![]() Sommets Vol. XVII No 3 - Automne 2004 |
L'environnement, un investissement rentable par Sylvie Couture «La rentabilité, c'est le nerf de la guerre!» Manon Laporte n'y va pas par quatre chemins; en environnement comme ailleurs, la rentabilité constitue la motivation première d'une entreprise. Pour améliorer les performances environnementales des entreprises, il faut donc leur offrir des solutions rentables.
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![]() Manon Laporte Présidente-directrice générale d'Enviro-Accès Biochimie 1982 Administration des affaires 1987
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Moi, ce que j'aime, c'est l'action!» À voir toute l'énergie qui émane de ce petit bout de femme, on n'a pas de difficulté à la croire. Présidente-directrice générale d'Enviro-Accès, Manon Laporte a trouvé un secteur d'activité qui lui permet d'assouvir son besoin d'action et de relever des défis sans cesse renouvelés. Sa seule détermination constitue en soi un investissement rentable pour l'environnement. «L'environnement est un domaine vaste, extrêmement diversifié. Chaque projet, chaque entreprise, chaque innovation présente de nouveaux défis. C'est toujours intéressant, si bien que je ne vois pas le temps qui passe.» Le temps qui passe depuis 11 ans, Manon Laporte le consacre à diriger les destinées d'Enviro-Accès, l'un des trois centres canadiens pour l'avancement des technologies environnementales qui ont vu le jour en 1993, grâce au soutien financier d'Environnement Canada. Les deux autres sont situés à Toronto et à Calgary. Le centre de Sherbrooke, Enviro-Accès, est né de la volonté du secteur privé et du milieu universitaire de se doter d'un organisme de soutien au développement et à la commercialisation de technologies environnementales. «Nous avons présenté une proposition gagnante», s'empresse de dire celle qui pilotait alors le dossier à titre de commissaire industrielle responsable de la prospection et du développement technologique à la Société de développement industriel de la région sherbrookoise. Après avoir planifié le projet, elle s'est vu offrir la possibilité de le réaliser. «Je m'intéressais surtout à l'innovation, mais le démarrage d'Enviro-Accès constituait un beau défi, confie-t-elle. Je croyais rester un an ou deux, mais les projets sont tellement variés et les défis si grands que mon travail se renouvelle constamment et reste toujours aussi stimulant.» Embûches et ténacité Manon Laporte avoue que, lorsqu'elle s'engage, elle fait tout pour atteindre son objectif. L'environnement constitue pour elle un terrain de prédilection. «En environnement, il y a beaucoup à faire et il y a beaucoup d'embûches. Pour travailler dans ce domaine, il faut être tenace, ne pas baisser les bras au moindre problème, être convaincant, être prêt à mettre tous les efforts pour surmonter les obstacles.» Native de Sherbrooke, Manon Laporte est très attachée à sa ville. Elle a fait ses études en biochimie à l'Université de Sherbrooke et a toujours voulu faire carrière à Sherbrooke tout en faisant partie de quelque chose de plus large. «J'aime avoir de grands horizons!» Chimiste responsable de la recherche et du développement pour une entreprise qui comptait plus de 350 employés, elle a vite constaté que de plus en plus de tâches de gestion lui étaient confiées. Et elle aimait ça. Elle a donc entrepris une maîtrise en administration des affaires au cours de laquelle elle s'est particulièrement intéressée au marketing international. À la fin de son programme, avec deux de ses condisciples, elle a fondé une entreprise de consultation en marketing international et en transfert de technologies. «Créer une entreprise de consultation en marketing international quand tu n'es que très peu sorti de ta ville natale, il fallait être naïf!» Appelons ça de l'audace, car après de nombreuses études de marché internationales et la mise au point de stratégies d'exportation et de transferts de technologies pour des PME, Manon Laporte a acquis une solide expérience du secteur privé. En tant que commissaire industrielle, elle a ensuite exploré le secteur public en coordonnant des interventions reliées à différents projets d'acquisition de technologies étrangères, de démarrage d'entreprises issues de la recherche universitaire, de financement et de recherche de partenaires pour des entreprises innovatrices. «J'ai touché à tous les types d'interventions, dans les secteurs public et privé, là où les règles sont très différentes. Enviro-Accès constitue un entre-deux; la connaissance des secteurs privé et public me permet d'arrimer les objectifs de chacun.» Innovation et gestion environnementales
