Sommets Vol. XVII No 2 - Printemps-été 2004

 

VOX POP

À l'occasion du 50e anniversaire de l'Université de Sherbrooke, nous avons exceptionnellement demandé à quelques membres de la communauté universitaire de partager avec nous leurs plus beaux souvenirs.

 

 

Francine Goyette

Secrétaire (1962 à 2002)
Rectorat

Les souvenirs sont nombreux quand on passe 40 ans de notre vie à travailler pour l'Université. Pour moi, ce fut des années remplies d'émotions, parfois même d'émotions contradictoires, passant de la joie à la tristesse.

Au début de ma carrière, dans les années 1960, je travaillais à la trésorerie, collaborant à l'inscription des étudiants et à la remise des diplômes. C'était donc avec plaisir que j'accueillais les étudiants à l'Université, mais c'était aussi avec tristesse que je les voyais partir après la collation des grades.

En 1978, je suis devenue secrétaire du recteur, poste que j'ai occupé jusqu'en 2003. Là aussi, j'étais heureuse d'accueillir le nouveau recteur, puis triste de le voir partir après avoir passé avec lui de nombreuses années remplies de projets constructifs et de moments intenses.

J'avais 17 ans quand j'ai commencé à travailler à l'Université. J'ai eu la chance d'y côtoyer des gens exceptionnels et chaleureux. Nouvellement retraitée, j'avoue que c'est avec tristesse que je les ai quittés, mais c'est avec un plaisir renouvelé que je retrouve chacun d'eux.

 

 

Jacques Lavallée

Administration 1975
Professeur, Faculté d'administration

J'aime la construction; et avec ça, j'aime le développement et l'expansion. Aussi la relocalisation de la Faculté d'administration constitue-t-elle l'un de mes plus beaux souvenirs, car elle permet encore aujourd'hui à la Faculté de se développer à la mesure de ses capacités. La construction d'une deuxième aile – et pourquoi pas d'une queue? –  lui permettra bientôt de s'envoler!

Il y a place ici pour les initiatives et l'entrepreneuriat. C'est ce qui rend l'Université de Sherbrooke si dynamique et même avant-gardiste. Parmi mes plus beaux souvenirs, je me souviens de l'avoir dit au sous-ministre responsable d'un nouveau programme de soutien au développement de la main-d'œuvre dans le secteur des nouvelles technologies de l'information et de la communication. Je l'ai appelé par un beau vendredi après-midi pour lui dire que l'Université de Sherbrooke comptait déjà plusieurs programmes d'enseignement qui répondaient à ses critères et qu'il devrait les reconnaître avant de subventionner nos concurrents pour qu'ils en développent de nouveaux. En cinq ans, ce programme a versé aux étudiants en GIS près de 250 bourses de 1000 $, 2000 $ et 3000 $, pour un total de 632 000 $.

Le Prix institutionnel de reconnaissance de la qualité de l'enseignement, que j'ai reçu en 2000, est un autre beau souvenir. Attribué tant par les étudiants que par les collègues, ce prix reconnaît  l'ensemble des activités d'enseignement pendant toutes les années passées à l'Université. On pourrait même dire que c'est pour l'ensemble de mon œuvre à l'Université de Sherbrooke, mais je n'ai pas encore fini…

Jacques Lavallée a toujours aimé la construction. Déjà, à l'époque où il était étudiant et président de l'AFEUS, il avait organisé un Pisse-In entre le pavillon central et l'agora, afin que les étudiants puissent manifester leur hâte de voir enfin s'amorcer la construction du Centre sportif et de sa piscine.

 

 

 

 

Jean-Guy Bergeron

Professeur, Faculté de droit

Il est bien difficile de choisir parmi mes souvenirs issus de 35 années de carrière. Je retiens donc les événements marquants de toute une décennie, celle des années 1980.

Conscient que la bibliothèque est le laboratoire des étudiants en droit, je consacrais alors une demi-journée par semaine à la bibliothèque pour chacun de mes cours afin de rencontrer mes étudiants et de les seconder dans leurs lectures et recherches. Nos discussions allaient bien au-delà de la compréhension pour la simple passation d'un examen et bien au-delà de la matière elle-même. Je me souviens d'un groupe d'étudiantes particulièrement assidues à ces rencontres, désignées par leur entourage et elles-mêmes comme «mes femmes». Leur persévérance et leur application m'ont grandement marqué.

