Créateurs et créatrices d'innovation
Pre Isabelle Lacroix : une conversation pour l’avenir de la société
Professeure agrégée et directrice de l’École de politique appliquée, au sein de la Faculté des lettres et des sciences humaines, et co-directrice de l’axe Impacts, Usages et Société de l’UMI-LN2.
Années au 3IT : 3e
Formation :
- 2012 – Doctorat en gestion de l'éducation et de la formation, Université de Sherbrooke.
- 2008 – Diplôme de 3e cycle en pédagogie de l'enseignement supérieur, Université de Sherbrooke.
- 2001 – Maîtrise en science politique, Université de Montréal.
- 1999 – Baccalauréat multidisciplinaire cheminement en politique appliquée, Université de Sherbrooke.
Quel est votre mandat actuel au 3IT?
Mon mandat, en tant que co-directrice de l’axe Impacts, Usages et Société, consiste à faciliter la conversation autour des technologies, mais surtout autour de leur mise en société. Je m’intéresse à tout ce qui touche la régulation publique, ce qui encadre le développement technologique, telles les politiques de recherche et d’innovation.
Je désire voir de quelle façon nos gouvernements conçoivent le développement technologique à travers ces politiques d’innovations. J’analyse aussi la façon dont les communications sociales et politiques peuvent être refaites du côté des technologies quantiques, en plus de travailler de concert avec le bureau du scientifique en chef pour comprendre la posture politique des chercheurs.
J’estime que mon rôle se déploie, ici, au 3IT, notamment via le UMI-LN2, car c’est un endroit qui favorise le contact entre les disciplines des sciences et des sciences humaines. Ainsi, la conversation s’avère plus naturelle.
Comment la philosophie du 3IT vous rejoint-elle?
Le 3IT est un espace ouvert de collaboration et de partage – je fais référence ici aux équipements techniques, mais ça va au-delà de ces instruments-là, c’est-à-dire que si les technicien(ne)s et les professionnel(le)s de recherche doivent partager des appareils et des outils, ils doivent nécessairement et minimalement avoir une relation. Ce modèle se transpose aussi entre chercheurs, lorsque nous réfléchissons aux impacts des projets que nous réalisons. Le 3IT met donc en relation des individus, qui autrement ne développeraient pas une telle relation.
Comment l’interdisciplinarité se manifeste-t-elle dans votre recherche actuelle?
Pour moi, l’interdisciplinarité se manifeste par la collaboration avec les professeurs-chercheurs d’autres facultés. Partout, il y a cette autre personne qui provient d’une discipline scientifique ou technologique qui assure cette conversation multidisciplinaire.
Depuis le début du mois de septembre, j’encadre une nouvelle étudiante à la maîtrise, qui travaille sur l’impact social des technologies quantiques, dont le co-directeur est un professeur de physique quantique. Je me demande comment nous réussirons, lui et moi, à partager un vocabulaire commun autour d’un mémoire de maîtrise en sciences politiques, mais c’est quand même par l’entremise d’une telle conversation que l’interdisciplinarité se manifeste. C’est dans ma quotidienneté quant à ces projets de recherche, car je fais toujours affaire avec des gens qui viennent d’autres disciplines.
Même quand je travaille avec la professeure Céline Verchère, aussi co-directrice de l’axe Impacts, Usages et Société de l’UMI LN2, bien qu’on soit toutes les deux en sciences humaines, nous avons un bagage différent. Ce que je trouve intéressant, c’est que notre petite équipe est aussi interdisciplinaire.
Je crois que la richesse de cette interdisciplinarité se retrouve dans les discussions que je peux avoir avec mes collègues du 3IT qui regarde le même objet, mais avec une « lunette » complètement différente et qui accepte d’avoir cette conversation-là. Ils font preuve d’une immense ouverture et c’est important.
À quand remonte la découverte de votre intérêt/passion pour les politiques publiques et d’innovation technologique?
C’est un drôle de chemin – je jumèlerais ça à la science-fiction. Quand j’ai commencé, pour le plaisir, à travailler sur la science-fiction comme outil d’études politiques, j’ai travaillé avec un physicien, Jonathan Genest, actuellement au vice-rectorat à la valorisation et aux partenariats. Peu après nos premières collaborations, il a fait le lien entre la professeure Céline Verchère, aussi co-directrice de l’axe Impacts, Usages et Société de l’UMI-LN2, et moi. Il faut savoir que je travaillais déjà sur les politiques publiques, donc je ne me suis pas découvert un intérêt de ce côté-là, mais je me suis plus intéressée à l’innovation technologique et ce qui l’entoure. C’est donc par l’entremise de Jonathan et à partir des projets de science-fiction que je suis rendue ici aujourd’hui.
Quel « impact » désirez-vous générer en société?
L’impact que je souhaite avoir est celui relié directement à mon mandat, c’est-à-dire que je désire contribuer à formaliser, à faciliter et à faire grandir la conversation qui traite des sciences, des technologies et des sciences humaines dans les milieux de recherche. Je pense qu’en tant que chercheur, nous avons une influence qui peut être importante sur nos sociétés. D’ailleurs, quand je travaille sur la responsabilité politique des chercheurs mon souhait est que, dans les prochaines années, il y en ait plus qui acceptent de toucher à la sphère politique.
Je pense que la recherche peut avoir un impact important sur la société, et ma petite contribution c’est de faciliter la conversation afin qu’à terme, l’impact soit plus porteur. Quand on se demandera si j’ai servi à quelque chose finalement, j’espère qu’un des résultats sera que des chercheurs en sciences humaines et sociales soient plus nombreux à travailler avec nos collègues des sciences et du génie. Et si c’est le cas, je prendrai ma retraite satisfaite du travail que j’aurai accompli!