Portrait d'une diplômée, Lauren Kwiatek
Une détermination qui repousse les frontières physiques et scientifiques
Native du nord de la France, plus principalement de Lille, non loin de la frontière belge, Lauren avait toujours porté le souhait de venir à la rencontre du Canada. À la suite de sa licence en biochimie, obtenue à l’Université d’Artois située dans les Hauts-de-France, elle a fait une maîtrise à l’Université de Lille en biotechnologies (protéomique), laquelle lui offrait la possibilité de faire deux stages longs à l’étranger. Elle a donc saisi cette occasion pour survoler l’océan atlantique et rejoindre le Québec.
Bien que l’Université de Sherbrooke était sa destination de prédilection, son permis de stage en main, c’est à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) que l’expérience a débutée. Elle y a fait son premier stage. Puisqu’elle aspirait à faire son second stage aux côtés de François Bachand, professeur au département de biochimie et de génomique fonctionnelle à la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’UdeS, elle devait réussir à se doter d’un permis de travail, ce qui fort malheureusement pour Lauren, ne figurait pas au tableau de la simplicité.
En fait, c'est là que l'histoire s'est corsée. Permis de travail ouvert était synonyme de tirages au sort. Je n’avais donc aucune certitude d’obtenir ce type de permis, et encore moins dans les délais requis, afin de pouvoir débuter mon stage au moment venu. Pour cette raison, j’ai décidé d’ouvrir plus de portes en cherchant un stage en France. Bien sûr, en espérant toujours figurer éventuellement parmi les heureux élus de ces tirages.
Lauren Kwiatek
Le temps filait et le hasard ne semblait toujours pas vouloir jouer en sa faveur. Alors que la chance se laissait désirer, l’Université de Strasbourg, elle, s’était manifestée. Un stage lui était donc offert au nord-est de la France. C’est là qu’une intuition avait murmuré à l’oreille de Lauren que du moment qu’elle enverrait sa convention de stage signée à cette université, son nom sortirait du chapeau. Et ce qui devait arriver arriva. Elle fut pigée après avoir entamé des démarches en France. Pour cette raison, un réel dilemme venait de trouver refuge en son for intérieur. Qu’allait-elle faire?
Après mûres réflexions, elle décida de donner suite à son engagement auprès de l’Université de Strasbourg tout en mentionnant cependant que son souhait était de renouer avec le Québec par la suite pour y faire un doctorat. Ce trait de franchise lui aura donné un brin de fil à retordre durant son stage. L’idée de former une étudiante qui n’allait pas rester ne semblait pas satisfaire les gens à la tête du laboratoire. Raison pour laquelle son expérience s’est malencontreusement transformée en un long moment désagréable.
C’est donc en 2018, marquée par ce stage pour le moins particulier, qu’elle a retraversé l’océan atlantique, mais cette fois avec un goût amer pour les sciences. Elle a rejoint le Pr Bachand dans son laboratoire, situé au Pavillon de recherche appliquée sur le cancer (PRAC) de l’UdeS, en lui avouant que son intérêt pour les sciences semblait s’être dissipé. Ce qui n’était pas de bon augure, doit-on le dire, pour entreprendre un doctorat. Axés sur les solutions, le Pr Bachand et son assistant de recherche se sont alors donné comme mission de lui redonner goût à la science avec un stage. Lauren a accepté volontiers, et au bonheur de tous, cette expérience fut finalement un franc succès. C’est alors qu’elle a décidé d’entreprendre une 2e maîtrise plutôt qu’un doctorat, mais cette fois en biochimie.
Les études à l’UdeS sont très intéressantes, car la pratique accompagne la théorie, ce qui permet d’appliquer rapidement ce que l’on apprend, et donc, de se développer plus rapidement. Un projet nous est dédié et on le fait avancer concrètement. C’est donc dire qu’on plonge directement dans le milieu professionnel. J’ai même eu l’occasion de former deux stagiaires, ce qui m’a permis de découvrir que j’aime partager mon expérience et transmettre des connaissances aux autres. C’était un défi pour moi, qui au final, m’a beaucoup apporté.
Lauren Kwiatek
Concrètement, durant sa maîtrise, Lauren travaillait à comprendre les mécanismes de contrôle qualité d'une protéine, liant les queues poly(A) des ARN, qui lorsqu'elle est mutée dans son gène, provoque la dystrophie musculaire oculopharyngée (DMOP).
Reconnaissante, elle souligne avoir eu le privilège d’être accompagnée par un mentor d’exception, Benoît Laurent, également professeur au département de biochimie et de génomique fonctionnelle à la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’UdeS. Lorsque les travaux avançaient moins vite, leurs discussions scientifiques laissaient émerger des idées intéressantes afin de faire progresser les recherches. D’ailleurs, ses travaux ont permis de réaliser un papier scientifique, et potentiellement, un 2e papier scientifique verra le jour d’ici les prochaines années sur ce même projet.
Puis, il y a eu la pandémie. Elle a frappé, durement. Et par le fait même, écorchée la certitude qu’avait Lauren, soit celle de s’établir de façon définitive au Québec. En pesant le pour et le contre, elle a décidé de suivre son instinct premier et d’initier les démarches afin de demander sa résidence permanente.
Véritable coup de cœur, le Québec l’a emporté sur la France. Lauren avoue même « ne plus se sentir française dans l’âme et ne plus se sentir chez elle là-bas. » Ma venue au Québec a tellement été bénéfique, je ne suis plus la même femme, je me suis réellement émancipée, souligne-t-elle.
À la suite de sa maîtrise à l’Université de Sherbrooke, une bonne nouvelle s'est présentée sur son chemin. La vie s’est chargée de lui offrir une belle continuité au laboratoire Bachand, comme assistante de recherche. Pour cette raison, de la maîtrise au marché du travail, elle n’a pas réellement l’impression d’avoir quitté les études. D’autant plus qu’elle travaille toujours sur le même projet!
Dans l’avenir, elle aimerait s’établir dans la ville de Québec et explorer l’avenue professionnelle de l’industrie, sans pour autant avoir d’entreprises en tête. Sans l'ombre d'un doute, elle porte un regard positif sur le futur, ici, au Québec, sa terre d’accueil devenue sa nouvelle « maison ».