Sommets Vol. XVII No 3 - Automne 2004

 

BILLET

 


Louis-Paul Allard
Droit 1970
Président et fondateur de la Fondation québécoise en environnement
www.fqe.qc.ca

Agir sans que ça fasse mal

Hors de tout doute, il y a une urgence d'agir en environnement. Nous devons tous changer des choses dans nos vies, mais ça ne doit pas devenir un fardeau. Les changements doivent survenir naturellement, sans que ça fasse mal. Je suis contre l'approche intégriste : espionner les gens pour connaître ce qu'ils font dans leur vie privée, quel genre de véhicule ils conduisent, quelle sorte de papier ils utilisent…

Certains comportements doivent être corrigés, mais tout ne peut pas être changé du jour au lendemain. C'est comme un régime : quand on coupe tout, ça dure un temps, et on doit recommencer. Imaginez… Si les gens devenaient aussi blasés par rapport à la protection de l'environnement, il n'y aurait plus de résultats. Nous sommes les seuls responsables des changements que nous amenons et les seuls juges des comportements que l'on doit corriger. Si personne ne bouge, les enfants qui vont naître seront locataires d'une planète bien endommagée.

Vous pouvez faire un million de gestes concrets sans que ça fasse mal. Personnellement, je fais mon compost et je n'ai jamais arrosé le gazon de ma vie. Il y pousse des pissenlits et je trouve ça beau! Les insectes sont nos amis, nos complices, ils travaillent pour nous; il ne faut pas les enrayer. Je possède aussi une plantation d'arbres de Noël. Les gens qui achètent de mes arbres pourraient les manger parce qu'ils ont poussé sans aucun produit chimique.

Mais je ne suis pas 100 % écolo. Personne ne peut l'être. J'ai un quatre-quatre, des tracteurs, des remorques. Les quatre-quatre, je n'ai rien contre s'ils sont utilisés judicieusement. Vous savez que les motos polluent plus que les autos? Pourtant, personne encore ne s'acharne sur les motards.

Je suis contre la paranoïa, les prévisions qui sèment la panique, comme celles entendues à la suite de l'incendie des pneus de Saint-Amable. Des écologistes avaient prédit un hiver nucléaire, six mois sans voir le ciel, etc.

Je trouve également odieux de faire porter au simple citoyen tout le poids de ce qui se passe sur la planète. L'État a une responsabilité concernant l'environnement. Si les gouvernements municipal, provincial et fédéral changeaient leur parc de véhicules, je serais curieux de voir l'impact. Ça créerait un précédent.

Quand j'ai mis sur pied la Fondation québécoise en environnement il y a 17 ans, je voulais établir une concertation entre les dirigeants. Je voulais amener les gens à changer les choses. La Fondation a fait beaucoup pour l'environnement, mais le travail qu'il reste à faire est immense. Le plus urgent est la conscientisation, par rapport à l'eau notamment. Nous avons l'illusion de vivre dans la banque mondiale de l'eau. Nous la gaspillons de façon éhontée en pensant que cette ressource est illimitée. J'ai peur qu'on empoisonne nos nappes phréatiques. Il faudra faire des choix : investir dans l'armée, dans un bouclier antimissile, ou commencer à protéger la planète, du moins ce qu'il nous en reste.

 

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