L'expérience terrain d'Éloïse Brassard
Au Nunavut… pour percer les secrets de Mars!
Lorsqu’elle était petite, Éloïse ramassait les roches qu’elle trouvait belles. Si aujourd’hui elle les récolte toujours, c’est pour une tout autre raison. L’étudiante à la maîtrise s’est récemment rendue au Nunavut pour prélever des échantillons de sol dans le cadre du projet de recherche T-MARS.
Même si la voie d’Éloïse semble dessinée depuis bien longtemps, la jeune femme mettra du temps avant de trouver ce qui pourrait bien être la profession dont elle a toujours rêvé. Elle a d'ailleurs fait son chemin vers la géomatique de fil en aiguille, tout au long de sa formation. « J’étais au cégep en sciences pures et on avait un cours de géologie obligatoire, c’était mon cours préféré. » Tellement qu’elle a décidé de commencer un baccalauréat en géologie, avant d’être réorientée par un cours de géomatique.
Toujours passionnée par la géologie, l’étudiante voit une occasion en or s’offrir à elle, lorsqu’elle est embauchée comme stagiaire sur le projet T-MARS. Elle y travaille deux sessions avant de terminer son baccalauréat et de s’inscrire à la maîtrise, où elle décide de poursuivre le projet. Puis, en compagnie de l’équipe dont elle fait partie, elle s’envole enfin au Nunavut, après presque deux ans à préparer l’expédition.
L’Arctique, analogue à Mars?
Ce n’est pas un hasard si l’on retrouve le nom de Mars dans le titre du projet. Mais en quoi l’Arctique canadien est-il lié à la planète Mars, deux territoires qui sont si loin l’un de l’autre?
En fait, l’équipe de T-MARS (Terrestrial Mineral Analysis by Remote Sensing), dirigée par la professeure Myriam Lemelin, s’est rendue au Nunavut, parce qu’il s’agit d’un milieu analogue à Mars. Comment? Ces deux milieux arides présentent une histoire géologique et des minéraux plutôt similaires. L’absence de végétation s’observe également sur ces deux territoires dont le sol est gelé en permanence.
La jeune chercheuse explique que ces similitudes permettent de répondre adéquatement à l’objectif principal de la mission, qui vise à étudier des chapeaux de fer terrestres analogues à des formations géologiques potentiellement présentes sur Mars.
L’intérêt d’analyser les chapeaux de fer, c’est qu’on y retrouve des minéraux qui sont des biosignatures. « Dans leur structure cristalline, les minéraux peuvent conserver d’anciennes traces de vie sous forme de composés organiques, d’acides aminés, c’est ce qu’on appelle la biosignature. Donc, les chapeaux de fer sont vraiment une cible d’intérêt pour la recherche d’anciennes traces de vie. »
Le travail de l’équipe consiste à utiliser les outils de la géomatique et de la télédétection afin de caractériser les milieux qui sont les plus propices à la recherche d’anciennes traces de vie, ici sur Terre, pour ensuite appliquer ces savoirs à la planète Mars.
L’Arctique, c’est un terrain idéal, il n’y a pas de végétation, pas d’arbres. Ça permet aux satellites de capter des images du sol.
À la merci de la météo
Sous les aléas de la météo, l’expédition s’est transformée en véritable casse-tête : la pluie et le brouillard ont changé plusieurs fois les plans de l’équipe de recherche.
On a dû attendre une semaine à Resolute Bay avant de rejoindre l'île Axel Heiberg, où notre site d'étude est situé, parce qu’il y avait trop de brouillard.
Autre problème majeur, la piste d’atterrissage où devaient se poser Éloïse et son équipe était complètement inondée. À un certain moment, le groupe a même pensé ne pas pouvoir se rendre au site d’échantillonnage prévu.
Devant l’incertitude, les membres de l’expédition ont passé une journée complète à étudier les solutions de rechange, à voir les possibilités de se rendre à un autre site d’échantillonnage. Personne ne voulait revenir les mains vides, surtout après ces deux ans passés à planifier cette mission.
Finalement, c’est grâce à une fenêtre de beau temps que les chercheuses et chercheurs se sont rendus sur l’île Axel Heiberg.
Une nouvelle expédition déjà prévue
Une deuxième campagne terrain est déjà en préparation pour l’été prochain. Et la jeune chercheuse ne cache pas son enthousiasme quant à son retour au Nunavut.
On a beaucoup appris de cette première campagne. Puis, pour l’année prochaine, on a décidé de garder le même site d’étude, c’est tellement un milieu riche. J’ai vraiment hâte d’y retourner!
L’expédition au Nunavut est venue confirmer à la géomaticienne que la science pouvait rimer avec l’aventure, à son plus grand bonheur.
Avec le projet T-MARS, Éloïse a vraiment trouvé son x. Elle peut étudier tous les domaines qui la passionnent en même temps : T-MARS combine géologie, géomatique, sciences planétaires, milieux nordiques et aventure. Pour la jeune chercheuse, tout y est.