Sommets Vol. XVII No 2 - Printemps-été 2004


Le fin mot du frère Léo

par Josée Beaudoin

Tout au cours des années qu'il a vouées à l'éducation et à l'Université, le frère Léo a brillé par sa présence… Sa présence d'esprit, sa présence aux autres, sa simple présence. Si une brève rencontre ne réussit pas à tout dévoiler, quelques minutes suffisent toutefois à deviner quel fin pédagogue il a été.

 


Léo Martel
Professeur retraité
École de génie

 

Pofesseur de philosophie érudit, le frère Léo Martel a vu naître l'Université de Sherbrooke, l'École de génie et la Faculté des sciences. Avec ses pairs de la communauté des frères du Sacré-Cœur, il a grandement contribué aux classes préparatoires instaurées par le frère Théode à l'École supérieure, des classes qui ont permis à des centaines de jeunes du cours public d'accéder aux études universitaires.

Fin confident

Adjoint à la direction de la Faculté des sciences à la fin des années 1950, le frère Léo ne se contentait pas de gérer la logistique entourant les programmes, les cours et les horaires. Non. Il tissait aussi des liens. «Les étudiants, je les connaissais tous, dit-il avec une pointe de fierté. J'étais là dès leur arrivée le matin, je dînais avec eux à la cafétéria, je les côtoyais pendant les temps libres. Plusieurs venaient me rencontrer à mon bureau pour me confier leurs problèmes, leurs peines.»

Bien sûr, il n'avait pas le pouvoir de guérir tous les maux, le frère Léo, mais… «Un jour, un jeune étudiant est venu me voir, complètement atterré par une peine d'amour. Vu l'état d'esprit dans lequel il se trouvait, il avait raté un examen pour la première fois. C'était un gars brillant et appliqué. Comme il ne lui manquait presque rien pour passer, j'ai intercédé en sa faveur auprès de la direction.» Vous devinez la suite? «La note de passage lui a été accordée et il est devenu ingénieur», conclut le conciliateur en souriant.

Fin détective

Demander au frère Léo d'ouvrir sa boîte à souvenirs, c'est aussi s'exposer au rire et au suspense, spécialement lorsqu'il raconte ce qui s'est passé en janvier 1957, la veille d'un examen universitaire. «Ce soir-là, j'ai reçu un appel anonyme d'un étudiant qui m'avisait que les questionnaires étaient en vente en ville. Comme j'étais persuadé que toutes les copies avaient été déposées dans un coffre-fort, j'ai répondu que c'était impossible. L'étudiant m'a pourtant cité une question que j'ai reconnue comme authentique. Je me suis donc rendu à mon bureau et j'ai constaté que la fenêtre avait été ouverte de l'extérieur. De plus, il y avait des traces dans la neige. Lorsque j'ai vu que la porte qui communiquait avec le secrétariat n'était pas fermée, j'ai tout de suite téléphoné à la secrétaire pour apprendre qu'elle avait conservé un exemplaire de chaque questionnaire dans son classeur! Cette nuit-là, fort heureusement, tous les professeurs ont accepté de rédiger un nouvel examen», raconte-t-il en riant. Lorsque les étudiants ont reçu leurs copies dans la grande salle le lendemain, le frère Léo a vite repéré les plus surpris. Il a d'ailleurs pris un malin plaisir à leur lancer quelques clins d'œil. Quant à la punition au voleur, il est certain que les acheteurs s'en sont bien chargés!

Fin conseiller

Faire la classe, c'est bien. Faire la différence, c'est ce qu'a fait le frère Léo à maintes occasions. «Je me souviens d'un grand jeune homme, fort sympathique, qui s'est présenté à mon bureau en me disant qu'il voulait abandonner ses études. Il était vraiment découragé. En causant avec lui, je l'ai aidé à mieux organiser son horaire journalier, je l'ai invité à prendre suffisamment de repos et à poursuivre son programme avec confiance.» Ce qu'il faut préciser, c'est que l'étudiant en question fréquentait la fille d'un certain Joseph-Armand Bombardier! «Il a compris que ses études étaient très importantes pour son avenir, poursuit-il. Il a tellement bien compris qu'il est allé jusqu'au bout et a obtenu son diplôme d'ingénieur. Ce jeune homme, c'était Jean-Louis Fontaine, et j'en garde un excellent souvenir.

Aujourd'hui, fort de ses huit décennies, le frère Léo cultive toujours son potager, son esprit et sa grande modestie. Aumônier depuis 33 ans, il œuvre au sein de divers ministères et s'investit corps, âme et esprit dans le centre de réhabilitation du même nom. «Je suis encore en santé, alors je m'occupe!» di-il en guise de mot de la fin

Martel@esb.bromptonville.qc.ca

 


 


Richard Royer
Génie 1960
Groupe Tecknica

 

Des modèles

«Nous pouvons dire merci, merci et encore merci aux frères du Sacré-Cœur de nous avoir donné, grâce à la 13e année, le bagage nécessaire pour passer à l'autre étape», raconte Richard Royer, diplômé de la deuxième promotion de génie, en 1960. «Le frère Léo et le frère Adelphe étaient de grands modèles pour nous.»


Richard Thibault
Génie 1964
Professeur,
Faculté de génie

 

Une voix grave

«Ce qui nous impressionnait beaucoup chez le frère Léo, c'était son ton de voix très grave, intimidant a priori. Puis, petit à petit, on a commencé à discuter avec lui à l'extérieur des cours et, derrière le professeur de philosophie sérieux et cultivé, se trouvait un homme pas du tout austère qui, au contraire, aimait beaucoup rire. Cela nous a bien rassurés!»

 


Jean-Louis Fontaine
Génie 1963
Vice-président du conseil
Bombardier

De la persévérance

«La persévérance, l'avant-gardisme et le dynamisme dont faisaient preuve le frère Léo et le frère Théode m'ont incité à me dépasser. C'est d'ailleurs inspiré par le rôle social qu'ils ont joué à Sherbrooke que j'ai décidé de m'investir, moi aussi, auprès de l'Université. Le frère Léo avait aussi une très belle calligraphie, au point où je me suis un peu inspiré de sa façon d'écrire mon nom pour forger ma propre signature!»

 

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