En direct de Durban
Les représentants de l'UdeS commentent la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques
Depuis le 28 novembre, une délégation de l'Université de Sherbrooke, composée de 8 étudiantes et étudiants de la maîtrise en politique appliquée et de la maîtrise en environnement, assiste à la 17e Conférence des parties de la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. Celle-ci se déroule jusqu'au 9 décembre à Durban en Afrique du Sud.
Mandatés pour réaliser des projets de recherche en lien avec les thèmes suggérés par des ONG participantes, soit Équiterre, Vivre en ville et NRJ4SD, les étudiants ont accepté de commenter leur expérience sur le terrain. Annie Chaloux, chargée de cours à l'École de politique appliquée, a accepté d'établir un lien de correspondance pour représenter le groupe qu'elle accompagne.
L'événement est-il différent de ce que ce vous imaginiez avant de partir? A-t-il la même ampleur?
«Bien entendu, nous nous étions préparés à assister à un évènement fascinant, voire intimidant. Nous anticipions un peu notre arrivée et notre rôle à jouer dans cet univers que sont les négociations internationales. Après une semaine, nous nous sommes toutefois approprié les lieux, ce qui nous a considérablement aidés à nous familiariser avec la dynamique de cette conférence et le rythme de travail soutenu.»
Dans quel climat se déroulent les discussions entre les dirigeants membres de l'ONU? Alimentent-elles significativement vos questions de recherche?
«Ici, notre rôle consiste davantage à la collecte d'informations pour notre travail de recherche, dont les sujets sont généralement marginalisés dans le processus de négociations climatiques. Ainsi, nous suivons davantage les évènements parallèles offerts par différentes organisations de la société civile ou par les agences des Nations Unies présentes à la Conférence des parties. Ces évènements parallèles sont enrichissants et nous permettent de récolter une quantité importante d'informations. La présence d'experts nous encourage à préciser et à approfondir notre projet de recherche.
«En ce qui concerne les négociations officielles, elles ont semblé se dérouler lentement, notamment lors de la première semaine. L'arrivée des dirigeants et des ministres lors de la deuxième semaine risque de changer la dynamique et d'intensifier le processus de négociations, de façon à donner lieu à des décisions cruciales, spécialement pour l'avenir du Protocole de Kyoto.»
Comment votre collecte de données sur le terrain se déroule-t-elle jusqu'à présent? Est-elle ardue à réaliser? Obtenez-vous les réponses à vos questions de recherche respectives?
«Certains étudiants privilégient les entrevues avec des experts, alors que d'autres se concentrent davantage sur les évènements parallèles et la documentation disponible sur place.
«Les premiers jours ont été un peu plus ardus en ce qui concerne la collecte d'informations, mais au fur et à mesure, chaque équipe a su y trouver son compte afin d'obtenir l'information nécessaire à son travail de recherche. Comme chaque sujet traité est émergent sur la scène environnementale, nous nous sentons parfois perdus dans cet univers complexe et évolutif, où l'information est souvent limitée. Il s'agit toutefois d'une source de stimulation puisque nous devenons acteurs du changement.»
Les ONG mandantes et les dirigeants sont-ils accessibles?
«Il nous est possible de rencontrer deux des ONG pour qui nous poursuivons nos recherches, soit Équiterre et Nrg4SD. Cette dernière dispose même d'un kiosque dans le centre d'exposition. Quant à l'organisation Vivre en ville, elle n'est pas présente à Durban, mais le travail de recherche aura pour effet de leur démontrer la pertinence de leur présence aux futures Conférences des parties.»
Les nombreuses étapes préliminaires à votre départ (lectures, recensement d'informations, plans de travail) desservent-elles adéquatement vos objectifs sur le terrain? Vous y prendriez-vous autrement si vous deviez répéter l'expérience?
«Pour une 2e année consécutive, l'Université de Sherbrooke a permis à des étudiants de participer aux négociations internationales sur le climat. Le projet a connu une progression au cours de la dernière année, de façon à perfectionner notre préparation. Au cours des mois précédant notre départ, nous nous sommes concentrés, entre autres, sur la préparation de séminaires portant sur différents enjeux et acteurs impliqués dans les négociations climatiques.
«Cela a favorisé une meilleure compréhension du processus en plus de nous préparer adéquatement à la Conférence des parties. Quant à notre travail de recherche, il a fait l'objet d'une longue réflexion préalable au cours de laquelle nous avons effectué de nombreuses lectures et analyses. Ce processus a donc été bénéfique à notre recherche.»
Le Canada annonce qu'il ne serait pas partie prenante de la prochaine ronde de l'accord de Kyoto concernant la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Les participants avaient-ils anticipé cette décision? De quelle manière cela influence-t-il la suite des discussions?
«L'attitude du Canada à l'égard du Protocole de Kyoto a contribué à modifier l'approche générale, tant en ce qui a trait à la société civile qu'aux négociations climatiques. D'une part, les ONG ont voulu à la fois alerter la communauté internationale quant aux risques liés à l'attitude canadienne et minimiser l'importance d'une telle position. D'autre part, les négociateurs ont réagi par rapport à cette décision. Par exemple, l'Union européenne a remis en question la possibilité d'une seconde période d'engagement du Protocole de Kyoto, car elle ne veut pas être le seul groupe d'acteurs des pays industrialisés à limiter ses émissions de GES. La Chine, quant à elle, a critiqué ouvertement le désengagement du Canada. Par contre, il semble que de plus en plus d'États dénoncent l'attitude canadienne.»
La Chine semble montrer des signes d'ouverture dans les négociations. En voyez-vous les effets ou est-ce davantage de l'ordre de la stratégie politique?
«La position de la Chine contribue évidemment à alimenter le débat entourant la survie du Protocole de Kyoto. Toutefois, il est difficile pour nous de mesurer l'impact d'une telle position, étant donné l'évolution quotidienne des négociations. Malgré tout, nous avons pu constater, à travers nos recherches préalables, que la Chine tient à conserver son statut de pays en développement afin d'être soumise à des objectifs plus faibles en termes de réduction d'émissions. Elle vise donc à maintenir son statut de leader du G77 et la Chine. Son positionnement politique influencera sans aucun doute le dénouement des négociations.»
À quoi ressemble une journée typique de la 17e Conférence des parties?
«Cela varie d'une équipe à l'autre. La journée débute généralement par une rencontre de groupe où il est question des activités passées et de celles à venir. Par la suite, il est possible d'assister à différentes conférences thématiques. Nous avons également accès aux plénières des négociations climatiques. Enfin, nous avons l'opportunité de rencontrer des experts sur nos thématiques de recherche, notamment des représentants d'ONG présentes, des chercheurs ainsi que des fonctionnaires.»
Les membres de la délégation et leur sujet de recherche :
La crise alimentaire
Isabelle Tardif-Bernier et Jonathan Houle (politique appliquée)
Les réfugiés climatiques
Vanessa Cournoyer-Cyr (environnement) et Esther Girard-Godin (politique appliquée)
Le rôle des villes dans les négociations
Mélissa Germain et Sarah Robin (politique appliquée)
La place des États fédérés dans la réduction des émissions liées au déboisement et à la dégradation des forêts (REDD+) et la biodiversité
Stéphanie Bruneau (environnement) et Peggy Chateauneuf (politique appliquée)