JOURNÉE INTERNATIONALE DES FEMMES | 8 MARS 2020
Des diplômées qui rayonnent ici et ailleurs
Le 8 mars, c’est la Journée internationale des femmes. On a profité de l'occasion pour souligner le parcours de trois de nos diplômées qui rayonnent au-delà des frontières avec leur carrière atypique.
D’un côté, deux amies qui laissent le 9 à 5 pour se lancer en affaires en mode « nomade numérique ». De l’autre côté, une jeune diplômée qui débute sa carrière en partant travailler en Afrique du Sud. Voici le témoignage de ces femmes aux ambitions inspirantes.
SAFIA DODARD (ADMINISTRATION 2010) ET EMILIE ROBICHAUD (COMMUNICATION 2009, ADMINISTRATION 2010) | NOMAD JUNKIES
Le téléphone sonne. À l’autre bout du fil, Safia est à Melbourne en Australie… Elle me confirme avoir rencontré Emilie pendant leur maîtrise en 2009. Après avoir passé quelques années à travailler de manière conventionnelle au Québec, les deux amies ont fondé Nomad Junkies. Le projet est né dans un autobus en Équateur. Safia m’explique sa réalité : « Les gens pensent qu’on fait juste voyager, mais en fait, on habite à l’étranger en gérant notre compagnie. » Quand les filles reviennent au Québec, elles vivent ce qui s’apparente à un voyage d’affaires. Elles ont des meetings, rencontrent des partenaires, s’occupent de leurs relations médias et coordonnent leurs événements. Six ans après sa création, Nomad Junkies est en pleine expansion et Safia et Emilie concrétisent leurs aspirations.
Safia, quel est le but, la motivation, derrière Nomad Junkies ?
Nomad Junkies c’est bien plus qu’Emilie et moi… c’est une communauté de plus de 100 000 personnes sur toutes nos plateformes de médias sociaux qui partagent cette même passion du voyage que nous. En 2014, quand nous avons toutes les deux fait le grand saut en tant que jeunes professionnelles pour partir voyager à temps plein, c’était encore tabou au Québec. Aux États-Unis, c’était une tendance grandissante. N’ayant trouvé aucun modèle québécois qui prônait ce mode de vie, nous avons décidé qu’on allait s’approprier ce marché. Mon rêve était de voyager au-delà des 2-3 semaines par année qui m’étaient accordées. Je voulais faire du voyage ma vie, mais pour ce faire, je me devais de bâtir mon propre modèle d’affaires. Emilie, avec qui j’avais étudié à la maîtrise, faisait déjà des contrats en mode nomade numérique donc c’était un partenariat naturel. Les deux, nous n’avions pas envie d’attendre à la retraite pour assouvir notre besoin de voir le monde.
Au-delà de partager nos histoires comme on aurait pu le faire sur un blogue de voyage personnel, on voulait lancer une plateforme qui donnerait les outils aux gens pour réaliser leurs propres rêves de voyage. On se positionne donc comme un magazine web de lifestyle voyage. On souhaitait donner une voix à ce besoin grandissant que les milléniaux (notre génération) avaient de voyager plus loin, plus longtemps et plus souvent. Au fil des années, on s’est entourées d’une équipe de plus de 35 collaborateurs qui parcourent les quatre coins de la planète pour nous inspirer au mode de vie nomade. Au-delà du numérique, on a aussi organisé des Nomad Talks en personne à Montréal, à Québec, à Sherbrooke, à Ottawa et on ira bientôt à Calgary.
Est-ce qu’on se tanne de voyager parfois ?
