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Nouvelles recherches sur la structure de l’ARN

Mieux comprendre le développement de certaines maladies dont le cancer

Le professeur Jean-Pierre Perreault
Le professeur Jean-Pierre Perreault

De nouvelles recherches fondamentales visant à mieux comprendre le développement de certaines maladies. Voilà le mandat de la Chaire de recherche de l’Université de Sherbrooke sur la structure et la génomique de l’ARN. Des chercheurs travailleront à identifier et à comprendre l’impact des motifs structuraux qui contrôlent le cycle de vie des ARN. Les travaux, d’une durée de sept ans, porteront principalement sur l’impact de la structure de l’ARN dans le développement du cancer.

Les travaux se feront sous la direction du titulaire Jean-Pierre Perreault, professeur au Département de biochimie. La création de cette chaire s’appuie sur un investissement d’environ 1,8 M$ provenant de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke et du Fonds commun en santé de La Fondation de l’UdeS.

L’ARN messager : un composé clé pour prévenir le développement de maladies

Les molécules d’ARN sont des intermédiaires entre notre matériel héréditaire, appelé l’ADN, et les macromolécules de la cellule accomplissant les réactions chimiques nécessaires chez un être vivant. Le professeur Jean-Pierre Perreault s’intéresse particulièrement à l’ARN messager (ARNm). Il cherche à comprendre et à prédire l’effet des changements de séquences génétiques, c’est-à-dire les mutations, sur la structure tridimensionnelle et la fonction biologique des ARNm.

«Pour imager ma recherche, nous pourrions comparer l’ARNm et sa séquence primaire à un fil de métal pourvu d’un code. Ce code influencera la manière dont le fil se repliera sur lui-même pour former une clé, soit une structure en deux et trois dimensions qui permet de donner une forme à la clé. Cette dernière pourra ensuite reconnaître la serrure et exercer sa fonction biologique, explique Jean-Pierre Perrault, qui est également chercheur au Centre de recherche clinique Étienne-Le Bel du CHUS.

«Lorsqu’un problème survient dans le code initial, cela peut avoir des conséquences graves sur la santé humaine, précise le professeur Perreault. Par exemple, certaines mutations qui altèrent la structure des ARNm ont pour effet de réduire considérablement la synthèse de certaines protéines essentielles pour les cellules humaines. Ces mutations seraient à la base du développement de différentes maladies.»

Les recherches tentent de prédire comment des changements dans le code affecteront la structure de la molécule et, éventuellement, sa fonction. Ce travail de recherche fondamentale vise à prévenir le développement de pathologies telles que le cancer du sein, le syndrome du X fragile, les désordres affectifs bipolaires et la maladie d’Alzheimer, pour ne nommer que quelques exemples. Jean-Pierre Perreault espère qu’un jour ses recherches pourront permettre de développer des agents thérapeutiques pour contrer la maladie.

Pour sa part, le doyen de la Faculté de médecine et des sciences de la santé, Pierre Cossette, souligne l’importance de ces travaux de recherche fondamentale : «Cette chaire permettra de répondre à des questions aussi bien dans les domaines de la biologie moléculaire et de la génétique que de la biochimie structurale. Les travaux permettront de mieux comprendre le développement de certaines maladies, comme les infections virales et le cancer, et pourraient être à la base de futurs outils de diagnostic et de traitement dans ces maladies.»

«Cette chaire fait suite à la Chaire de recherche du Canada en génomique et ARN catalytique, que le professeur Perreault a dirigée de 2005 à 2012, précise le vice-recteur à la recherche, Jacques Beauvais. Grâce à l’excellence de ses travaux, Jean-Pierre Perreault est aujourd’hui un expert reconnu à l’échelle internationale qui compte plus d’une centaine d’articles scientifiques à son actif. Cette nouvelle chaire offrira un environnement de formation des plus stimulants à un nombre important d’étudiantes et d’étudiants de tous les niveaux.»

«Depuis plus de 50 ans, La Fondation de l’Université de Sherbrooke appuie les initiatives mises en place dans les neuf facultés de notre institution, indique son directeur général, François Dubé. Outre le soutien à la réussite étudiante et à l’enseignement de haut calibre, La Fondation encourage la création de nombreuses chaires de recherche qui permettent à l’Université de se distinguer sur le plan international.»

Qu’est-ce que l’ARN?

L’acide ribonucléique (ARN) est une molécule qui a la même structure fondamentale que l’ADN, mais qui ne comporte en principe qu’une seule chaîne. L’ARN transmet les ordres de l’ADN pour diriger la formation de molécules que l’on appelle protéines, qui sont nécessaires à la construction de l’organisme. Les ARN correspondent à des copies de certaines régions de l’ADN. Mais tout l’ADN n’est pas copié en ARN : seuls les gènes actifs sont copiés. L’ARN messager, soit l’acide ribonucléique messager, est une «copie» d’un gène, destinée à être lue par les ribosomes pour permettre la synthèse d’une protéine.