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Rendez-vous du 50e anniversaire des diplômés de 1964

Un vent de souvenirs heureux balaie l’Université de Sherbrooke

Trois fières diplômées de 1964 nous montrent leur nouveau diplôme : Claire Chalifoux, Louise Fontaine et Louise Gagné.
Trois fières diplômées de 1964 nous montrent leur nouveau diplôme : Claire Chalifoux, Louise Fontaine et Louise Gagné.

Photo : Julien Chamberland

Bien des diplômés de l’Université de Sherbrooke se souviennent d’avoir bravé des vents fantasques sur la colline universitaire. Le facteur éolien était bien présent au Campus principal lors de la collation des grades du 20 septembre 2014. Mais c’est le facteur humain qui a balayé le cœur de quelque 60 diplômées et diplômés de 1964 conviés au Rendez-vous du 50e anniversaire de leur diplomation.

L’événement leur a permis de partager leurs souvenirs, célébrer des amitiés durables, s’enorgueillir du chemin parcouru (par eux comme par leur alma mater), s’émerveiller de la relève, et de repartir comblés avec une réimpression officielle de leur diplôme, cueillie des mains de la rectrice, Pre Luce Samoisette.

Cap sur l’Université de Sherbrooke des années 1960

La Faculté des sciences en 1958.
La Faculté des sciences en 1958.
Photo : Archives de l'UdeS

«Lorsque je suis arrivé pour la première fois au campus de l’Université en 1959, il n’y avait qu’une bâtisse en plein milieu d’un champ et quelques chemins de terre. Au printemps, on se retrouvait avec de grandes flaques de boue où il arrivait de voir des étudiants patauger et des professeurs s’embourber avec leur voiture», se souvient le diplômé en génie Pierre F. Lemieux.

Pierre Bourassa
Pierre Bourassa
Photo : Julien Chamberland

«Nous étions de la première cuvée du Collège universitaire, raconte Pierre Bourassa. On innovait. Il n’y avait pas d’autre collège lié à une université au Québec.» Cette initiative lui vaudra un baccalauréat ès arts au bout de cinq ans de labeur et lui permettra de choisir la profession d’enseignant. «Mes parents ne voulaient pas me voir entrer à l’usine. Ils m’ont encouragé et mes études à l’Université de Sherbrooke m’ont permis de faire ce que j’aimais dans la vie.»

Louise Fontaine a reçu une réimpression d'un de ses cinq diplômes de l'UdeS. Elle est entourée de la rectrice, Pre Luce Samoisette, et du doyen de la Faculté d'éducation, Pr Serge Striganuk.
Louise Fontaine a reçu une réimpression d'un de ses cinq diplômes de l'UdeS. Elle est entourée de la rectrice, Pre Luce Samoisette, et du doyen de la Faculté d'éducation, Pr Serge Striganuk.
Photo : Julien Chamberland

«Déjà dans les années 60, on mettait la barre haute», témoigne Louise Fontaine, qui a été pensionnaire à l’École normale des Filles de la Charité, une voie prisée par les jeunes femmes qui voulaient enseigner et qui lui permettra d’obtenir un premier diplôme de l’UdeS, en pédagogie. Elle récidivera à plusieurs reprises, cumulant pas moins de cinq diplômes de son université. «Quand j’ai fait mon cours de formation des maîtres, on explorait de nouvelles méthodes d’enseignement privilégiant l’apprentissage de l’élève. Les cours étaient très dynamiques», poursuit l’éternelle étudiante, qui fréquente maintenant l’Université du 3e âge.  

J. Denis Belisle (à droite) en compagnie de Paul Gobeil, Grand ambassadeur de l'UdeS, et de Marie Deschamps, docteure d'honneur en droit de l'UdeS.
J. Denis Belisle (à droite) en compagnie de Paul Gobeil, Grand ambassadeur de l'UdeS, et de Marie Deschamps, docteure d'honneur en droit de l'UdeS.
Photo : Julien Chamberland

«Nous avions à cœur d’apprendre, mais aussi de contribuer à bâtir quelque chose, souligne J. Denis Belisle. Je me souviens de la camaraderie qui régnait entre nous, de la grande disponibilité des professeurs et surtout des amitiés solides que j’ai gardées depuis toutes ces années». Cet autre pionnier considère que l’Université de Sherbrooke lui a donné le goût d’aller plus loin. Il vivra environ 20 ans à l’étranger, voyagera dans plus de 100 pays et mènera une brillante carrière comme homme d'affaires, diplomate et haut fonctionnaire international. Effectivement, on peut dire qu’il est allé loin!

En 2008, son alma mater lui a décerné le titre d’Ambassadeur, une distinction réservée à de grands acteurs de la société qui font figure de modèles pour la relève et qui acceptent d'œuvrer comme porte-étendards de leur université à travers leurs activités et réseaux professionnels.

