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Sondès Allal

Se retrousser les manches devant les besoins de sa communauté

Sondès Allal est coordonnatrice de projets dans la communauté au Centre Lemaire de l'École de gestion.
Sondès Allal est coordonnatrice de projets dans la communauté au Centre Lemaire de l'École de gestion.
Photo : Michel Caron - UdeS

Sondès Allal, coordonnatrice du programme PIC à l’École de gestion, se dit choyée par la vie. Cette fille de diplomate qui changeait de pays tous les trois ans estime avoir été entourée dans son enfance d’un amour aussi ardent que les chauds rayons du soleil de son pays d’origine, la Tunisie. Arrivée à Sherbrooke à l’âge de 32 ans avec ses deux enfants et son mari qui devait y faire des études, elle sera rapidement taraudée par cette question : comment peut-il y avoir autant de misère dans un pays d’abondance comme le Canada?

Plutôt que de chercher indéfiniment la réponse, elle s’est rapidement retroussé les manches et a été l’instigatrice de multiples projets à caractère social visant à améliorer la vie de ses nouveaux concitoyens et concitoyennes.

Si, à son arrivée à Sherbrooke en 2004, elle pensait y séjourner de façon temporaire, Sondès a rapidement décidé de s’y installer définitivement et d’y faire sa place. « Ma décision de demeurer au Canada et d’y bâtir quelque chose fut un processus très personnel, explique-t-elle. J’ai tout d’abord admiré la discipline, la sécurité, le confort, l’abondance ainsi que l’égalité homme-femme dont on jouit dans ce pays. Puis, quand j’ai vu dans le regard des gens que je n’étais plus seulement “une Tunisienne”, que mon origine était devenue secondaire et que je faisais réellement partie d’un tout, d’une communauté dans laquelle je pouvais apporter quelque chose, j’ai décidé de demander la citoyenneté canadienne. »

Pauvreté et solitude dans un pays d’abondance

Sondès ne regarde cependant pas autour d’elle avec des lunettes roses. « Lorsque, dans mes emplois liés au développement socioéconomique, j’ai pu constater à quel point une partie de la population souffrait de la pauvreté et de la solitude, j’ai été profondément choquée. Cette réalité au sein d’un pays vivant dans l’abondance n’était tout simplement pas compréhensible pour moi. »

Sondès Allal est à l'origine du réseau des frigos Free Go développé à la CDEC de Sherbrooke.  Photo : Michel Caron - UdeS

Sondès Allal est à l'origine du réseau des frigos Free Go développé à la CDEC de Sherbrooke. 
Photo : Michel Caron - UdeS

Celle qui se définit comme une « fille de terrain » a rapidement eu différentes idées pour soulager la misère des Sherbrookoises et Sherbrookois. Le réseau des frigos Free Go développé à la Corporation de développement économique communautaire de Sherbrooke, qui a mobilisé plus de 100 partenaires et permet de redonner en libre-service des dizaines de tonnes d’aliments sur le point d’être jetés aux ordures, c’est son idée.

Plus récemment, en pleine pandémie, c’est aussi elle qui a lancé le projet des boîtes à poésie, ces boîtes placées dans des quartiers populaires, grâce auxquelles les gens peuvent s’exprimer par écrit et ainsi mettre des mots sur leurs maux. « Ce projet a mobilisé une trentaine d’auteurs, de psychologues, de musiciens, d’éducateurs, qui lisent ces mots et y répondent, indique Sondès. Ce projet ne nourrit pas le corps, mais l’âme; il fait du bien. C’est incroyable les retours que je reçois lorsque je vais recueillir les écrits dans les boîtes, et la variété de ce que j’y trouve. J’ai tout gardé depuis un an, et je me dis que c’est si précieux qu’il va falloir faire quelque chose avec ça, peut-être une exposition ou un livre… »

L’empathie des gens de Sherbrooke : « Hallucinant! »

Sondès affirme haut et fort qu’elle n’aurait jamais réussi tout cela sans l’aide et le soutien de ses concitoyens et concitoyennes. « C’est fascinant de constater à quel point, à Sherbrooke, il suffit d’identifier des besoins et de poser les bases d’un projet pour que les gens embarquent, explique-t-elle. Les Sherbrookois sont empathiques, solidaires. C’est hallucinant! Je suis choyée d’être aussi bien entourée. »

Les Labos PIC de l’École de gestion : un lien entre étudiants et organismes sherbrookois

Si Sondès mène la plupart de ses projets à caractère social dans ses temps libres, imaginez ce qu’elle peut accomplir dans le cadre de son emploi de coordonnatrice du Programme d’intervention dans la communauté (PIC) du Centre Lemaire de l’École de gestion. Ce programme vise à contribuer au développement local et durable de son territoire en mettant en lien les personnes étudiantes du cours Moi, gestionnaire socialement responsable et des organismes sherbrookois ayant différents besoins en matière de gestion.

Son nouveau bébé, en collaboration avec les professeures responsables, Isabelle Létourneau et Marie-Luc Arpin, et les partenaires du PIC : les labos PIC, lancés le 6 octobre dernier. « Alors que les étudiants répondaient jusqu’alors à des besoins à court ou moyen terme, les labos PIC sont plutôt destinés à soutenir les organismes qui ont des besoins à long terme, explique Sondès. Ainsi, un organisme qui veut développer un projet à fort impact social, mais qui manque de ressources ou d’expertises sur le plan administratif, peut faire appel à nos équipes étudiantes, qui pourront l’aider pendant une période de deux ans. D’après mon expérience, c’est quelque chose d’inédit. »

La phase pilote du projet s’étalera sur deux ans, question de mettre en place un processus efficace et apprécié des personnes étudiantes et des organismes partenaires. « Nous avons déjà plusieurs partenaires : la Ville de Sherbrooke, la MRC des Sources, le Festival des traditions du monde, etc.

Par exemple, la MRC de Saint-Camille veut innover en matière de démocratie participative et désire faire appel à nos équipes étudiantes. » Un autre exemple : les équipes étudiantes du programme pourront effectuer des interventions pour développer la capacité d’agir et de faire des femmes en difficulté ou en période de transition au sein de l’organisme à but non lucratif Habitations L'Équerre, qui offre un toit à cette population vulnérable.

Si Sondès affirme être très occupée et ne pas avoir d’autres projets en tête pour le moment, gageons que la population estudiantine ou sherbrookoise n’attendra pas trop longtemps avant de bénéficier d’une autre de ses idées de génie. Oui, Sondès, avec l’appui des merveilleux citoyens et citoyennes de notre ville! 


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