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Un étudiant de la FEPS en stage au Nunavik

Profession : entraîneur de hockey et kinésiologue dans le Grand Nord

Bruno-Pierre Bernard (debout) œuvre auprès de jeunes hockeyeurs du Nunavik tout en veillant à leur persévérance scolaire.
Bruno-Pierre Bernard (debout) œuvre auprès de jeunes hockeyeurs du Nunavik tout en veillant à leur persévérance scolaire.
Photo : Claude Vallières

Faire du hockey une bougie d’allumage qui favorise la réussite scolaire des jeunes Inuits : c’est le défi auquel contribue Bruno-Pierre Bernard, étudiant à la Faculté d’éducation physique et sportive de l’Université de Sherbrooke.

L’étudiant est installé au Nunavik depuis septembre et y poursuit un stage coopératif de huit mois en kinésiologie. Il collabore notamment au programme de hockey visant la persévérance scolaire, initié en 2006 grâce à la collaboration de l’ancienne vedette de la LNH Joé Juneau. À mi-parcours de son stage, l’étudiant raconte l’expérience unique qu’il vit auprès des Inuits.

La persévérance scolaire avant tout

En tant que collaborateur au programme études-hockey, le stagiaire voyage dans les 14 villages du Nunavik afin de promouvoir le programme qui permet aux jeunes hockeyeurs de s’entraîner, à condition d’être présents à l’école, de bien s’y comporter et d’y fournir les efforts nécessaires. Bruno-Pierre s’assure d’impliquer les jeunes Inuits et les enseignants. «Je mets à profit ma capacité à convaincre et à rallier les enseignants des différents villages. Je recueille leur feedback sur le fonctionnement du programme afin de trouver des solutions aux problèmes rencontrés», explique-t-il.

Photo : Claude Vallières

L’étudiant profite de ses visites pour collaborer avec les entraîneurs de hockey locaux et participer aux séances pratiques : «J’assiste les entraîneurs durant les séances d’entraînement, je m’assure qu’ils respectent les critères du programme et je renforce l’importance de leur rôle de modèle dans leur village.»

Joé Juneau : un modèle

À Kuujjuaq, Bruno-Pierre s’implique dans la sélection des équipes de jeunes Inuits en vue des tournois qui se déroulent dans la région de Québec chaque hiver. Ces camps d’entraînement d’une durée d’une semaine rassemblent des joueurs de toutes les catégories et sont supervisés par le joueur de hockey Joé Juneau.

Kangiqsujuaq, dans le Nunavik
Kangiqsujuaq, dans le Nunavik

«J’ai eu le privilège de travailler et même de cohabiter avec Joé Juneau lors de ces camps. Il y met beaucoup d’efforts, il est souvent le premier debout à préparer les activités et est le dernier à s’arrêter le soir. C’est un homme inspirant qui a un réel désir d’aider la population», affirme le stagiaire.

Le hockey est important pour les jeunes Inuits et il fait naître beaucoup d’enthousiasme dans la population. «Le fait d’être un collaborateur au programme de hockey m’a aidé à m’intégrer, à approcher tant les jeunes Inuits que leurs parents. J’ai été étonné de l’ouverture de la population à mon égard.»

Bruno-Pierre croit en la différence que ce programme peut faire à long terme : «Avec le temps, les jeunes comprennent de mieux en mieux ce qui est attendu d’eux en fait de comportement et d’effort à l’école. Le programme a une influence sur leur apprentissage et leurs valeurs.»

D’autres défis pour le kinésiologue

En plus du programme de hockey, Bruno-Pierre supervise les activités de la population adulte à la salle d’entraînement intérieure de Kuujjuaq. Il conçoit des programmes d’entraînement, mais surtout, il incite la population à adopter un mode de vie sain et actif.

Il collaborera cet hiver à la mise sur pied d’un concours qui s’apparente à l’émission américaine Biggest Loser, où les participants perdent du poids en s’entraînant et en mangeant mieux. «Les participants auront accès gratuitement à la salle d’entraînement et je leur proposerai un programme d’entraînement et des conseils sur l’alimentation», explique le futur kinésiologue.

Stagiaire dans le Grand Nord

Le plus grand défi d’adaptation a d’abord été pour Bruno-Pierre de vivre éloigné de sa famille et de ses amis. Il devait aussi parler l’anglais la plupart du temps, lui qui était loin de bien maîtriser la langue! «La grand différence ici est notre proximité avec la nature, la solitude et l’absence de surconsommation, dit-il. J’en ai donc profité pour partir à la découverte du milieu, laisser vagabonder mon esprit et faire des activités de plein air en hiver, ce que je n’avais pas l’habitude de faire au Sud.»

Avant d’accepter le stage, Bruno-Pierre n’avait entendu parler que brièvement du programme de hockey dans les médias, sans plus. «J’ai d’abord été hésitant à partir, mais la qualité du programme de hockey et la chance de côtoyer Joé Juneau m’ont convaincu.»

Bien qu’à certains moments il ait eu envie de revenir au Sud à cause de l’éloignement, Bruno-Pierre nous assure qu’il s’agit d’une des plus belles expériences que l’on puisse vivre en stage : «J’ai développé mon sens de l’initiative et ma persévérance. Moi qui était habituellement toujours occupé et entouré d’amis, j’ai découvert que j’étais capable d’être solitaire. Grâce à mon expérience dans le Nord, j’ai une maturité personnelle et professionnelle que je n’aurais pas acquise ailleurs.»