Une tradition des Fêtes sous la loupe
Tout ce que nous voulons pour Noël, c’est la musique
Parapapampam, rapapampam, rapapampam… entendez-vous ce que j’entends? Sur le sentier de neige résonnent déjà tambours et clochettes, et dans nos campagnes, les anges entonnent l’hymne des cieux. Le père Noël et Mariah Carey sont en ville, et avec eux, une symphonie de traditions musicales à la fois attendue et conspuée annonce le temps des Fêtes. Comment expliquer notre relation avec ces chansons dont nous connaissons les ritournelles par cœur, et qui, année après année, nous ancrent dans l’esprit de cette période si particulière?
À travers le prisme de la sociologie de la musique, la professeure Ariane Couture apporte un regard éclairant sur notre rapport aux classiques du temps des Fêtes. Pour la musicologue de l’École de musique, notre attachement aux traditions explique que nous ayons développé un goût pour cette musique et que nous cultivons un lien affectif fort envers elle.
L’attachement au répertoire musical des Fêtes est profondément ancré dans une tradition où la musique a toujours occupé une place centrale. C’est une période de l’année où l’on en entend beaucoup, et où plusieurs personnes jouent aussi d’un instrument ou chantent.
Professeure Ariane Couture, musicologue à l'École de musique
Cette dernière mentionne également que, puisque bon nombre de personnes ont grandi avec ces traditions de musique et de chant, elles se sentent à l'aise de chanter et de partager avec les autres ces moments de réjouissances.
Un répertoire diversifié et des traditions qui rassemblent
À la fois catholique, laïque et commercial, le répertoire musical du temps des Fêtes se distingue par sa diversité, qui encourage la participation active de chacune et chacun dans un esprit d'unité et de communion.
Des pièces comme All I want for Christmas is you, Mon beau sapin et Il est né le divin enfant ont de prime abord peu en commun, sinon des mélodies accrocheuses et des paroles simples à fredonner, mais toutes évoquent ce désir festif de célébrer le temps des Fêtes.
La diversité des répertoires fait que, justement, toutes sortes de personnes aiment ces musiques-là. Elles ont en commun l'amour de chanter par-dessus ces paroles qu’elles connaissent, dans la joie et la fête.
Professeure Ariane Couture
Des traditions autour de la musique, qui reviennent chaque année, ont par ailleurs été créées pendant cette période. Par exemple, assister à un spectacle d’une chorale de Noël, à une représentation de Casse-Noisette ou encore à un concert du Messie de Haendel fait partie de ces rendez-vous collectifs que l’on attend et auxquels on a hâte chaque année.
La musique du temps des Fêtes évoque ainsi des souvenirs, des traditions et des émotions partagées.
Tout cela crée du sens, des habitudes qui nous ancrent dans une réalité et nous permettent de sentir qu’on appartient à quelque chose de plus grand, de collectif.
Professeure Ariane Couture
La répétition, entre attachement et détachement
De la même manière qu’année après année l’on décore le sapin et l’on se prépare à recevoir des convives autour d’un festin de dinde et d’atocas, l’attachement qui se crée autour de ces traditions des Fêtes qui reviennent contribue à ce qu’elles perdurent et se transmettent depuis toujours.
La répétition renforce les habitudes et le désir d’attachement. Et ancrer l’attachement permet la création et la transmission de traditions.
Professeure Ariane Couture
Cette dernière convient que la répétition peut par ailleurs parfois s’avérer mal avisée, et au contraire, créer davantage de détachement que d’attachement.
Pour plusieurs, cette période de l’année n’évoque pas des moments heureux et ravive des souvenirs douloureux. Il n’y a donc pas d’attachement à ces traditions, dont celle du répertoire de chansons de Noël, qui peuvent paraître omniprésentes tout autour et susciter l’aversion.
Et même pour les plus grands adeptes des traditionnels succès du temps des Fêtes, la répétition à outrance du Last Christmas de Wham! et du Petit Renne au nez rouge peut en venir à causer l’horreur et l’exaspération.
Quoi qu’il en soit, passé le 25 décembre, une fois les cadeaux déballés et le gâteau aux fruits quasi digéré, le répertoire du temps des Fêtes cède déjà le pas aux violons endiablés et aux cuillères de bois des rigodons du Nouvel An.
Il s’agit là d’une autre tradition, qui, à l’instar de celles associées à la période de Noël, ravive à son tour cet attachement qui nous lie à nos racines et à nos souvenirs collectifs.
À propos de la musicologie
La musicologie est la science qui étudie la musique dans ses rapports avec son histoire, ses théories, son esthétique, etc. Elle permet de la décoder et de l’analyser sous toutes ses formes et de l'inscrire dans un contexte historique, culturel et social, ouvrant ainsi de nombreuses portes pour la recherche, l'enseignement et l'appréciation de l'art musical.