Santé et mieux-être des Premiers Peuples
Pour jouer un rôle nécessaire à la réconciliation
Le 13 avril dernier, plus de 150 membres du personnel et de la communauté facultaire étaient présents (ou connectés!) pour la conférence de Dr Samir Shaheen-Hussain, accompagné de Dre Raven Dumont-Maurice, organisée dans le cadre des Grandes Conférences de la FMSS, à l'initiative du Département de pédiatrie, en collaboration avec le Bureau de la responsabilité sociale (BRS).
La conférence a été introduite par M. Samuel Dupont, abénaki, étudiant en 3e année de médecine, qui a souhaité la bienvenue à toutes et tous en territoire abénaki.
Prendre conscience
Dr Shaheen-Hussain a publié en 2020 l’essai percutant Plus aucun enfant autochtone arraché : Pour en finir avec le colonialisme médical canadien. En tant que pédiatre urgentiste à l’Hôpital de Montréal pour enfants, il s’est impliqué activement comme leader de la campagne #TiensMaMain lancée en 2018 pour dénoncer la règle de non-accompagnement alors en vigueur qui empêchait les parents d’enfants évacués d’urgence par voie aérienne pour recevoir des soins médicaux de monter dans le même avion. Les communautés autochtones du Nord québécois étaient touchées de manière disproportionnée par ce règlement.
Cette situation illustre comment une personne professionnelle de la santé peut contribuer à changer un système où des déterminants structurels affectent négativement la santé. Le conférencier a retracé des faits dérangeants de l’histoire canadienne : les injustices envers les enfants autochtones et leurs familles.
Il a rappelé que, pendant des années, des enfants autochtones sont disparus après avoir été envoyés à l’hôpital pour y être soignés sans leurs parents. Parmi eux, certains ont été adoptés sans le consentement de leurs parents. D’autres ont perdu la vie sans que leurs proches en aient été avertis. Cette triste histoire a été racontée dans le livre Auassat : À la recherche des enfants disparus de la journaliste Anne Panasuk.
Ces exemples et d’autres relatés par Dr Shaheen-Hussain ont permis de prendre conscience d’une partie de l’histoire de la médecine méconnue et même niée. Il a amené l’audience à saisir les impacts encore présents à ce jour de l’héritage colonial dévastateur, notamment dans le système de santé et de service sociaux et dans le secteur de l’éducation.
Sensibilisation et mobilisation
Les participants ont été ébranlés, et des voies ont été proposées pour réparer les torts et pour éviter que ces injustices ne se perpétuent. Les formations en sécurisation culturelle en sont un exemple. Le conférencier a interpellé l’auditoire : « Comment s’assurer que chaque autochtone puisse nous [personnel de la santé] faire confiance? » M. Kevin Bacon, innu et membre du groupe de concertation en santé et mieux-être des Premiers Peuples du BRS, a exprimé le souhait d’aller au-delà de la honte et de la culpabilisation, d’apprendre à mieux se connaître et de travailler ensemble à ce que toutes les personnes autochtones retrouvent leur fierté.
Soulignons que Dre Raven Dumont-Maurice, experte de contenu pour la santé des Premières Nations et des Inuits du Québec pour la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université McGill, Campus Outaouais, avait bien mis la table à travers ses expériences personnelles relatant les préjugés dont elle a été témoin envers les membres des Premiers Peuples.
Il importe de procéder à une sensibilisation et à une mobilisation accrue de l’ensemble de la communauté facultaire pour appliquer le Principe de Joyce en enseignement, en recherche et dans les soins. Les membres pourront ainsi jouer un rôle plus actif dans les changements nécessaires pour éliminer la discrimination et pour soutenir la réconciliation avec les Premiers Peuples.
Pre Sharon Hatcher, doyenne associée au Saguenay – Lac-Saint-Jean et adjointe à la direction du Bureau de la responsabilité sociale pour la thématique Santé et mieux-être des Premiers Peuples.
Dr Shaheen-Hussain a profité de sa présence pour rencontrer les membres du Département de pédiatrie, des membres facultaires, ainsi que plusieurs invitées et invités innus et abénakis, dont des personnes étudiantes de la FMSS et du Groupe d’intérêt étudiant en santé autochtone (GISA).
Cérémonie de guérison
À la suite de la conférence, l’aîné innu et porteur d’objets sacrés M. Grégoire Canapé, accompagné de son fils M. Tshiueten Canapé, a mené une cérémonie de guérison en présence du doyen Dominique Dorion, d’une trentaine de membres de la FMSS et de la nation Innu venus de Saguenay pour cette journée. Plusieurs membres du Département de pédiatrie étaient présents pour cette cérémonie de guérison initiée à la suite de la découverte récente de sépultures anonymes d’enfants autochtones disparus près d’anciens pensionnats fédéraux.
Sous le tambour, les chants, la danse et le partage, la cérémonie a permis de se tendre la main pour regarder vers l’avant et travailler ensemble pour le mieux-être des Premiers Peuples.
Cette cérémonie a été une occasion unique de vivre et d’apprécier la richesse des savoirs traditionnels autochtones dans un processus de guérison. Un moment de partage significatif et essentiel vécu par les personnes présentes avec sensibilité et humilité.
Ce type de rencontre et d’échange se reproduira à la FMSS. Pour la Faculté, il s’agit de la première étape fondamentale pour développer et pour approfondir des relations de partenariat significatives avec les personnes et communautés des Premiers Peuples. La FMSS s’est engagée en ce sens dans le contexte clinique, d’enseignement et de recherche.
Pre Luce Pélissier-Simard, directrice du Bureau de la responsabilité sociale