À cette même époque, par mes fonctions de directeur du Centre de Sherbrooke de l'École du barreau du Québec, j'ai expérimenté les techniques de négociation à l'intérieur de mon cours en droit des assurances et j'ai implanté le séminaire sur les techniques de plaidoirie qui, depuis, revient chaque année. L'introduction du développement des habiletés au programme de la formation professionnelle ne fut pas sans liens avec ces initiatives.

Enfin, l'année 1989 m'a amené le plus beau et le plus gracieux des souvenirs, soit celui de la reconnaissance des étudiantes et étudiants de la Faculté qui m'ont fait la joie et la surprise de m'attribuer le titre de professeur le plus apprécié de la Faculté. Cette année est restée pour moi une année de référence pour la suite de ma carrière.

 

 

 

Denise Lalancette

Psychologie 1976
Professeure (1975 à 1999)
Département des sciences infirmières

Deux événements m'ont procuré une très grande satisfaction au cours de ma carrière à l'Université, au Département des sciences infirmières.

Le premier, et pour moi le plus émouvant, survint à un souper de fin d'études quand une nouvelle diplômée m'a dit :? «Tu sais, Denise, j'ai appris beaucoup de choses pendant mes études de baccalauréat, mais ce n'est pas cela qui est le plus important, c'est ce que je suis devenue.» Cette confidence avait d'autant plus de sens que nous travaillions au développement de ces jeunes personnes, tant sur le plan personnel que sur le plan professionnel.

Le deuxième événement est l'obtention de l'agrément que nous a accordé l'Association canadienne des écoles universitaires de nursing pour notre programme de baccalauréat. Nous avions su mener notre rêve à bon port, c'était là la reconnaissance officielle.

 

 

François Michaud

Génie 1993, 1994, 1996
Professeur, Faculté de génie

Le projet AZIMUT est le fruit d'une conjoncture d'éléments qui a permis de contribuer à la formation d'étudiants, à la recherche et au développement d'un nouveau créneau.

Au printemps 2001, un groupe de huit étudiants m'ont rencontré pour savoir si j'avais des idées de projet de conception pour leur programme en génie mécanique. Je leur ai alors lancé le défi de concevoir une plate-forme robotique qui viendrait corriger plusieurs lacunes des plates-formes robotiques actuelles : capacité de monter et de descendre des marches, conception modulaire, capteurs orientables, accès facile aux pièces à l'intérieur du robot, etc. Des étudiants en génie électrique, en génie informatique et en design industriel ont enrichi cette équipe, pour en faire un projet complet de conception robotique. Le travail de ces étudiants a mené au dépôt d'un brevet et a fait l'objet de trois articles de conférence ainsi que d'un article de journal. AZIMUT fut une expérience de vie très enrichissante sur les plans de l'ingénierie et du travail d'équipe.

 

 

Céline Garant

Doyenne, Faculté d'éducation

Pouvez-vous croire que j'ai connu, par leur prénom et leur nom, les 112 étudiantes et étudiants de la cohorte 1995-1999? Se surnommant eux-mêmes la cohorte cobaye, ces étudiants ont fait partie des premiers à entrer dans le nouveau programme de quatre ans de baccalauréat en enseignement au préscolaire et au primaire. Avec une équipe dynamique de professeurs et de chargés de cours, nous avons, entre autres, introduit de nouvelles activités dans ce bac renouvelé, des ateliers d'intégration. 

