Sommets Vol. XVII No 2 - Printemps-été 2004
|
par Sylvie Couture Élu en 2001 à l'âge de 36 ans, Bruno-Marie Béchard devenait le huitième recteur de l'Université de Sherbrooke et le plus jeune recteur en Amérique. Profitant du 50e anniversaire de l'Université de Sherbrooke, nous lui avons demandé de nous parler un peu d'histoire. «Avec plaisir, mais je veux aussi vous parler d'avenir!» a-t-il rétorqué.
|
|||||||||||||||||||
Bruno-Marie Béchard Recteur, Université de Sherbrooke |
Bruno-Marie Béchard s'en défend bien, ce n'est pas son petit côté délinquant qui l'amène à parler d'avenir alors que tout le monde parle du passé dans ce numéro. «Pour moi, chaque anniversaire est une occasion privilégiée de tirer des leçons du passé pour mieux orienter l'avenir. Avec tout ce que nous ont appris les 50 premières années de l'Université, imaginez les 50 prochaines!» Délinquant! «Peut-être un peu, concède-t-il. Mais n'est-ce pas là aussi une caractéristique qui, au fil des ans, s'est révélée comme l'une des principales forces de l'Université de Sherbrooke? Aujourd'hui, nous appelons ça de l'audace...» Une université de premier plan C'est d'ailleurs cette audace qui, selon Bruno-Marie Béchard, permet à l'Université de Sherbrooke de devenir une figure de proue dans le monde universitaire. Elle continuera d'étonner, d'innover, d'emprunter de nouveaux sentiers. «Plus encore, elle continuera de déranger, d'inspirer, d'attirer», prédit le recteur. Dans ses rêves les plus fous, il voit même le nom de Sherbrooke devant Harvard, Yale ou Oxford. «En 2054, l'Université de Sherbrooke sera citée parmi les meilleures universités de la planète!» Il est toujours permis de rêver, peut-on penser. Mais Bruno-Marie Béchard en a surpris plusieurs par ses déclarations depuis qu'il est recteur. «Rappelez-vous le scepticisme au début de mon mandat, quand j'affirmais que l'Université de Sherbrooke était une université de classe mondiale qui souffrait d'un déficit de réputation! Le Plan d'action stratégique 2001-2005 a canalisé nos efforts pour que l'Université de Sherbrooke mérite enfin une réputation à la hauteur de ses réalisations. Les années que nous vivons présentement sont déterminantes pour son avenir. Et croyez-moi, tout est en place pour que cet avenir soit des plus prometteurs. Je prédis d'ailleurs que vous n'avez encore rien vu!» Selon lui, pour devenir encore meilleure, l'Université de Sherbrooke devra d'abord résister à la tentation de devenir toujours plus grosse. «L'Université connaît présentement une poussée phénoménale de son pouvoir d'attraction qui se manifeste notamment par une explosion de demandes d'admission. Au cours des prochaines décennies, elle devra se concentrer davantage sur la qualité et être encore plus sélective en recherchant toujours les candidats les plus prometteurs dans tous les domaines. Elle trouvera sa taille idéale avec environ 40 000 étudiants qui pourront ainsi bénéficier des meilleures conditions d'apprentissage.» Le recteur précise que tout en restant de taille moyenne, l'Université devra étendre son activité et accroître son accessibilité en développant un plus grand nombre de campus, et ce, non seulement dans des villes du Québec, mais également hors du Québec et même à l'extérieur du Canada. «Nous avons déjà des demandes très sérieuses pour nous installer un peu partout dans le monde. Nous devrons faire des choix, parfois inusités, mais toujours judicieux. Comme maintenant, chaque campus aura sa propre personnalité, mais il véhiculera les mêmes valeurs profondes qui ont fait le succès de l'Université de Sherbrooke, comme la concertation, le sens pratique et bien sûr l'audace. Seule une nouvelle génération d'universités sera en mesure de réussir un tel tour de force.» Une nouvelle génération Bruno-Marie Béchard considère que l'Université de Sherbrooke incarne cette nouvelle génération d'universités qui protège jalousement son indépendance tout en restant branchée sur la collectivité et en s'arrimant aux besoins des sociétés futures. Il croit néanmoins que l'Université de Sherbrooke connaîtra une profonde mutation dans ses structures qui dégagera un tout nouveau modèle d'organisation. «Plutôt que d'avoir des départements disciplinaires verticaux, l'Université de Sherbrooke de demain sera davantage organisée sur un modèle horizontal. Ce nouveau modèle s'inscrira dans le courant de la multi-disciplinarité dans l'enseignement et la recherche. Des disciplines différentes, mais un même objectif! Nous travaillerons davantage en complémentarité, à plusieurs niveaux, grâce à des réseaux entre les profs, les institutions et même les pôles universitaires dans le monde.» Pour démontrer le bien-fondé de cette complémentarité, il cite en exemple les domaines de l'environnement, de l'éthique et de l'enseignement, des domaines qui mettent déjà à profit plusieurs disciplines en fonction des mêmes objectifs. Puis, un peu rêveur, il se tourne vers la fenêtre de son bureau qui donne sur l'agora et lance avec enthousiasme : «Je souhaite également que son campus principal soit encore plus beau, encore plus vert. Au cours des 50 prochaines années, l'Université de Sherbrooke saura évoluer dans sa forme tout en gardant son âme.»
|
UTILISEZ LES FLÈCHES DE NAVIGATION OU FERMEZ
CETTE FENÊTRE POUR |