Claude Asselin, professeur à la Faculté médecine de l'Université de Sherbrooke, effectue des recherches visant à mieux comprendre les maladies inflammatoires de l'intestin, soit la maladie de Crohn et la colite ulcéreuse.
par Élise Giguère
Les maladies intestinales inflammatoires sont très présentes en
Occident; elles touchent des gens de tout âge et de toute race. Cependant, on les
retrouve très peu en Asie, en Afrique et au Moyen-Orient. Ces maladies seraient-elles une
conséquence du style de vie adopté par les occidentaux ? Le stress y serait-il pour
quelque chose ?
En fait, personne ne connaît l'origine des maladies inflammatoires de
l'intestin. Certains croient que des facteurs psychologiques entreraient en ligne de
compte. Ainsi, plusieurs personnes atteintes de la maladie de Crohn ont des accès de
maladie juste avant un événement stressant.
D'ailleurs, les maladies inflammatoires de l'intestin sont récurrentes,
c'est-à-dire que les personnes atteintes souffrent souvent de rechutes. Les
symptômes des deux maladies se ressemblent : douleurs abdominales, crampes, fatigue,
diarrhée... La différence entre les deux, c'est que la maladie de Crohn
s'attaque à n'importe quelle partie du tube digestif alors que la colite
ulcéreuse touche seulement le côlon.
" Les chercheurs essaient de comprendre comment l'inflammation s'installe,
de dire le docteur Claude Asselin. Ce qu'on ne saisit pas dans ces maladies,
c'est qu'il y a souvent des périodes de rémission. Les mécanismes de
contrôle de l'inflammation présents chez la majorité des gens font peut-être
défaut chez les individus souffrant de ces maladies-là. "
Une affaire de cellules
Lorsqu'il y a une inflammation de la paroi intestinale, les
macrophages, qui sont des cellules du système immunitaire, s'activent et libèrent
des substances appelées cytokines. Ces cytokines activent à leur tour toutes les
cellules environnantes et attirent aussi d'autres cellules. Donc, il se produit une
cascade d'événements qui amplifie l'inflammation première.
Cette inflammation produit finalement une destruction des cellules épithéliales, qui
forment une barrière protectrice entre l'extérieur et l'intérieur de
l'intestin et qui sont impliquées dans l'absorption des nutriments.
" S'il y a une destruction, les bactéries ont accès à ce qu'il y a
en dessous de l'épithélium, donc à d'autres cellules du système immunitaire,
de dire Claude Asselin. C'est un cercle vicieux qui s'installe. "
Claude Asselin cherche à savoir comment la réponse inflammatoire est résolue. "
Une des cytokines, appelée TGFß, joue un rôle dans la réparation de
l'épithélium à la suite d'une blessure, explique le docteur. On croit que le
TGFß serait un anti-inflammatoire important. Je veux voir quel pourrait être le rôle du
TGFß dans la réponse inflammatoire. "
Les recherches de Claude Asselin sur les cibles du TGFß dans sa réponse pourraient être
utiles pour développer de nouvelles formules thérapeutiques.
D'ailleurs, le chercheur bénéficie d'une subvention de 49 000 $ pendant trois
ans. Celle-ci lui a été attribuée par la Fondation canadienne des maladies
inflammatoires de l'intestin, un organisme sans but lucratif qui s'est donné la
mission de trouver un traitement à la colite ulcéreuse et à la maladie de Crohn. Si, en
trois ans, il serait étonnant de voir Claude Asselin et son équipe percer le mystère
des maladies de l'intestin, il pourra sans doute faire avancer les connaissances
scientifiques à propos des mécanismes microscopiques qui causent ces maladies.