métropole le projet du RCMME avec une première activité intitulée : Les minorités religieuses et ethnoculturelles : enjeux identitaires intégration et perspectives au sein de la sécularisation et la démocratie libérale au Québec et au Canada. Les minorités religieuses du Québec ont été conviées à se joindre aux activités du Centre et contribuer au vivre ensemble et à l’intégration dans la société canadienne et québécoise. Le SoDRUS s’est joint à cette activité.
La première conférence a été donnée par le professeur Fernand de Varennes qui est rapporteur spécial des Nations Unies sur les questions relatives aux minorités. Il a présenté une conférence faisant état du rapport qu’il a déposé dans les instances onusiennes en 2021 : Rapport du Rapporteur spécial sur les questions relatives aux minorités.
Le professeur Varennes y soulève un constat des plus alarmants quant aux discours et aux gestes de haines à l’égard des minorités et plus fortement encore à l’égard des minorités religieuses dans le monde. Citant le secrétaire général des Nations-Unies, il décrit la gravité du moment comme un tsunami de haine qui déferle sur le monde. La situation est observable dans toutes les confessions religieuses où des minorités sont présentes. Il relève aussi un rehaussement significatif de l’apatridie selon que de plus en plus de personnes, comme au Myanmar, se trouvent détroussées de leur citoyenneté.
Parmi les causes de la hausse exponentielle des discours haineux, le professeur Varennes cible les médias sociaux. Il relève la grande impunité dont jouissent ces médias à la différence des médias traditionnels qui ne pourraient diffuser des discours haineux sans s’exposer à des sanctions judiciaires graves.
Parmi les solutions à phénomène, le rapporteur onusien promeut la conception et ratification d’un traité international auquel devraient souscrire les états-membres et ainsi créer un environnement normatif qui serait en mesure de rendre les médias sociaux plus imputables. Mais il ajoute aussi que l’édiction de normes ne sera pas suffisante, le problème n’est pas seulement légal. Il y a notamment urgence pour que les universités produisent plus de savoir sur les discours haineux et les manières de les endiguer.
La conférence a été suivie d’une discussion riche avec les participants.