Chaque année, je «graduais» avec ce groupe en coanimant une activité différente avec ma complice, Jacqueline Joly, enseignante d'expérience de la Commission scolaire de la Région-de-Sherbrooke, chargée de cours chevronnée au DEPP.  Nous avons ainsi vécu le premier colloque La relève en action au cours duquel chaque étudiante et étudiant devait présenter un atelier ou une conférence. Je me rappelle la soirée amérindienne et le fort Papillon! Ce colloque, organisé, animé et évalué par les étudiantes et étudiants, a nécessité un engagement soutenu de la part de tous. On a notamment mis sur pied un comité du protocole, un comité de programme et un comité d'exposition. En février 1997, plus de 200 personnes ont assisté avec fébrilité et enthousiasme au colloque. Sept ans plus tard, ce sont les étudiantes et étudiants de 4e année qui exposent leurs mémoires de fin d'études, sous forme d'affiches, à l'occasion d'un colloque d'une journée au Centre culturel. Ah! ce mémoire de fin d'études! Il faut se rappeler la peur et l'appréhension pour cette première cohorte de mener à terme ce projet! Il faut se remémorer aussi les mots d'encouragement et les mots personnels qui fusaient dans le site Internet créé à cette fin sur WEBCT. Que d'heures à rassurer, à motiver, à échanger sur les affres de ce mémoire!

Aujourd'hui en 2004, qu'êtes-vous devenues, Karine, Cathy, Lucie, Stéphanie, Karina et toutes les autres? Vous arrive-t-il de regarder le CD de l'ensemble des mémoires que nous avions gravé à votre intention? Ces ateliers d'intégration, malgré le côté cobaye qui nous était parfois reproché, ont contribué à placer les étudiantes et étudiants au cœur de leurs apprentissages, valeur que je continue de prôner aujourd'hui.

 

 

Fernand Ouellet

Professeur, Faculté de théologie, d'éthique et de philosophie

Mes voyages en Inde figurent parmi les plus beaux souvenirs de ma carrière. J'ai guidé à travers villes et villages indiens une dizaine de groupe d'étudiants qui se sont nourris de rencontres plus riches les unes que les autres. Certains se souviendront de l'accueil remarquable d'adeptes du mouvement Swadhyaya Parivar à l'aéroport, suivi de la visite de leurs villages. D'autres, de la rencontre d'un groupe de femmes de ce mouvement en gravissant le mon Abu, une montagne sainte au cœur des villages.

Naturellement, malgré beaucoup d'organisation, nous ne sommes pas à l'abri des imprévus. Par une journée de décembre des années 1990, des étudiants se sont approchés du Taj Mahal, à huit pieds, sans le voir! Le brouillard dense typique de l'Inde empêchait toute visibilité! Certains étudiants qui avaient enlevé leurs chaussures à l'entrée d'un temple, en guise de respect, se sont déjà fait jouer un mauvais tour : plus de souliers à la sortie! Notre formule de voyage d'études vise à faire découvrir l'Inde réelle. Au-delà de sa saleté, de sa foule et de pauvreté d'une partie importante de sa population, l'Inde représente un laboratoire très riche de diversité culturelle et religieuse.

 

 

Lucie Brazeau-Lamontagne

Arts 1969, Médecine 1973, Philosophie 1994
Professeure, Faculté de médecine
 

Au début des années 1970, au terme d'une sorte de forum universitaire, il fut souligné qu'il manquait cruellement, au Campus est, un lieu de rencontre «convivial» pour les enseignants. Les étudiants souhaitaient vivement que les profs se parlent plus et mieux, aidant ainsi la circulation de la culture entre les sciences cliniques, sociales et fondamentales, ces fameuses trois divisions qui tenaient lieu et place des vice-décanats encore à venir. On disait qu'il fallait construire la dynamique sociale. C'est ainsi que la porte du fameux salon des professeurs a été déverrouillée. La fréquentation de ce lieu mythique pour la Faculté de médecine a débuté à la fin de l'hiver 1973, à la suite d'une demande officielle que j'ai été chargée d'adresser au doyen d'alors, Gilles Pigeon.

Plus de 30 ans après, quelques-uns rêvent encore d'améliorer les lieux de rencontre des professeurs (et des diplômés, et des retraités) pour animer la communauté facultaire. Idée fixe que je garde de ce temps? Le hasard veut que je sois encore près des personnes qui entretiennent des projets à ce sujet. Je souhaite qu'à l'occasion des fêtes du 50e de l'Université de Sherbrooke, le vent souffle encore favorablement pour animer «la dynamique sociale» de la communauté à la Faculté de médecine. Longue vie à l'enthousiasme au Campus de la santé! Que sa contagion se répande durant et après les études, chez les personnes qui enseignent, qui apprennent, qui décident, qui se souviennent, qui inspirent!

 

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