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Rayonnement de la recherche

Deux diplômées de la maîtrise publient les résultats de leurs recherches

Suzanne Blouin
Suzanne Blouin

Photo : Fournie

Julie Blanchard et Suzanne Blouin, deux diplômées à la maîtrise du CERC, ont chacune écrit un chapitre dans l’ouvrage collectif Pédagogie de la finitude. Théories et pratiques (2024), codirigé par Jacques Cherblanc (UQAC) et Christine Fawer Caputo (professeure à Lausanne), paru aux Presses de l’Université Laval.

L’ouvrage fait suite au symposium tenu dans le cadre du 9e colloque international en éducation (CRIFPE) qui a eu lieu à Montréal en 2022 et qui avait pour objectif principal l’élaboration d’une pédagogie de la finitude. N’étant pas circonscrite uniquement au deuil d’un être cher, la finitude suppose aussi l’ouverture à la vulnérabilité et à l’altérité, nous dit Cherblanc en introduction, permettant ainsi le développement de la solidarité humaine.

Les deux diplômées du CERC ont écrit leur chapitre sous l’égide de la quête de sens comme axe à considérer dans une pédagogie visant à inclure la finitude dans les préoccupations éducatives du milieu scolaire québécois, dans lequel elles œuvrent toutes deux depuis de nombreuses années. À l’instar de Josée Masson, de l’organisme Deuil-Jeunesse, qui signe la préface de l’ouvrage, Suzanne et Julie constatent le tabou de la mort en milieu scolaire, tout comme celui de l’éducation à la finitude. Elles partagent ici leurs expertises, qui s’inscrivent dans une perspective d’accueil et d’accompagnement de la dimension de la finitude, en la mettant au service du cheminement des jeunes comme de celui du personnel scolaire.

L’occultation de l’éducation à la mort a pour conséquence d’accentuer les difficultés vécues lors d’un deuil personnel ou collectif. Face à cette situation Julie Blanchard propose une posture d’accompagnement qui table sur l’accueil de l’unicité de chaque personne dans sa façon de vivre et de chercher du sens dans son deuil. Acquise au cœur de sa pratique professionnelle en animation de vie spirituelle et d’engagement communautaire au primaire, fondée sur l’interrelation avec les différents acteurs de ce milieu (personnels enseignants, enfants endeuillés, etc.), l’approche de Julie montre des points de jonction entre les concepts de deuil et de vie spirituelle. C’est par ce passage que des besoins de sens face au vide existentiel peuvent être accueillis, reconnus et comblés. Ici, l’adulte ne détient pas toutes les réponses, mais agit d’abord comme facilitateur de l’expression du vécu de l’enfant endeuillé. Cette approche peut être mise en application via la médiation de la littérature, par l’utilisation d’albums dédiés à la jeunesse dans lesquels les personnages permettent de situer les principaux questionnements qui jalonnent un deuil. En conclusion, Julie pose comme un préalable à l’accompagnement des enfants que l’adulte ait lui-même apprivoisé sa propre vulnérabilité face à la mort. C’est en approfondissant sa propre quête de sens qu’il trouvera la posture propice et le temps nécessaire aux échanges et à l’accueil personnalisé des enfants en deuil, rejoignant le jeune qui possède sa propre vie spirituelle, de même que sa part de sagesse encore en construction.

Suzanne Blouin, qui est aussi intervenante en animation de vie spirituelle et d’engagement communautaire, écrit également à partir de son exercice professionnel en milieu scolaire, qu’elle présente comme un lieu privilégié pour une prise en compte de la finitude. Suzanne a comme préoccupation première de favoriser le bien-être du personnel enseignant, et ce, en réponse à la préoccupation du Conseil supérieur de l’éducation sur l’épuisement, une problématique qui affecte plusieurs personnes enseignantes. Suzanne propose de fonder une pédagogie de la finitude sur l’approche de la psychagogie des valeurs de Raymond Laprée, en tablant sur la connaissance de l’imaginaire selon la perspective théorique de Gilbert Durand. Son chapitre résume les grands axes de cette théorie de l’imaginaire (les structures nocturnes, diurnes et systémiques de l’imaginaire et leur insertion dans une dynamique symbolique). Il expose aussi sommairement la validation empirique possible de cette théorie en utilisant un test psychométrique développé par Yves Durand (le test At.9), cet outil faisant également office de levier d’accompagnement d’un cheminement spirituel en contexte d’apprivoisement de la finitude. Suzanne termine sa présentation de la psychagogie par une illustration de son travail auprès du personnel en éducation. Elle présente un cas où une enseignante a pu exprimer, par le truchement de la symbolique, ses besoins de sens et de recadrage de ses valeurs, pour ensuite rééquilibrer sa vie lors d’un arrêt de travail à la suite d’un épuisement. Suzanne souligne l’importance du fait que d’autres professionnels soient formés à la psychagogie. Dans un monde caractérisé par la surcharge et la compétition, les valeurs en éducation peuvent devenir un vecteur d’équilibre et de sens pour soutenir le personnel scolaire.

Pour se procurer l’ouvrage collectif :

https://www.pulaval.com/livres/pedagogie-de-la-finitude-theories-et-pratiques