TÊTES CHERCHEUSES

Des solutions au vieillissement

par Marie-Claude Veillette

Les personnes âgées représentent 11 p. 100 de la population québécoise. Si la tendance se maintient, le Québec se classera en tête du palmarès des pays dits vieux d'ici 25 ans. Ce phénomène de vieillissement accéléré aura un impact social énorme et viendra modifier à coup sûr la façon d'envisager la vieillesse au sein même des familles. À Sherbrooke, les chercheuses et chercheurs du Centre de recherche en gériatrie et gérontologie (CRGG) de l'Hôpital d'Youville participent activement aux études pour favoriser le maintien, la promotion et la restauration de l'autonomie chez les personnes âgées.

La communauté scientifique québécoise ne s'intéresse au problème de l'accélération du vieillissement de la population que depuis le début des années 80. D'ailleurs, la gériatrie n'existe officiellement que depuis 1987. Réjean Hébert, professeur à l'Université de Sherbrooke et directeur du CRGG, a été l'un des pionniers québécois de cette discipline. "À l'époque, nous étions tout au plus une dizaine de médecins à nous intéresser aux personnes âgées et tout était à faire", explique Réjean Hébert. Devant la nécessité d'approfondir les connaissances liées au phénomène du vieillissement, l'Université de Sherbrooke et l'Hôpital d'Youville ont convenu, en 1988, de créer le CRGG.

Les chercheuses et chercheurs associés au Centre proviennent de différentes disciplines et abordent l'étude de cette spécialité tant sous l'angle biomédical que sous l'angle psychosocial. Selon Réjean Hébert, il est impossible d'étudier autrement le phénomène du vieillissement : "Il faut nécessairement être multidisciplinaire et nous avons la chance, au Centre, de travailler sous un même toit."

Afin de bien mener sa barque, la direction du CRGG doit pouvoir compter sur la participation des personnes âgées autonomes. "Cette catégorie de personnes qui peut nous donner des indications sur les facteurs et les conditions nécessaires au maintien de l'autonomie", de dire Réjean Hébert. Par chance, le taux de participation est excellent. Les personnes âgées semblent ravies de participer à ces études qui seront profitables à l'ensemble de la population âgée du pays.

Les travaux des chercheuses et chercheurs du CRGG s'articulent autour de cinq grandes préoccupations : comprendre les mécanismes de vieillissement biologique, découvrir les caractéristiques de certaines maladies propres au vieillissement (alzheimer, cataracte, diabète, etc.), connaître les facteurs responsables de la vulnérabilité psychologique et sociale des personnes âgées, cerner l'origine de l'incapacité chez l'individu âgé, et finalement, développer et évaluer l'efficacité des interventions et des programmes voués à l'étude du vieillissement. Les chercheuses et chercheurs tentent aussi de trouver des moyens d'aider et de soutenir les familles aux prises avec des personnes en perte d'autonomie."

Notre objectif n'est pas de guérir ou de soigner, explique le directeur du CRGG. Nous voulons simplement améliorer la qualité de vie des personnes âgées." Les recherches n'en sont qu'à leur début et le défi est grand. Mais l'équipe est jeune et l'enthousiasme est palpable. Avec des travaux portant notamment sur le sommeil, l'ostéoporose, l'arthrose, l'alimentation, l'exercice physique et les interactions sociales des personnes âgées, l'équipe du CRGG semble sur la bonne voie d'atteindre ses objectifs, et ce, pour le plus grand bien des futures personnes âgées que nous sommes toutes et tous.