Ça dépend quel type de voyage. Après 6 ans sur la route, je n’apprécie plus autant les voyages « rush » où on change de destination à chaque 2-3 jours. C’est épuisant et avec notre modèle d’affaires, comme on travaille à distance de façon décentralisée, ce n’est pas soutenable. Voyager perd tout son charme lorsqu’on passe tout son temps stressé. Maintenant, on privilégie davantage le « slow travel ». La beauté d’être une nomade numérique, c’est d’être « location-independent », c’est-à-dire d’avoir le luxe de choisir où l’on veut vivre et travailler. Je me trouve privilégiée de pouvoir choisir l’emplacement de mon bureau, que ça soit avec une vue sur les rizières de Bali ou d’une villa dans les montagnes au Monténégro. En ayant plus de temps à chaque endroit qu’on visite, on peut ainsi en profiter pour absorber davantage la culture, se lier d’amitié avec les gens locaux et découvrir des endroits paradisiaques plus reculés des circuits touristiques traditionnels. C’est de cette façon qu’on garde cette flamme du voyage toujours allumée et qu’on ne se tanne pas de voyager. Ce qui est encore plus frappant, c’est le choc culturel inverse. Après autant de temps passé à voyager et à s’ouvrir sur le monde, c’est difficile de revenir à la réalité du monde occidental avec la surconsommation et la superficialité des relations humaines. Le voyage nous change en tant qu’individu et lorsqu’on revient à notre routine, on se rend compte qu’au final, rien n’a vraiment changé autour de nous… J’ai encore beaucoup trop d’endroits que je veux explorer autour du monde pour dire que je suis tannée de voyager !
En quoi votre formation universitaire vous a-t-elle aidées ?
C’est génial de pouvoir utiliser nos apprentissages sur notre propre entreprise. La valeur que nous créons nous revient directement à NOUS pour réaliser NOS rêves. Nomad Junkies est né d’une vision commune du voyage qu’Emilie et moi partageons depuis le tout début. Il n’y a personne de mieux placé que nous, diplômées de la maîtrise en communication marketing, pour promouvoir notre produit. C’est l’union de ces deux passions, le voyage et le marketing, qui est derrière le succès de Nomad Junkies et qui nous a donné une bonne longueur d’avance comparativement à une personne sans background en communication ou en marketing qui tente de lancer son propre magazine web. Par ailleurs, ça nous a touchées de revenir à Sherbrooke pour un Nomad Talks et de rejoindre la communauté étudiante à laquelle on appartient comme diplômées.
Quelles sont vos aspirations pour les prochains mois, les prochaines années ?
Nous venons de lancer deux nouvelles plateformes propulsées par Nomad Junkies : Nomad Minis pour les familles accros au voyage ainsi que Les Délivrés pour les voyageurs de 50 ans et plus. Nous sommes vraiment excitées de pouvoir toucher à encore plus de gens passionnés par le voyage et par le fait même, de démocratiser le voyage indépendant auprès de toutes nos communautés. Notre but est de devenir le plus important média indépendant francophone dans l’industrie du voyage.
MARIE-EMMANUELLE BOSSÉ (COMMUNICATION 2019) | COCO SAFAR
Même par vidéoconférence, à 13 000 km de distance, l’épanouissement de Marie-Emmanuelle se fait sentir jusque dans mon bureau de l’Université de Sherbrooke. La jeune femme de 23 ans a tout quitté pour se joindre à l’équipe du café Coco Safar en Afrique du Sud. « Je n’ai pas le temps de m’ennuyer », m’avoue-t-elle. En 5 mois, elle est devenue une membre clé. En plus d’agir comme gestionnaire du restaurant, des employés, des événements et de superviser les communications, elle se prépare pour des projets d’expansion de grande envergure.
Marie-Emmanuelle, c’était comment de débuter sa vie professionnelle à l’extérieur du Québec ?
Pour dire vrai, un peu stressant. Lorsque j’ai reçu l’offre d’emploi pour venir travailler en Afrique du Sud, j’avais seulement 48 heures pour donner ma réponse. Si j’acceptais, cela signifiait de quitter mon emploi et mon appartement au Québec en plus de m’éloigner de ma famille et de mes amis, bref de tout mon confort. Si je refusais l’offre, je maintenais tout ce que je connaissais et m’enlignais sur la voix plus traditionnelle ; celle de se trouver un emploi en communication dans une grosse boîte à Montréal. Je peux dire que d’avoir choisi de sauter dans le vide a été la bonne décision. Ça fait peur, oui. Ça prend de l’adaptation, oui. Mais oh combien je suis reconnaissante d’avoir pris cette opportunité qui a été mise sur mon chemin à la fin de mon baccalauréat ! Je crois que de commencer sa vie professionnelle à l’extérieur du Québec est une chance en or. L’Afrique du Sud, c’est une expérience professionnelle formidable, mais je suis encore plus reconnaissante pour l’expérience personnelle que cela me permet d’acquérir chaque jour.
