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Projet du professeur Sylvain Turcotte

Des enfants adoptent de meilleures habitudes alimentaires

Le professeur Sylvain Turcotte
Le professeur Sylvain Turcotte

Les médias en ont abondamment parlé en novembre dernier : des enfants de 4e année ont été sensibilisés à l'importance d'adopter de saines habitudes de vie en voyant, notamment, les effets d'une alimentation saine ou pauvre sur des souris. Plus d'un mois après la fin de l'expérience, les enfants ont-ils modifié leurs habitudes alimentaires? « Vingt enfants sur 27 ont changé une de leurs habitudes, et ce en famille; selon moi, c'est une réussite », affirme le professeur Sylvain Turcotte, spécialiste de l'éducation à la santé et collaborateur au sein du projet. Son secret : travailler sur toutes les dimensions de la personne : sociale, affective et cognitive.

Le projet a été réalisé dans une classe d'enfants de 9 et 10 ans de l'école La Maisonnée à Sherbrooke, avec la collaboration de l'éducatrice physique Lucie Boutin et de l'enseignante Nathalie Boutin. « J'ai aussi impliqué mes étudiants du cours Éducation à la santé en milieu scolaire. Nous avons identifié des pistes d'intervention susceptibles de provoquer une prise de conscience chez les élèves et de les amener à modifier une de leurs habitudes alimentaires », explique le professeur Turcotte.

Des réponses d'adultes

« J'ai été agréablement surpris par les réponses des enfants à un questionnaire distribué le 18 janvier dernier et portant sur les retombées du projet, affirme Sylvain Turcotte. Il y en a qui ont affirmé, par exemple, manger moins de dessert ou plus de fruits et légumes, ou boire plus d'eau ou encore qui ont intégré la pratique d'une activité physique.

Mais ce qui frappe le plus est le fait que plusieurs enfants aient donné des réponses d'adultes, alors qu'ils ont rempli le questionnaire individuellement à l'école. Par exemple : "Nous avons tenu notre résolution", "Il faut encore faire des efforts" ou "Ce n'est pas facile de changer une habitude". Pourquoi des réponses d'adultes? « Parce que ces réponses impliquent une prise de conscience réelle. Habituellement à cet âge là, la santé va de soit dans la tête des enfants, ils se sentent des "super héros" et ne voient pas les impacts de leur comportement sur leur santé. »

Le secret : travailler sur l'environnement de l'enfant

« Un projet de bonne et de mauvaise nutrition de souris dans une classe avait déjà été réalisé à Montréal et présenté à l'émission Enjeux en septembre 2006, rappelle le professeur Turcotte. Mais ce projet présentait certaines limites, et nous avons tenté de l'élargir. »

D'abord, au lieu de donner simplement des chips et de la boisson gazeuse aux souris, Sylvain Turcotte et ses collaboratrices ont repéré une variété d'aliments peu nutritifs dans les boîtes à lunch des enfants. « C'est avec cela que nous avons nourri les souris destinées à une mauvaise alimentation. Cela touchait les élèves plus directement. »

De plus, pour amener l'adoption réelle de meilleures habitudes de vie chez les enfants, il fallait agir à tous les niveaux.

Côté cognitif, les enseignants ont donné aux enfants de l'information sur le guide alimentaire canadien, ainsi que sur la sédentarité et sur l'embonpoint. Et, surtout, ils leur ont appris à lire les étiquettes des aliments et questionner leurs habitudes alimentaires.

Côté dimensions sociale et affective, les parents ont été impliqués dans le projet. « Ce sont eux qui décident en grande partie du contenu des boîtes à lunch et qui ont un pouvoir sur les habitudes de leurs enfants. » Les familles ont donc été mises au défi d'apporter un changement dans leurs habitudes alimentaires.

« Les réponses des enfants au questionnaire confirme l'importance d'intégrer la communauté, dans ce cas l'école, et la famille quand il s'agit de sensibilisation à la santé, affirme le professeur Turcotte. L'environnement a en effet joué un rôle prépondérant dans la possibilité pour les élèves de changer une habitude alimentaire. »

Finalement, lors de la remise du bulletin, les enfants ont dû expliquer le projet aux parents. « Certains parents nous ont d'ailleurs informés que leurs enfants ne pouvaient maintenant s'empêcher de lire toutes les étiquettes des aliments! »

Un projet appelé à grandir

Le projet et ses résultats seront présentés par l'éducatrice physique Lucie Boutin à tous les enseignants en éducation physique du primaire de la Commission-scolaire-de-la-région-de-Sherbrooke le 12 février prochain.

Par ailleurs, Sylvain Turcotte prévoit faire de ce projet pédagogique un véritable projet de recherche dans un avenir rapproché, en y apportant certaines modifications et en l'échelonnant sur un cycle scolaire de deux ans.