Vingt-sept projets de prévention de la pollution sont issus de ces entreprises. Les projets terminés au cours de l'année ont permis de diminuer les frais d'exploitation grâce à une consommation réduite de gaz naturel, d'électricité, d'eau potable et de tonnes de bois. Ils ont également permis des diminutions de rejets de 187,2 tonnes de matières résiduelles dangereuses, 1,3 tonne de composés organiques volatils et 565,6 tonnes de gaz à effet de serre. Depuis sa création, Enviro-Accès a donc élargi ses horizons. Tout en maintenant sa vocation première de soutenir les entreprises qui développent de nouvelles technologies environnementales, l'organisme s'est aussi tourné vers l'amélioration des performances environnementales. «Les mesures pour diminuer l'impact environnemental sont d'abord perçues comme une dépense, soutient Manon Laporte. Notre travail est de démontrer aux entreprises qu'une bonne gestion des ressources peut être rentable. Et ce qu'il y a de plus beau, c'est que nous ne nous limitons pas à dire ce qu'elles devraient faire, nous le faisons avec elles.» Ce qui signifie qu'Enviro-Accès aide les entreprises à définir leur projet, propose des consultants externes pour mener à bien le projet et effectue un suivi tout au long de sa réalisation. Ces activités sont réalisées dans le cadre du programme Enviroclub mis sur pied par Développement économique Canada pour les régions du Québec, Environnement Canada et le Conseil national de recherche du Canada. Pour la présidente-directrice générale d'Enviro-Accès, il est primordial de trouver des solutions rentables. «Au-delà de l'intérêt environnemental, il faut que chaque projet provoque un retour sur l'investissement, soutient-elle. Et, de préférence, que l'entreprise puisse voir rapidement qu'il y a un effet direct sur sa rentabilité.» Et l'avenir?
Enviro-Accès participe à plusieurs événements liés à l'industrie de l'environnement en Europe et dans les Amériques afin de conclure des alliances stratégiques. Il organise également des rencontres ciblées entre des entreprises d'ici et des partenaires potentiels de l'étranger. En ce qui a trait à la réduction des gaz à effet de serre, Manon Laporte considère que ce créneau présentera beaucoup d'occasions d'affaires au cours des prochaines années, surtout si le protocole de Kyoto est maintenu et que les gouvernements mettent de la pression sur les entreprises. «L'avenir en environnement est étroitement lié à des volontés et à des décisions politiques. Et tout peut changer en peu de temps, rappelle-t-elle. L'engagement du gouvernement canadien à respecter le protocole de Kyoto et les nouvelles sources de financement mises en place pour diminuer les impacts sur les changements climatiques favorisent les projets qui contribuent à réduire les gaz à effet de serre. Je vois ça comme de belles opportunités. Beaucoup de projets environnementaux, comme le développement de nouvelles sources d'énergie renouvelable, s'accrochent à cette perspective. Les entreprises qui auront déjà développé de nouvelles technologies auront une longueur d'avance.» En matière de réglementation, Manon Laporte croit par ailleurs que les gouvernements doivent maintenir la pression sur les pollueurs tout en poursuivant les démarches de sensibilisation à la performance environnementale. «Des incitatifs de rentabilité et une bonne réglementation sont nécessaires, pour autant que cette réglementation laisse de la place à l'innovation, c'est-à-dire qu'elle donne des objectifs à atteindre sans préciser comment les atteindre», insiste-t-elle. Dans un même souffle, elle ajoute : «Le défi sera de définir comment gérer tout ça!» |
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VOX POP Que faites-vous pour protéger votre environnement? Sur le plan personnel, j'aime beaucoup réutiliser les vieilles choses, comme les vieux meubles, afin de leur redonner une nouvelle vie. M. Laporte |
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