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Programme des Chaires de recherche du Canada

Des recherches pour lutter contre les maladies nosocomiales, intestinales et neurologiques

Rona Graham, Vincent Burrus et Nathalie Rivard
Rona Graham, Vincent Burrus et Nathalie Rivard
Photo : montage Nouvelles UdeS

L'Université de Sherbrooke reçoit 2,4 M$ pour mener des recherches cruciales en santé, et plus particulièrement pour lutter contre la résistance des bactéries, les maladies intestinales et les maladies neurologiques. Le Programme des Chaires de recherche du Canada a fait cette annonce le 13 mars à Ottawa.

Trois professeurs mèneront des recherches comme titulaires. Rona Graham étudiera la pathogénèse des maladies neurodégénératives; Vincent Burrus cherchera à comprendre la dissémination des résistances aux antibiotiques; et Nathalie Rivard analysera la signalisation intracellulaire responsable du cancer et de l'inflammation intestinale.

«La grande qualité des travaux de recherche de nos professeurs a permis à l'Université d'acquérir une excellente réputation, que ce soit en génie, en sciences, en santé ou en sciences humaines et sociales, indique le professeur Jacques Beauvais, vice-recteur à la recherche. D'ici 2015, l'Université compte d'ailleurs maximiser l'utilisation des chaires afin de jouer un rôle de premier plan en recherche, tel qu'annoncé dans notre plan stratégique Réussir

Comprendre la mort des cellules du cerveau

Rona Graham
Rona Graham
Photo : Robert Dumont

La prévalence des troubles neurodégénératifs, comme le Parkinson, l'Alzheimer et la maladie de Huntington, augmente en flèche avec le vieillissement et la longévité de la population. Ces maladies touchent actuellement des millions de personnes dans le monde. À la base de ces troubles, la perte de la structure et de la fonction des nerfs du cerveau – la neurodégénérescence – cause un dysfonctionnement cellulaire et la mort éventuelle des cellules cérébrales.

La recherche montre qu'un certain nombre de mécanismes similaires entrent en jeu au niveau cellulaire. Les chercheurs supposent que des traitements communs pourraient être bénéfiques dans le cas de plusieurs maladies neurologiques. Dans le cadre de la Chaire de recherche du Canada sur les maladies neurodégénératives, la professeure Rona Graham étudiera comment le processus du vieillissement influe sur les protéines qui participent à la mort cellulaire et comment elles peuvent être modifiées par le développement de maladies neurodégénératives. La chercheuse de la Faculté de médecine et des sciences de la santé veut aider à déterminer des traitements pouvant retarder ou prévenir la dégénérescence cérébrale.

Bloquer la virulence des bactéries

Vincent Burrus
Vincent Burrus
Photo : François Lafrance

Les souches bactériennes multirésistantes aux antibiotiques ou hypervirulentes sont maintenant reconnues comme menace mondiale pour la santé des populations, y compris au Canada. L'épidémie de diarrhées mortelles à Clostridium difficile qui s'est abattue sur les patients d'hôpitaux du Canada en 2004 illustre tristement cette menace.

Les travaux entrepris par le professeur Vincent Burrus, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en génétique moléculaire bactérienne, portent sur les ICE. Les ICE sont de larges segments d'ADN portés par les chromosomes bactériens pouvant se disséminer par simple contact entre une cellule donneuse et une cellule réceptrice. Cette mobilité facilite la dissémination de gènes de résistance aux antibiotiques. Le chercheur de la Faculté des sciences veut mettre en place des pratiques visant à limiter la dissémination de gènes de résistance en milieu hospitalier ou dans l'environnement pour préserver le capital thérapeutique des antibiotiques existants.

Un autre axe de recherche de cette chaire porte sur la transmission intracellulaire de signaux environnementaux chez la bactérie C. difficile et ses adaptations physiologiques et comportementales en réponse à des altérations de son environnement. L'équipe de Vincent Burrus cherche à découvrir de nouvelles cibles thérapeutiques permettant, par exemple, de bloquer la colonisation de l'intestin par C. difficile, lorsque des traitements antibiotiques fragilisent la flore microbienne normale chez les patients hospitalisés.

Améliorer le traitement des maladies intestinales

Nathalie Rivard
Nathalie Rivard
Photo : Robert Dumont

Au Canada, les maladies digestives causent 15 % du fardeau économique direct total des coûts de santé et représentent 12 % des hospitalisations et 20 % des néoplasies. Elles entraînent une perte de productivité à court terme de 1,14 milliard de dollars par année. Titulaire de la Chaire de recherche du Canada en signalisation du cancer colorectal et de l'inflammation intestinale, la professeure Nathalie Rivard est un chef de file en ce domaine, au Canada et dans le monde. Rattachée à la Faculté de médecine et des sciences de la santé, Nathalie Rivard est déjà à la source de plusieurs percées scientifiques d'importance, par ses recherches au Département d'anatomie et de biologie cellulaire.

Le programme de la chaire porte sur l'analyse des sentiers de signalisation qui contrôlent, à l'intérieur de la cellule, la prolifération, la différenciation, la tumorigenèse et la réponse inflammatoire des cellules de l'épithélium intestinal. Les recherches de Nathalie Rivard visent à améliorer le dépistage et le traitement du cancer colorectal et des maladies inflammatoires intestinales, telles que la maladie de Crohn et la colite ulcéreuse. Elles pourraient aussi ouvrir de nouveaux horizons dans la recherche de médicaments pour traiter ces maladies. Les partenariats que la chercheuse et son équipe ont déjà établis avec des chercheurs cliniciens de différents hôpitaux au Canada et dans le monde permettront d'appliquer ces découvertes rapidement.