Sommets Vol. XVI No 2 - Printemps 2003

Pour observer la planète au quotidien

par Véronique Comtois

Ferdinand Bonn et le groupe de recherche en télédétection de l'Université observent la planète bleue à partir de l'espace depuis plus de 30 ans. Les informations que fournissent les satellites permettent à ces scientifiques de mieux comprendre les changements climatiques et environnementaux, à l'échelle globale et à l'échelle locale, jusque dans les détails de la vie quotidienne.


Ferdinand Bonn
Titulaire de la Chaire de recherche du Canada en observation de la Terre

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour observer la Terre à distance, on utilise des capteurs montés à bord de satellites. C'est ce qu'on appelle la télédétection. Ferdinand Bonn, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en observation de la Terre, explique les avantages de la télédétection : "La télédétection nous permet d'avoir une meilleure information pour prendre des décisions plus éclairées. L'information est exprimée sous forme cartographique et on obtient une grande partie des paramètres précis d'un milieu. On peut, par exemple, mesurer la pollution dans un milieu et en suivre l'évolution."

La télédétection est en fait une méthode d'analyse du milieu tout à fait indiquée pour l'étude des problèmes environnementaux. Selon Ferdinand Bonn, "il y a deux façons d'améliorer l'environnement : soit traiter les milieux pollués, soit traiter le problème à la source en réduisant les polluants. Pour réussir à traiter les problèmes de pollution à la source, il faut savoir où intervenir. Avec la télédétection, on produit des cartes, on peut savoir d'où viennent les polluants, par exemple dans un lac". La télédétection fournit aussi plusieurs autres paramètres. Le chercheur donne l'exemple des parcelles de terre polluées : "Dans ce cas, on peut savoir de quel endroit provient le polluant, mais aussi ce qu'on y cultive, l'orientation du labour et les techniques utilisées pour protéger le sol."

Avec le CARTEL

Les objectifs de la Chaire de recherche du Canada en observation de la Terre rejoignent ceux d'un important groupe de recherche de l'Université de Sherbrooke, le Centre d'applications et de recherches en télédétection (CARTEL). Ce laboratoire de télédétection, qui n'était formé que du professeur Bonn et de quelques étudiants dans les années 1970, est maintenant le plus important centre de recherche universitaire en télédétection au Canada. Le CARTEL a obtenu dans les dernières années d'importantes subventions de recherche et a connu beaucoup de succès dans la réalisation de projets internationaux. La Chaire de recherche du Canada vient accélérer le développement du CARTEL et permet à son titulaire de consacrer plus de temps à la recherche : "Le fait d'avoir obtenu cette chaire me permet de donner moins de cours, de réfléchir aux orientations du groupe de recherche, de me renseigner sur les dernières découvertes et de transmettre l'information à mes collègues. Je me vois comme un catalyseur dans l'équipe." La Chaire n'est pas seulement une reconnaissance et une aide financière pour le chercheur, une responsabilité sociale l'accompagne : "Je me dois de vulgariser, de faire des efforts particuliers de communication et d'encourager les échanges et les contacts internationaux", explique-t-il.

Les subventions qui accompagnent la Chaire permettront aussi la construction d'une station d'observation permanente. Cette station sera située sur le Campus principal et donnera aux chercheurs en télédétection la possibilité d'étudier des parcelles de sol et de végétation pour y contrôler des paramètres, comme l'humidité, la température et la biomasse. Un petit bâtiment y sera entouré d'appareils, des répliques miniatures de satellites, qui mesureront à distance l'information. Les étudiants en télédétection seront donc bien servis, tout comme les étudiants en biologie, qui s'intéressent à l'étude des flux d'énergie ou de certains parasites sur les cultures, et les étudiants en génie, qui analysent les effets du gel. Le chantier est déjà en marche sur le campus, près de la Faculté d'administration.

Tous ces nouveaux outils stimuleront la recherche en télédétection à l'Université de Sherbrooke. Le CARTEL regroupe maintenant une douzaine de professeurs et 50 étudiants. L'observation de la Terre est un domaine multidisciplinaire, ce que prouve l'équipe du CARTEL qui mise sur la conjonction du travail entre des physiciens, des mathématiciens, des spécialistes de la géographie physique et des sciences de l'atmosphère. De plus, ce centre de télédétection prend une place importante au sein du nouvel Observatoire de l'environnement et du développement durable, où il collabore avec des équipes de génie électrique et civil, de biologie et de mathématique et informatique.

Encore plus loin

Ferdinand Bonn se passionne pour la télédétection depuis son arrivée à l'Université. C'est à lui que l'Université de Sherbrooke doit le premier programme de doctorat en télédétection au Canada. Il est aussi impliqué dans le Réseau Télédétection, formé de chercheurs de la francophonie. Ce réseau permet, outre les échanges entre les groupes de recherche de partout au monde, l'organisation de colloques et la publication de manuels en télédétection pour la francophonie. En 1992, c'est Ferdinand Bonn et son collègue Guy Rochon que le Réseau Télédétection a mandatés pour écrire le premier précis de télédétection en français. Les deux volumes de ce livre sont rapidement devenus des classiques dans les universités francophones, si bien qu'ils sont toujours en demande. Ferdinand Bonn prépare actuellement une nouvelle édition de ce précis, à laquelle participe également Alain Royer, directeur du CARTEL.

Grâce à sa participation au Réseau Télédétection et à sa grande expertise, Ferdinand Bonn collabore aussi à de nombreux projets dans les pays en voie de développement. Il croit en ces projets "parce que les problèmes environnementaux sont souvent plus critiques et donc urgents à régler dans les pays en développement. Ces pays font aussi des requêtes à l'Université de Sherbrooke afin que nous les aidions à monter des laboratoires de télédétection chez eux". Que ce soit au Vietnam, au Maroc, en République dominicaine, au Burkina Faso, en Côte d'Ivoire, au Sénégal ou en Bolivie, l'équipe du CARTEL apporte son aide pour le développement de la télédétection dans les universités et participe à des échanges étudiants.

La Chaire de recherche du Canada en observation de la Terre et le CARTEL mènent maintenant toute l'équipe vers une meilleure compréhension des problèmes reliés aux changements climatiques, à la gestion de l'eau potable, à la conservation des sols, à la pollution et à la déforestation.

 

Toutes ses actions pour la recherche en télédétection ont valu à Ferdinand Bonn une reconnaissance importante. Le chercheur a reçu le prix Jacques-Rousseau (interdisciplinarité) de l'ACFAS, la Médaille d'amitié du gouvernement du Vietnam, une mention au prix Roberval du livre technologique francophone (Paris) et la médaille d'or de la Société canadienne de télédétection en 2001. Pionnier en recherche sur la télédétection au Canada, il fait partie de réseaux de chercheurs en observation de la Terre de partout au monde.

 

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