Fonds d’investissement étudiant de l’UdeS
S’investir et récolter bien plus que des dollars
Portes ouvertes 2012 à l’UdeS, un professeur de finance discute avec cinq cégépiens fascinés par la gestion de portefeuilles. Dix ans plus tard, plus d’une centaine de gestionnaires en herbe ont transformé leurs heures libres de baccalauréat en une expérience réelle de gestion de portefeuilles, en un solide réseau qui leur servira toute leur vie, et en un fonds responsable de près d’un million de dollars au bénéfice de l’Université de Sherbrooke.
L’histoire a réellement commencé à la rentrée de 2012, alors que nos cinq nouveaux étudiants ont rappelé aux professeurs de finance Jean Desrochers et Mario Lavallée leur discussion des Portes ouvertes. Le projet de Fonds d’investissement étudiant de l’Université de Sherbrooke (FIEUS) était né. Le 1er mai 2014, on commençait à y investir de l’argent pour le compte de La Fondation et à initier des étudiantes et des étudiants aux rouages de la gestion de portefeuilles.
« Quand nous avons créé le FIEUS, nous ne voulions pas que ce soit l’affaire d’un groupe élitiste de huit personnes dont les parents investissaient déjà à la Bourse. Nous voulions que le plus de gens possible puissent vivre cette expérience. Et c’est ce qui est arrivé! », rappelle fièrement le professeur Mario Lavallée, qui encore aujourd’hui agit comme mentor pour la soixantaine d’étudiantes et d’étudiants qui gèrent le FIEUS.
À l’aube de 2022, ce sont deux portefeuilles d’actions canadiennes qui occupent les membres du FIEUS : celui de La Fondation depuis 2014, et celui du bureau des Gouverneurs de l’École de gestion depuis 2018. Et les affaires vont si bien qu’on entreprend un virage sur plusieurs fronts, qui ne fera que des heureux et des heureuses.
Des actions et des obligations
À tous les débuts de session, chacune des quatre équipes formées d’un capitaine, de deux analystes séniors et de quatre analystes juniors travaillent sur 8 titres, dont 4 déjà dans les portefeuilles et 4 nouveaux. S’amorce alors un travail de fond sur chacun de ces titres : recherches, analyses, projections, examen de la concurrence. En fin de session, chaque titre fait l’objet d’une présentation qui permettra de décider s’il doit être acheté, conservé ou vendu.
Comme dans une vraie entreprise de gestion de portefeuilles, l’information est la clé du succès. C’est pourquoi une équipe du FIEUS s’efforce toutes les semaines de donner un portrait précis des portefeuilles à l’aide de toutes sortes de mesures de rendement, de risques, d’évolution, etc. Puis une équipe d’audit formée d’étudiantes et d’étudiants en comptabilité vérifie toutes les transactions, pour s’assurer que les portefeuilles respectent la politique d’investissement du FIEUS.
Justine Tourville est finissante au baccalauréat en finance et agit comme capitaine d’équipe au sein du FIEUS. Si l’expérience au FIEUS lui a d’abord permis de savoir si la gestion de portefeuilles était dans ses cordes, c’est l’aspect relationnel qui constitue pour elle un énorme avantage : « C’est une approche de style mentorat où les personnes de 2e et 3e année vont nous "coacher". Avec elles, c’est plus facile d’avoir une proximité que dans un milieu de travail où les professionnels sont peut-être moins accessibles. Aussi on a un contact privilégié avec les profs, qui nous donnent de la rétroaction, nous mettent au défi. Et les activités de réseautage nous créent des contacts, qui nous ouvrent des portes sur le marché du travail. »
Ça vaut de l’or. Pour toutes les personnes qui sont passionnées par la finance, c’est un incontournable de faire partie du FIEUS.
Justine Tourville, étudiante au baccalauréat en finance
Les activités de réseautage font d’ailleurs partie intégrante des activités du Fonds. Tellement qu’une équipe de gestion de projets y est dédiée. Conférences, 5 à 7, rencontres avec des personnes clés de la gestion de portefeuilles au Québec, activités festives, on comprend aisément que ce groupe est tissé serré depuis ses débuts, et grandit à mesure que les anciennes et anciens montent les échelons dans les organisations. Le FIEUS, on y reste attaché après y être passé.
Les membres du FIEUS n’épargnent aucun effort pour s’acquitter de leur mission. Normalement, leur participation se poursuit pendant toute la durée de leurs études. L’expérience est si enrichissante qu’elle gagne en popularité, année après année. Il y a donc un processus de sélection pour s’assurer notamment que les personnes qui adhèrent au FIEUS ont les capacités pour mener de front cette activité plutôt prenante en plus de leurs études.
Lorsque la contribution de certains membres n’est pas à la hauteur, on les invite à laisser leur place à d’autres. C’est l’équipe de ressources humaines qui fait le recrutement et l’évaluation des capitaines et des analystes et qui doit parfois jouer ce rôle, comme dans la vraie vie.
Anouk Vachon étudie au baccalauréat en management et gestion de ressources humaines. C’est elle qui est présentement responsable des ressources humaines du FIEUS.
