Sommets Vol. XIX No 1 - Hiver 2006


Au bout de la route, l'aventure…

par Sylvie Couture

Richard Rémy parcourt la planète au rythme de ses pas. «C'est la meilleure façon de voyager, d'atteindre des lieux inaccessibles par les routes, d'entrer en contact avec les gens, de prendre le temps de comprendre leur culture. Cette lenteur permet toutes les découvertes.» Quand la route s'achève pour les uns, l'aventure commence pour les autres...

 

Photo de Richard Rémy
Richard Rémy
Président fondateur
Karavaniers du Monde

Génie 1990

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  Pour moi, voyager n'a jamais été un divertissement; c'est un besoin. Au retour d'un voyage, je recommence à respirer seulement lorsque je connais la date de mon prochain départ.» Richard Rémy est un mordu, vous l'aurez deviné! Il arrive d'un séjour au Népal, 30 jours d'aventures et de découvertes, l'Himalaya, l'Everest, les sherpas; 22 jours de marche, deux cols, trois vallées, la neige, le froid, les avalanches, un groupe d'une quinzaine de voyageurs, sans compter les porteurs et tous ceux qui font de ce périple une aventure. Dans quelques semaines, il accompagne un autre groupe dans un tout nouveau circuit au Kenya et en Ouganda : 24 jours de forêts luxuriantes et de montagnes gigantesques, de safaris à la recherche des chimpanzés et des grands gorilles, de promenades dans la savane, d'escalades de pics majestueux. «Pour planifier l'itinéraire, j'ai passé deux mois là-bas à explorer les lieux et à essayer tout ce qui pouvait être intéressant», raconte-t-il comme un enfant à peine sorti de la caverne d'Ali Baba. Et l'adulte coupable ajoute : «C'est pas drôle une job comme ça!»

Ce job, Richard Rémy l'a créé lui-même en fondant, en 1998, Karavaniers du Monde, une petite agence spécialisée dans l'organisation de voyages d'aventure qui nécessitent un effort physique. La marche, le kayak de mer, le vélo ou l'alpinisme sont nécessairement au cœur des circuits, mais ils sont toujours le moyen, et non le but d'un voyage. «Les gens veulent de plus en plus des vacances actives, mais ils veulent également découvrir de nouvelles cultures et se détendre», explique celui qui gravit des montagnes en guise de promenade du dimanche. Est-ce que tous les circuits se transforment en exploit physique? «Certains sont exigeants, mais je ne peux pas qualifier de difficile un voyage en Crète, où l'on se promène de la mer à la montagne, en dormant dans de charmantes petites auberges et en dégustant la gastronomie de ce coin de pays.»

Une charte éthique, un contrat moral

Aujourd'hui, l'agence Karavaniers du Monde offre plus de 80 départs par année, vers une cinquantaine de destinations des quatre coins de la planète. Conçus pour des groupes de moins de 12 personnes, tous les voyages appellent à la découverte en évitant les sentiers battus, les lieux communs et les routes sans plaisir. Ils sont élaborés, testés et guidés par l'équipe de Karavaniers et, par-dessus tout, ils se font dans le respect des cultures, de l'environnement et du droit des peuples à gagner dignement leur vie. Cette préoccupation à l'endroit des pays visités a donné naissance à une première charte éthique québécoise relative aux voyages à l'étranger. Cette charte est en quelque sorte un contrat moral qui engage non seulement le voyagiste, mais également le voyageur.

Quand on demande à Richard Rémy ce qui l'a poussé à élaborer une telle charte, il s'enflamme : «La rage! Je sais, je ne serai pas politically correct en disant ça, mais ça m'enrage de voir que des voyagistes et des voyageurs ont une attitude de colonisateurs, même de colons, dans les pays qu'ils visitent. Il y a des limites à plaider l'ignorance! Le devoir de chacun est de s'informer afin de respecter les populations qui l'accueillent, de laisser un minimum de traces de son passage et de cesser de croire qu'après lui, c'est le déluge...»

La charte éthique comporte trois grandes sections. La première traite du respect des cultures et invite le voyageur à ne jamais oublier qu'il est un invité. La deuxième s'inspire du concept américain Leave No Trace, qui a pour but d'éviter ou de réduire au minimum l'impact des voyageurs sur les milieux naturels. La troisième vise à s'assurer que les retombées économiques de ce tourisme profiteront aux populations et aux pays visités.

Pour Richard Rémy, le respect des cultures doit primer sur tous nos comportements. «Il ne faut pas juger avec nos yeux d'Occidentaux. Il faut respecter nos hôtes et chercher à les comprendre, même si leurs comportements vont parfois à l'encontre de nos préoccupations environnementales ou sociales. Respecter, c'est aussi accepter que ces populations n'aient pas les mêmes préoccupations que nous au même moment que nous. Nous pouvons les sensibiliser, mais pas les juger. Laissons faire le temps.»

L'insolence de l'argent

Les circuits des Karavaniers du Monde visent la qualité de l'expérience à un prix juste. Les personnes qui peuvent se payer ces voyages sont néanmoins toutes riches par rapport aux populations visitées. Richard Rémy le rappelle aux voyageurs et s'indigne devant l'attitude de certains : «L'insolence de l'argent fait aussi partie de ma rage! Ce n'est pas parce qu'on a de l'argent qu'on peut tout faire.»

L'éthique fait partie de l'image de marque de cette agence. Son président précise que ce n'est pas seulement de la publicité. La charte est appliquée dans l'élaboration des voyages, et les voyageurs s'engagent à la respecter «Et je n'hésite pas à expulser ceux qui ne la respectent pas», ajoute-t-il sereinement. Avis aux intéressés…


 

 

Vox pop

L'éthique est-elle une responsabilité sociale ou individuelle?

L'éthique est d'abord une responsabilité individuelle, mais elle doit être appliquée en fonction de la collecti-vité. Il faut toujours penser aux autres.

R. Rémy

 

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