Dans le cadre de l’appel à projets de l’IQ
Michael Lacerte conçoit un interposeur qui pourrait remplacer la microsoudure
L’objectif de l’appel à projets est de fournir aux membres les ressources nécessaires afin d’atteindre les ambitieux objectifs de recherche de l’IQ. Dans le cadre de l’édition 2017, le technicien en physique Michael Lacerte a déposé un projet afin de concevoir une pièce appelée « interposeur », servant à éviter l’utilisation de la microsoudure.
En technologies quantiques, la microsoudure est indispensable pour lier les échantillons aux portes-échantillons afin de connecter ces derniers aux instruments de mesure et récolter les données. Par contre, cette technique prend un temps considérable et comporte des risques élevés d’endommager les échantillons, à la fois fragiles et précieux. D’où l’idée de travailler sur un interposeur qui remplacerait la microsoudure, tout en conservant la fiabilité des connexions et l’intégrité des données.
Encouragé dans ses démarches par le Pr Pioro-Ladrière, Michael a démarré son projet. Après s’être documenté et informé, il a mis à l’essai plusieurs modèles d’interposeur, dont le principe est le suivant : il englobe l’échantillon et le porte-échantillon, et des petits ressorts établissent le contact entre les deux pièces. M. Lacerte est confiant que son plus récent modèle répondra aux attentes. En plus de diminuer le risque de briser les échantillons, l’objectif est que l’interposeur fasse sauver un temps précieux aux scientifiques, qui doivent parfois consacrer des journées entières à la microsoudure. Celui-ci facilitera aussi la mise à la terre électrique, en plus de pouvoir être réutilisé à plusieurs reprises, ce qui augmente son aspect pratique.
Cependant, « plusieurs enjeux menacent l’intégrité desdits interposeurs dans un environnement de mesure quantique, surtout en ce qui concerne leur performance aux températures cryogéniques (ex. moins que - 272°C) », mentionne le Pr David Danovitch. Toutefois, les essais préliminaires en collaboration avec le Pr Michel Pioro-Ladrière et le groupe de génie électrique de Pr Danovitch ont démontré des résultats très encourageants.
Le travail issu de cette collaboration représenterait une avancée majeure, car très peu de personnes dans le monde ont travaillé avec un interposeur pour une application quantique. C’est donc une première pour l’Université de Sherbrooke. Mais Michael ne veut pas garder cette avancée pour lui, au contraire : « Je trouve que les scientifiques des autres laboratoires devraient être plus au courant de ce projet parce que je pense que ça pourrait être utile à beaucoup de monde. Si on peut enlever le plus de microsoudure possible, ça peut être vraiment génial. » Grâce au travail consacré à ce projet, Michael a pu déposer une demande afin d’obtenir le grade de technicien en physique Niveau 1, qui dénote une importante implication au sein de son domaine.
Pour le Pr Pioro-Ladrière, ce projet reflète l’ADN de l’IQ : « L’Institut quantique place la communauté étudiante ainsi que l’équipe professionnelle et technique au centre de la recherche. En pilotant son propre projet de recherche, en osant transformer, Michael démontre toute la puissance de cette nouvelle façon de faire en recherche. En créant de toute pièce, tel un inventeur, son interposeur, Michael accélère le développement des technologies quantiques ici à l’Université de Sherbrooke! »
Michael adhère à la vision d’ouverture de l’IQ dont Pr Pioro-Ladrière parle. Il mentionne même avoir eu carte blanche pour son projet : « J’ai trouvé des choses, je les ai soumises, puis tout le monde était d’accord. »
La prochaine étape? « Maintenant que je sais que je peux l’utiliser à des températures cryogéniques, il me reste à tester l’interposeur avec de vrais échantillons pour s’assurer que tout fonctionne comme prévu », explique Michael.