Qu’est-ce qui te marque le plus en travaillant en Afrique du Sud ?
L’Afrique du Sud est un pays qui est encore à ce jour très divisé. Les écarts salariaux sont énormes, les inégalités et les tensions raciales le sont tout autant. Malheureusement, il y a aussi beaucoup de violence et d’instabilité.
Je crois que ce qui m’a le plus marquée, c’est à quel point la culture fait une réelle différence dans la manière de travailler. Ce n’est ni bien ni mal. On réalise simplement que la culture influence la réalité quotidienne des individus, ce qui affecte par le fait même les relations de travail. Ma mission en arrivant ici, c’était d’implanter une vision nord-américaine du service client en restauration. Je me suis vite rendu compte que je ne pouvais pas influencer une culture sud-africaine omniprésente, mais que je devais plutôt trouver un bon équilibre entre l’adaptation et la quête de l’amélioration. Par exemple, le rythme de la vie est beaucoup plus lent ici; l’efficacité et la productivité ne sont pas aussi valorisées qu’au Canada. Le contexte politique et les lois du travail sont bien loin de ce que j’avais vu avant. La criminalité affecte aussi nos employés. Quand l’un d’eux m’a avoué ne pas pouvoir rentrer au travail parce que son petit frère venait de se faire tuer, j’ai compris que les enjeux quotidiens seraient complètement différents de tout ce que j’avais connu. Certaines réalités sont horribles, mais il faut que je continue à travailler et à apprécier le beau de cette culture; et du beau, il y en a énormément. Je ne viens pas d’ici, ce qui me permet généralement de me détacher des enjeux historiques qui causent des tensions dans le pays. Toutefois, je demeure humaine et je me dois de jongler entre mon empathie et mon rôle de gérante. Au final, cette influence de la culture ne fait que rendre mon milieu unique et authentique.
Comment envisages-tu les prochains mois, les prochaines années ?
Coco Safar, la compagnie pour laquelle je travaille présentement, ouvre plusieurs restaurants à l’international cette année. J’ai la chance de faire partie de l’équipe d’ouverture de ces nouvelles succursales. Au cours des prochains mois, je me promènerai donc entre Cape Town, Los Angeles, Riyad et New York. Je suis très excitée par cette opportunité. C’est une chose de pouvoir voyager partout dans le monde, mais c’est encore mieux lorsqu’on peut le faire en faisant ce qu’on aime vraiment. Je crois fermement que la vie fait bien les choses. Les prochaines années me diront si ce chemin est fait pour moi, ou si une autre opportunité se présentera.
Et si on revenait à la base en terminant... Que retires-tu de ton bac à Sherbrooke ?
Mes trois années à l’Université de Sherbrooke ont été formidables. Avant de commencer mon baccalauréat, j’avais un peu de difficulté à comprendre ce que les gens voulaient dire par le #Sherbylove ; et bien maintenant, je comprends! La vie étudiante, l’excellence des cours, les professeurs dévoués et compétents qui veulent nous faire apprendre, repousser nos limites et nous ouvrir à différentes opportunités, ce n’est qu’une parcelle de ce qui fait de l’Université de Sherbrooke un endroit de choix pour tout étudiant local ou international. Mes moments passés et les personnes que j’ai eu la chance de rencontrer lors de mon passage à Sherbrooke resteront à tout jamais gravés dans ma mémoire. Le baccalauréat en communication de l’Université de Sherbrooke est très diversifié, ce qui donne aux étudiants la possibilité d’expérimenter divers domaines du monde de communications, pour éventuellement déterminer ce qu’ils désirent accomplir. Ça m’a permis d’entamer ma vie d’adulte avec des compétences très vastes qui m’ouvrent aujourd’hui plein de portes.