Pour Anouk, c’est une expérience hors du commun : « Les étudiantes et les étudiants sont amenés à appliquer concrètement ce qu’ils voient dans le cadre de leurs cours, même en gestion de ressources humaines. Par exemple, on voit des techniques de recrutement, dans une vraie entrevue, avec des candidats qui possèdent ou non les compétences. On doit aussi gérer le climat dans le FIEUS, voir à ce que tout le monde soit bien. »
On fait même de la rétroaction avec des évaluations 360, où tout le monde est amené à évaluer tout le monde.
Anouk Vachon, étudiante en management et gestion des ressources humaines.
Une pépinière de gestionnaires dans la famille UdeS
C’est d’ailleurs le sérieux de la démarche et l'importance du réseautage qui expliquent l’intérêt de La Fondation pour les activités de ce groupe. « Ça nous permet de générer de l’appartenance, de la fierté, nous met en contact avec un paquet d’entreprises et de futurs responsables de grands portefeuilles d’entreprises, avec lesquels on veut entretenir un lien de proximité. Je pourrais même avancer qu’un jour, notre futur président ou notre futur comité de placement sera constitué de quelques membres qui ont débuté au FIEUS », s’enthousiasme le directeur général de La Fondation, Pascal Grégoire.
Le FIEUS ouvre des portes en effet. « En entrevue de stage, j’ai pu expliquer des analyses que j’avais faites réellement. J’ai une expérience dans le domaine. Je suis capable d’en parler. Les employeurs savent qu’on est capable de livrer la marchandise puisque le FIEUS, c’est beaucoup de travail! La gestion de portefeuilles, c’est un monde qui est assez compétitif. Présentement, j’ai plusieurs opportunités d’emploi parce que c’est reconnu par les employeurs », se réjouit Justine Tourville.
Pour celui qui a à cœur l’intérêt des aspirations philanthropiques de ses partenaires, la relation avec le FIEUS est gagnante à tous les points de vue. « La Fondation supporte le développement de l’enseignement et de la recherche à l’Université, explique Pascal Grégoire. Le FIEUS nous permet d’offrir en plus une expérience pratique, en permettant à des étudiantes et des étudiants de faire de la vraie gestion de placement. »
Au FIEUS, c’est la vraie vie. Ils gèrent près d’un million de dollars et nous conseillent. D’ailleurs, je pense qu’on n’a jamais refusé leurs recommandations!
Pascal Grégoire, directeur de La Fondation de l’Université de Sherbrooke
La vraie vie, on peut affirmer que les membres du FIEUS l’ont expérimentée avec la crise financière liée à la Covid-19 en 2020. Multiples réunions, quelques sueurs, grands questionnements... au final, le FIEUS a pris de judicieuses décisions et a pu profiter comme tout le monde de la remontée qui a suivi.
Des portefeuilles responsables en adéquation avec les valeurs de l’Université
Le FIEUS exclut les énergies fossiles depuis 2017 et intègre les facteurs ESG (environnementaux, sociaux et de saine gouvernance) depuis ses débuts pour sélectionner ses investissements. Alors que La Fondation prend un virage vert pour l’ensemble de ses fonds, le FIEUS s’inscrit d’emblée dans cette approche. « Ce qu’on demande aux gestionnaires externes, on le demande aussi au FIEUS. Ils doivent s’inscrire dans cette mouvance. On leur donne les mêmes contraintes », soutient Pascal Grégoire.
Ce virage vert, il se fera encore mieux avec l’arrivée de membres issus d’autres disciplines que la finance. « On souhaite investir dans des entreprises qui s’impliquent dans la transition énergétique et des entreprises qui sont bien positionnées pour s’adapter aux changements climatiques, par exemple une entreprise qui utiliserait l’énergie de façon particulièrement innovante pour réduire son empreinte carbone », annonce le professeur Mario Lavallée.
On veut recruter des étudiantes et des étudiants en génie, en environnement, en sciences par exemple, pour aller chercher des compétences différentes. Par nos formations, on a tous des angles morts. Mais si on a une approche multidisciplinaire, on se donne une chance.
Professeur Mario Lavallée
Place aux femmes!
S’il y a un secteur où les femmes ne se sentaient pas appelées jusqu’à récemment, c’est bien en finance. Au FIEUS, on veut changer cette perception et promouvoir leur présence au sein du groupe, mais plus largement dans le domaine de la finance. « C’est un domaine très masculin, se désole le professeur Lavallée. C’est en train de changer, mais il faut stimuler ce changement. »
Le FIEUS y consacre beaucoup d’énergie et de stratégies. Par exemple, on a reçu des femmes de la Caisse de dépôt et placements du Québec, dont Kim Thomassin, première vice-présidente et cheffe des placements au Québec et de l'investissement durable. Les étudiantes ont pu tisser des liens lors de leurs échanges avec ces femmes d’expérience.
Enfin, les professeurs de l’École de gestion souhaitent que l’activité soit désormais créditée, du moins pour les étudiants en gestion, vu l’importance qu’elle a dans la formation des personnes qui ont la chance d’y passer.