Portrait du professeur Aboubacar Cissé
L’histoire du médecin qui enseigne la bienveillance
« Ce que tu donnes aux autres, tu le donnes à toi-même ». Pour le grand humaniste qu’est le professeur Aboubacar Cissé, ce proverbe africain ne saurait mieux résumer la philosophie derrière les enseignements qu’il prodigue depuis plusieurs années à ses étudiantes et étudiants de la Faculté de médecine et des sciences de la santé.
Originaire de la Côte d’Ivoire, le médecin accompagne celles et ceux qui deviendront médecins, infirmières, infirmiers, ergothérapeutes et physiothérapeutes, afin qu’ils développent des habiletés et des compétences liées à l’empathie et à la bienveillance. Abordant des thèmes tels la responsabilité sociale, les populations vulnérables, la justice et l’éthique professionnelle, les enseignements du professeur Cissé visent à former de meilleurs professionnels et professionnelles de la santé, qui sauront agir avec altruisme et engagement dans le cadre de leur pratique.
Le médecin précise que lorsqu'on fait preuve de bienveillance envers autrui, c'est d'abord pour soi qu'on le fait, puisque cette disposition favorable nous reviendra éventuellement.
Je dis toujours que tout ce que tu fais de bien t’apportera du bien en retour. Il y a un effet boomerang qui se décuple.
La bienveillance, un exemple de famille
Transmettre des connaissances liées à l’humanisme et agir comme un mentor inspirant auprès des étudiantes et étudiants passionne véritablement Aboubacar Cissé.
Ces enseignements viennent me chercher, parce que ça met de l’avant des valeurs qui sont chères à ma personne.
Enfant, le jeune Aboubacar voit son père accueillir dans son restaurant de nombreuses personnes en situation de vulnérabilité, à qui il donne à manger. Ces dernières fuient la Guinée, pays en proie à une période d’instabilité à la suite de la proclamation de son indépendance. Ses frères et lui ne comprennent alors pas pourquoi leur père se montre aussi généreux et bienveillant envers des gens qu’il ne connaît pas. Ce n’est que lorsqu’il quitte le giron familial pour amorcer ses études en médecine à Conakry qu’Aboubacar comprendra l’importance de toujours chercher à poser des actes bienveillants envers autrui.
En tout temps durant mon parcours, je n’ai jamais connu de difficultés, j’ai pu compter sur des personnes qui ont fait preuve de solidarité et de bienfaisance à mon égard. J’ai compris que ça venait de là, des valeurs de ma famille.
Le professeur Cissé raconte que lorsqu’il est arrivé à Sherbrooke au tournant des années 2000, pour y effectuer un stage postdoctoral en médecine, il a tout de suite été accueilli comme un membre de la famille au sein du Service d’orthopédie du Département de chirurgie. Il se rappelle avoir eu la chance de compter sur un mentor d'exception, le professeur Gaétan Langlois, qui l'a accueilli comme son propre fils.
Je suis arrivé un peu avant Noël, passant de 33 degrés à – 30 degrés! Je n’étais pas du tout préparé au froid. On m’a offert un manteau, des gants chauds. Je ne me suis jamais senti seul.
Passionné et apprécié
Voilà maintenant près de 25 ans que le professeur Cissé s’est entiché de Sherbrooke et a choisi d’y demeurer… pour le plus grand bonheur de ses collègues et de ses étudiantes et étudiants.
La cohorte 2024 du programme de médecine l’a d’ailleurs choisi pour prononcer la conférence annuelle Brigitte-Perreault, portant sur l’humanisme, dans le cadre de la cérémonie de consécration au professionnalisme et à l'externat de novembre dernier.
Lorsqu’on lui demande pourquoi ses étudiantes et étudiants l’apprécient autant, le professeur mentionne que c’est peut-être en raison de son authenticité et du feu sacré de l’enseignement qui l’anime jour après jour.
C’est important de donner de bons exemples, d’être inspirant dans ce que l’on fait, ça donne un sens à notre vie, et c’est ce qui me motive. Tout ce que l’on fait, il faut le faire avec amour et passion.
En plus de se consacrer à l’enseignement et à la recherche, le professeur Cissé occupe également les fonctions de président du Comité d’éthique de la recherche du CIUSSS de l’Estrie – CHUS, en plus de siéger à son Comité d’éthique clinique et organisationnelle (CÉCO). Il est aussi membre du Centre interdisciplinaire de développement international en santé (CIDIS), qui contribue à l’amélioration de la santé des populations, particulièrement celle des plus vulnérables.
En guise de reconnaissance envers la Guinée, pays qui l’a formé en médecine, il espère d’ailleurs relancer prochainement le projet de transfert de connaissances qu’il y avait amorcé avec la Faculté de médecine et des sciences de la santé et d’autres partenaires, avant la période pandémique.