Louise Gagné
Louise Gagné
Photo : Julien Chamberland

Louise Gagné était aussi du genre à oser. Fille de cultivateur, elle avait environ 10 ans lorsqu’elle a annoncé qu’elle irait à l’université. «Je ne voulais pas mener le même genre de vie que les femmes de mon entourage. J’ai vécu à l’UdeS ma première socialisation élargie. Alors que le collège était le lieu de la conformité, l’université était le lieu des possibilités.» L’étudiante logeait dans le haut d’un hangar pour six dollars par mois. Sommairement chauffé, son réduit était, paraît-il, toujours plein d’étudiantes et d’étudiants. 

Dès la fin de ses études, elle s’est envolée pour le Rwanda aux côtés du Père Georges-Henri Lévesque, dominicain chargé de mettre sur pied la première université de ce pays. Elle poursuivra une carrière fructueuse, œuvrant en immigration, auprès des réfugiés et à la promotion des droits des femmes; cela en étant mère de cinq enfants.

Claude Francoeur
Claude Francoeur
Photo : Julien Chamberland

Claude Francoeur aussi est venu se chercher un avenir différent sur les bancs de l’Université de Sherbrooke. «J’ai commencé à travailler à la ferme familiale à cinq ans. Comme je réussissais bien à l’école, j’ai eu le privilège de poursuivre des études. Le lundi matin, je me rendais à l’UdeS sur le pouce et je revenais à la maison le vendredi à Saint-Félix de Kingsey.» À l’instar de J. Denis Belisle, M. Francoeur voulait que son université se développe. «Lorsque j’étais ingénieur chez Bombardier, j’ai été organisateur d’une campagne de financement de l’Université de Sherbrooke dans mon milieu de travail.»

Louise Couture montre l'album des finissants de la promotion 1964.
Louise Couture montre l'album des finissants de la promotion 1964.
Photo : Julien Chamberland

Les fiers représentants de la cuvée 1964 interrogés à l’occasion du Rendez-vous du 50e anniversaire conservent tous une appartenance marquée envers leur alma mater. L’époque qu’ils nous ont décrite ne manque pas de pittoresque : ambiance bon enfant, enseignants en soutane, cours de latin, danses interdites sur le campus, rivalité entre l’équipe de hockey de l’Université de Sherbrooke et celle de Bishop’s, etc.

De leur témoignage se dégage aussi un autre constat. Les caractéristiques qui forment l’essence de l’Université de Sherbrooke étaient déjà bien présentes au début des années 60, notamment le niveau élevé des apprentissages, une pédagogie axée sur la pratique, une grande convivialité entre étudiants et professeurs, et toujours, le sens de l’innovation et de l’audace.

 

Témoins d'une époque

«Je partais à 6h30 du matin de Windsor. Nous étions en cours de 8h30 à 16h30, parfois même jusqu’à 18h.[…] On était chanceux, mais pas nécessairement privilégiés. La vie était beaucoup plus simple qu’aujourd’hui.»
- Pierre Bourassa, baccalauréat ès arts

«Plusieurs de nos enseignants étaient des Frères du Sacré-Cœur. C’étaient de bons pédagogues. […] Quelques années après mes études en génie, alors que j’en étais à mes premières années comme professeur, j’arrivais sur le campus très tôt le matin. Il m’arrivait de voir des gars sortir par les fenêtres des résidences des filles, un lieu formellement interdit à la gent masculine à l’époque.»
-Pierre F. Lemieux, baccalauréat en génie (et professeur à la Faculté de génie pendant 45 ans)

«Les frais de scolarité s’élevaient à 365 $ pour l’année 1959-1960, soit en 1re année de génie. J’avais des prêts et bourses et je travaillais les fins de semaine dans un garage. C’était suffisant pour vivre.»
-Claude Francoeur, baccalauréat en génie

«Je me souviens d’avoir revu à la collation des grades de 1964 mes amies avec lesquelles j’avais passé quatre ans au pensionnat. Nous en étions à nos premières semaines d’enseignement. Les mêmes questions étaient sur toutes les lèvres : “Où enseignes-tu? ”, “Quelle matière enseignes-tu? ”»
-Louise Fontaine, baccalauréat en pédagogie

«En 1962, j’ai obtenu une permission spéciale du recteur, Mgr Irénée Pinard, pour étudier la philosophie, une matière offerte aux garçons et aux religieuses seulement. Si elles ont droit d’étudier la philo, moi aussi!, me disais-je alors.»
-Louise Gagné, baccalauréat ès arts

«Après mes études à l’UdeS, j’ai remporté une bourse d’études au doctorat, en concurrence avec des étudiants issus de 30 villes américaines et de quelques villes canadiennes. Aucun ne connaissait l’Université de Sherbrooke. Ça m’a fouetté, assez pour que je veuille qu’on respecte mon université.»
-J.Denis Belisle, maîtrise en commerce, Ambassadeur de l’UdeS nommé par la Faculté d’administration en 2008