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Nouvelle œuvre publique au pavillon A5

L’art d’aligner le temps, l’espace et l’esprit

Comment émergent les connaissances en sciences humaines ou en arts? Sur quoi reposent les sciences sociales et les lettres? Ces questions sous-tendent L’alignement, l’œuvre de Yann Pocreau qui voisine le nouveau pavillon A5 de la FLSH. La sculpture en trois temps évoluera avec le bâtiment.

Chacune des trois parties de l’œuvre représente plusieurs facettes du prisme complexe que forment les disciplines, les valeurs et la vision de la Faculté des lettres et sciences humaines et la manière dont ce prisme est enraciné dans l’espace.

Poser la base : des références au bâtiment et aux disciplines

Le lieu lui-même a guidé la réflexion de Yann Pocreau. En optant pour trois colonnes d’une hauteur différente, il rappelle la verticalité de l’édifice, les lignes de ses fenêtres. Mais en plus de regarder vers le ciel, l’artiste s’est attardé aux racines, en conférant à ses sculptures des « échos gréco-romains ». Ainsi, la colonne la plus rapprochée du A5 repose sur une base qui évoque les colonnes antiques.

Ces formes tracent un lien à la fois direct et métaphorique aux départements et écoles de la faculté. Je pense aux sources de la philosophie, à celle des arts, des lettres et communications, des sciences sociales et humaines, ou à la mise en place de la politique comme aujourd’hui encore nous la souhaitons.

Yann Pocreau

Il s’agit, pour lui, d’honorer les disciplines « qui dessinent le monde » à travers une sculpture qui dévoile ce qui les habite. Comme les disciplines de la FLSH, donc, les trois colonnes de Yann Pocreau sont en métamorphose.

L'artiste Yann Pocreau a créé l'œuvre d'art publique L'alignement, installée à proximité du pavillon A5.
L'artiste Yann Pocreau a créé l'œuvre d'art publique L'alignement, installée à proximité du pavillon A5.
Photo : Fournie

Révéler son cœur : des valeurs profondément ancrées

L’artiste a intégré, dans chaque colonne, des percées qui, à hauteur humaine, laissent apparaître des détails supplémentaires. « Dissimulée sous une première couche de bronze, une seconde sculpture est contenue dans la matière », décrit-il. Mais pour remarquer cette profondeur, il faut prendre le temps de s’y arrêter.

En cela, L’alignement reflète les valeurs de la FLSH : l’ouverture, l’engagement et la créativité. Car, bien entendu, Yann Pocreau n’a pas retenu ces détails au hasard.

La colonne du centre révèle une carte gravée du campus principal de l’Université de Sherbrooke, une idée venue à l’artiste alors qu’il explorait les définitions de la géomatique.

Cette gravure illustre, entre autres, les liens à établir entre les sciences de la FLSH et celles de toute l’UdeS. D’une certaine façon, elle incarne la « réelle multidisciplinarité » qui règne dans l’institution, ce que Jocelyne Faucher, secrétaire générale et responsable de la Stratégie des arts et de la culture, apprécie.

L’UdeS vise à intégrer les arts et la culture à même les parcours de formation, et ce n’est pas un hasard. Une curiosité, voire une sensibilité artistique, facilite souvent une flexibilité et un changement de perspective fort précieux dans nos activités de recherche et d’enseignement.

Jocelyne Faucher

Changer de perspective, Yann Pocreau a dû le faire, face à une œuvre qu’il savait destinée à vivre longtemps, dans le milieu d’études ou de travail de la communauté facultaire et universitaire.

Photo : Michel Caron – UdeS

Refléter sa vision : le changement comme constante

Ainsi, le caractère particulier de l’art public l’a orienté dans sa démarche.

L’art public regroupe les œuvres d'art intégrées à l'architecture d'un bâtiment ou à un espace publics. Ainsi, pour faciliter l’accès aux arts et à la culture, tout projet de construction, d’agrandissement ou de réaménagement qui reçoit une subvention gouvernementale doit consacrer 1 % du coût total à une œuvre.

Comparé à une exposition, par exemple, l’art public reste pour « l’éternité » et « traverse le temps ». C’est dans le futur que s’est projeté l’artiste, avec en tête l’idée que son propre fils, un jour, étudierait peut-être à Sherbrooke : « Ces œuvres-là nous dépassent complètement. »

Comme artiste, il faut absolument le réfléchir, ça : on s’impose dans la vie des gens. J’essaie de le faire avec respect, délicatesse, beaucoup d’humanisme et de cœur.

Yann Pocreau

Cette sensibilité à la réalité de l’autre se manifeste dans le détail de la troisième colonne, où transparaît la « grille dessinée par l’un des murs vitrés » du bâtiment, miroir de ce milieu de vie. D’ailleurs, à l’image du pavillon et des esprits qu’il abrite, l’œuvre de Yann Pocreau est destinée à évoluer.

D’abord, chaque colonne est disposée devant un arbre, dont la croissance, les ombres et les teintes varieront selon les années et les saisons. Déjà recouvert d’une patine vert-de-gris, grâce à la collaboration fructueuse de l’artiste avec L’Atelier du bronze d’Inverness, le bronze des sculptures se transformera tout de même en fonction de son oxydation naturelle.

Photo : Michel Caron – UdeS

Cette vie de l’œuvre résonne particulièrement pour Anick Lessard, doyenne de la faculté.

Au cœur de notre faculté, de notre vision, il y a le mouvement. En offrant des espaces d’inclusion, de liberté et de réalisation, nous imaginons des voies et des actions innovantes pour lever les barrières. Chaque personne qui entre dans notre faculté ouvre une porte qui la transformera, elle, comme le monde autour d’elle.

Anick Lessard

Les membres de la communauté universitaire pourront s’imprégner l’esprit de L’alignement, de Yann Pocreau, à travers le temps – et dans leur espace.

À propos de Yann Pocreau
Né à Québec, Yann Pocreau étudie en arts à Montréal et à Paris. Artiste multidisciplinaire, il s’intéresse à la lumière à travers des médiums comme la photographie, la sculpture et l’installation. En 2018, une expérience comme artiste en résidence à l’Observatoire du mont Mégantic le marque profondément. Dès lors, la lumière existe pour lui à une autre échelle, encore plus physique, voire astronomique. Elle relie depuis, dans sa réflexion artistique, le monde que nous habitons à nos façons de le percevoir et de le comprendre.

Les arts et la culture à l’UdeS
Toute première université au pays à se doter, en 2014, d’une politique des arts et de la culture, l'UdeS renouvelle, en janvier 2023, son engagement en la matière. Elle adopte alors la Stratégie des arts et de la culture 2022-2027, qui compte 4 orientations et 11 objectifs.