Aller au contenu

Portrait de diplômée

Valérie Fontaine : « Quand on lit, on n’est jamais seul. »

Valérie Fontaine en direct pour l'heure du compte.
Valérie Fontaine en direct pour l'heure du compte.
Photo : Valérie Fontaine

Grand-papa et grand-maman sont à Baie-Comeau. Ils ne voient pas souvent leurs petits-enfants. Une fois par semaine, grand-papa et grand-maman sont avec eux pour l’Heure du conte, en direct, avec leur tablette électronique. À 18 h 45, ils se retrouvent sur Facebook pour écouter ensemble, en famille, l’histoire qui charmera l’imaginaire des tout-petits avant qu’ils ne s’envolent dans le pays des rêves. Quand papy et mamy ferment la tablette, quelques minutes plus tard, ils ont le cœur tout chaud. Comme chaque membre de la petite famille qui a partagé ce beau moment. Comme les centaines de familles blotties elles aussi dans cette bulle d’intimité.

Où la trouve-t-on cette bulle d’intimité? Chez Valérie Fontaine, qui réunit chaque semaine tout ce beau monde par le truchement de la technologie. Il suffit de se connecter sur la page Facebook de l’auteure au bon moment pour partir en voyage. En lançant cette initiative, Valérie partage sa passion et surtout, donne le goût de la lecture aux enfants.

« J’ai toujours aimé lire et je crois que l’enfance est le moment charnière pour développer l’amour de la lecture », explique Valérie Fontaine, diplômée de l’UdeS au baccalauréat en enseignement préscolaire et au primaire, cuvée 2004. Auteure et enseignante, elle est également mère de 3 enfants; elle sait ce que l’heure du dodo implique. « Ça doit rester simple, lire une histoire, ça peut être simple! »

Le lit de Delfouine par Valérie Fontaine.
Le lit de Delfouine par Valérie Fontaine.

Un soir d’avril, inspirée par le concept de l’heure du conte, Valérie décide de lire une histoire en direct sur Facebook. « Au départ, c’était très informel. J’ai annoncé le lundi matin que j’allais lire mon livre Le lit de Delfouine le lendemain sur Facebook à 19 h. En me connectant 15 minutes à l’avance, j’ai pu dire bonjour aux parents et enfants connectés pour écouter l’histoire en direct. Je me suis rendu compte qu’il y avait là un moment privilégié et intime avec les familles. On dit que la technologie est froide et qu’elle nous détourne des contacts humains, mais cette manière de fonctionner crée un vrai contact. Ce sont 460 familles qui se sont branchées dès le premier soir. » Une tradition venait de naître.

Des centaines d’amis

L'heure du conte de Valérie Fontaine attire en moyenne 440 familles connectées en direct.
L'heure du conte de Valérie Fontaine attire en moyenne 440 familles connectées en direct.
Photo : Valérie Fontaine

Assise dans son salon en direct sur Facebook, Valérie offre gratuitement un spectacle privé de 10 à 15 minutes. Pas d’effets spéciaux, pas d’animation particulière, pas de déguisement! L’heure du conte met la lecture à l’honneur et donne aux enfants l’envie de lire. L’activité aide également à rendre la littérature jeunesse accessible. Dans le lit avec la tablette, sur la grande télévision, parfois sur l’ordinateur, les familles se connectent le temps d’un court récit. Le livre choisi est annoncé le jeudi, ce qui donne le temps de se le procurer pour le mardi suivant. Valérie montre les pages du livre à l’écran et tout le monde peut suivre. Maintenant partie intégrante de la routine des parents et enfants qui la suivent sur Facebook, l’heure du conte montre aux enfants qu’il y a des auteurs, du « vrai monde » derrière les histoires.

« Je reçois beaucoup de remerciements de la part des enfants eux-mêmes, nous apprend Valérie. Les parents, eux, sont reconnaissants. Certains parents me disent qu’ils ne sont pas bons pour lire, qu’ils ne veulent pas changer leur voix, qu’ils ne savent pas quelle histoire raconter. Si les parents s’habituent à lire une histoire à l’heure du dodo, déjà l’amour de la lecture s’installe. J’aime avoir l’occasion de donner des idées aux parents, de les aider. »

Au dernier Salon du livre de Montréal, beaucoup d’enfants sont venus la voir dont certains lui ont littéralement sauté dans les bras « parce qu’ils sont des amis ». En direct le matin, Valérie a lu une histoire devant un groupe d’enfants présents au Salon, le tout retransmis en direct sur sa page Facebook. « C’était une belle expérience d’avoir un public à la fois sur place et à distance! »

Valérie sème sa trace

Photo : Valérie Fontaine

Les maisons d’édition emboîtent le pas, car Valérie les inclut aussi dans son projet. Le livre québécois reste son choix numéro un, mais elle aime faire des découvertes et aimerait aussi lire des livres provenant d’Europe. Les éditeurs lui proposent des livres, mais elle se garde un droit de regard. Elle choisit ses coups de cœur et ne lit jamais une histoire qu’elle n’aime pas. La conteuse a donc plein d’histoires dans son sac.

Certains enseignants au préscolaire et au primaire ont ajouté l’heure du conte comme devoir aux élèves. Parfois, des classes complètes l’écoutent. En bonne pédagogue, Valérie diffuse une capsule en ligne le vendredi, aux deux semaines, contenant du matériel utilisable en classe pour ceux qui n’ont pas accès à Facebook.

Valérie tient à continuer cette expérience. Elle privilégie le moment, le rendez-vous. Elle ne veut pas nécessairement avoir une chaîne sur YouTube. Son idée a beaucoup de potentiel dans sa forme actuelle et rencontre un public enthousiaste. Un concept éducatif, ludique, qui rassemble des centaines de personnes conquises : c’est presque aussi puissant qu’une baguette magique!

Originaire de Hull en Outaouais, elle a grandi en Montérégie, puis en Estrie. Sa mère, Denise Duquette, est retraitée de l’Université de Sherbrooke où elle travaillait comme technicienne en documentation et au catalogage dans les bibliothèques du campus principal. L’amour de la lecture, c’est une histoire de famille.


Informations complémentaires