Médiation familiale

Parce que la vie continue

par Claudette Guilmaine et Jacqueline Kouri*

Les valeurs changent au sein de notre société. De plus en plus de couples qui se séparent recherchent une façon respectueuse de le faire. La médiation familiale est l'un de ces moyens. Elle permet de résoudre les conflits et d'arriver à des ententes satisfaisantes pour chacun, dans un climat de collaboration plutôt que de compétition. Deux conditions suffisent pour que les médiateurs puissent agir auprès d'un couple qui vient de se séparer : les deux personnes doivent être d'accord pour être en présence l'une de l'autre et pour négocier honnêtement. Si ces conditions sont remplies, les médiateurs pourront jouer leur rôle et encadrer, soutenir et guider l'ensemble de la démarche, afin que les décisions soient justes bien éclairées, réalistes et viables à long terme.

Se séparer n'est pas un jeu d'enfant. Les enjeux d'une telle décision, qu'ils soient affectifs, financiers ou légaux sont complexes. La division des biens ne peut se résumer à quelques formules mathématiques! Les souvenirs, les rêves brisés, les projets avortés sont difficilement monnayables. De plus, les solutions privilégiées au départ par l'un ou l'autre des conjoints qui, par exemple, offre de laisser la maison en échange des régimes enregistrés d'épargne-retraite (REÉR) cachent souvent des besoins qui peuvent être comblés d'une façon beaucoup plus satisfaisante. Il suffit que le couple ne s'emprisonne pas dans une ou deux positions.

À titre de comparaison, la division d'une orange entre trois enfants peut se faire en coupant le fruit en trois portions égales. Mais d'autres options plus créatives auraient pu répondre davantage aux besoins de ces enfants, l'un affamé, l'autre bricoleur et le troisième jardinier. Il aurait fallu diviser la pulpe, la pelure et les pépins après avoir écouté et saisi ce que chacun voulait faire de l'orange! Ainsi en est-il de la médiation qui sait faire émerger les besoins, qui multiplie les options et qui aide le couple à évaluer et à choisir ce qui répond le mieux à chacune des parties.

Les enfants sont souvent au coeur de la motivation des parents à faire appel à la médiation. Conscients que la décision de se séparer n'est pas celle de leurs enfants, les parents veulent faire en sorte qu'ils en souffrent le moins possible. Cette démarche rassure les enfants puisqu'ils constatent que leurs parents peuvent encore se parler et qu'ils resteront présents tous les deux dans leur vie.

Les médiateurs guident le couple dans la division du temps auprès des enfants et dans la répartition des responsabilités rattachées à leur rôle de parent. Grâce à ce plan parental, les enfants risquent moins d'être pris en otage dans le tourbillon des émotions ou d'être utilisés comme monnaie d'échange. Leurs besoins sont pris en considération avec ceux des adultes et le projet d'entente prévoit des temps de révision puisque ces besoins évoluent.

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Plusieurs couples soulignent qu'ils n'auraient pu, sans recourir à la médiation, arriver à une entente aussi juste dans un climat de saine communication.

* Toutes deux diplômées de l'Université de Sherbrooke, l'une en service social et l'autre en droit, Claudette Guilmaine et Jacqueline Kouri sont médiatrices accréditées. Elles oeuvrent au sein de Médiation professionnelle de l'Estrie, un bureau situé à Lennoxville, près de Sherbrooke.