Sommets Vol. XVII No 2 - Printemps-été 2004


Toujours un petit peu plus

par Josée Beaudoin

Il a tenu les rênes des Services aux étudiants de 1977 à 1996 sans jamais craindre les confrontations ni les conflits. Il a rivalisé d'originalité pour conseiller, initier et négocier serré. Lorsqu'on le félicite pour ce qu'il a accompli durant ces 19 années, Georges Allard répond : «J'ai seulement fait mon travail.» Puis, après un court silence et un sourire en coin, il ajoute : «Et peut-être un petit peu plus.»

 


Georges Allard
Éducation 1979
Retraité (1977 à 1996)
Services aux étudiants

 

Ce petit peu plus trouve écho dans plusieurs histoires inusitées, dont celle où le coloré directeur a embauché un sorcier pour exorciser un jeune étudiant africain. «Le pauvre garçon avait mal partout et clamait que son oncle lui avait jeté un mauvais sort pour le punir d'être venu étudier au Canada. À tout hasard, je me suis adressé au président de l'Association des étudiants africains et, par bonheur, il avait un sorcier à me recommander», raconte Georges Allard. Ledit sorcier a accepté de rencontrer l'étudiant pour deux séances. Ses exigences? Un coq vivant par séance! Contre toute attente, les résultats ont été probants et, après la deuxième rencontre, il ne restait qu'un détail à régler : «Un coq vivant sur un compte de dépenses aurait sûrement fait jaser. À la suggestion de mon supérieur, j'ai plutôt inscrit voyage à Québec», conclut-il en riant.

Du coq à l'âme

Au début des années 1980, pour diverses raisons politiques, les étudiants marocains sont arrivés en masse à l'Université. Pour bien comprendre leur réalité, Georges Allard a choisi d'en faire un petit peu plus. Les valises remplies de gallons de sirop d'érable, il s'est donc envolé pour le Maroc, accompagné de quelques étudiants, dont Mehdi Benzine, le premier président de l'Association des étudiantes et étudiants marocains de l'Université. «Nous avons parcouru 5 600 kilomètres en 21 jours pour visiter les universités; cette tournée m'a permis de constater plusieurs différences, dans l'approche pédagogique notamment.» hébergé dans les familles, il a eu droit à un bain de culture marocaine et à 18 variétés de couscous! «J'étais très impressionné par la diversité des plats que l'on nous servait. J'ai su par la suite que Mehdi tenait l'inventaire des couscous que nous avions mangés et passait sa commande en douce lorsque nous arrivions dans une nouvelle famille.»

Georges Allard a toujours su rassembler ses idées et ses troupes. En 1986, au cours d'une soirée donnée pour les directeurs des services, l'un d'eux a échappé sa carte du Centre sportif en fouillant dans son portefeuille. «Ce serait tellement plus simple si on n'avait qu'une carte pour tous les services», a-t-il lancé à la ronde. Georges Allard n'allait pas laisser passer si belle occasion de faire avancer un projet qu'il caressait déjà : «Demain matin, si vous êtes en forme, réunion pour parler d'une carte unique.» Le lendemain de la veille, dix directeurs comptaient présents. Peu après, la fameuse carte était instaurée, tout comme les activités de la rentrée.

Marcher et mâcher de la gomme

L'ancien directeur des Services aux étudiants a le sens de l'humour bien aiguisé et la logique implacable. Quant à son pouvoir de persuasion, il a eu raison de plusieurs négociations. En 1985, certains étudiants souhaitaient que la participation à la vie étudiante soit reconnue par des crédits, comme c'est le cas dans d'autres institutions. La direction a refusé, mais les Services aux étudiants ont retenu l'idée et créé des diplômes attestant de l'engagement. Les étudiants n'ont pas accepté l'idée d'emblée. Le directeur a pourtant su trouver les mots pour les convaincre : «Un tel diplôme vaut beaucoup plus que des crédits, puisqu'il prouve aux futurs employeurs que vous êtes capables de marcher et de mâcher de la gomme en même temps! Au besoin, ce diplôme vous permet aussi de justifier des notes un peu plus basses.» C'est très rusé, Monsieur le Directeur. «Non, c'est la vérité», répond-il amusé.

Après avoir pris sa retraite en 1996, le directeur des Services aux étudiants est revenu à l'Université comme ombudsman, et ce, de 2000 à 2003. Aujourd'hui, tout en œuvrant pour la Société de Parkinson de l'Estrie, il cumule les loisirs, les plaisirs et les champs d'intérêt, toujours habité par ce goût d'aider, toujours animé de ce petit peu plus.

georges.allard@sympatico.ca 

 


 


Mehdi Benzine
Géographie 1985, Environnement 1986
Président, Akwa international

L'ami Georges

«Ma première rencontre avec l'ami Georges remonte à 22 ans déjà. Sa capacité d'écoute, sa disponibilité et sa compréhension des conditions des étudiants en général m'avaient marqué et ont constitué le point de départ de notre relation, qui est devenue familiale. À preuve : mes enfants, Sarah et Majd, l'appellent oncle Georges! Notre voyage dans le sud d'Agadir au Maroc en 1982 est certes mon plus ancien et mon meilleur souvenir, mais plusieurs beaux moments sont venus s'ajouter depuis, dont le temps des fêtes que ma famille et moi avons passé chez lui.»

 

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